Pendant trois semaines, Hubert Desjoyeaux, directeur du chantier CDK et l’équipe technique de PRB seront donc seuls sur le pont. Mais Vincent part en toute quiétude. Il sait qu’il a réuni autour de lui une équipe particulièrement compétente, qui s’étoffe au fur et à mesure de la construction. Derniers arrivés : Eric Carret –auparavant boat captain du trimaran Géant- et Fanchic Laurent – déjà de l’aventure PRB lors du dernier Vendée Globe-. Ils auront particulièrement en charge la mise en place de l’équipement de pont et des systèmes de ballast. Grégoire Metz, Laurent Oudin, Kevin Escoffier et Hubert Desjoyeaux, coordinateur de la construction, sont quant à eux présents depuis le lancement de la naissance de PRB. Durant la transat AG2R, ils poursuivront le travail de drapage sur la coque et affineront la mise en place de l’équipement de pont. Vincent sait qu’il trouvera à son retour un bateau transformé, plus abouti et quasiment prêt à être assemblé – l’assemblage coque-pont est prévu pour le mois de juin-. A 24 heures du départ, il fait le point sur l’avancement de la construction de PRB et les évolutions à venir.
Interview de Vincent Riou : Où en est la construction de PRB avant ton départ ? : « La coque est en cours de drapage, l’application de la première peau devant être terminée cette semaine. Toute l’équipe travaille maintenant sur l’équipement du pont qui attend, « rangé », dans le chantier. Nous pouvons dire que nous sommes dans une période de transition : nous achevons les phases « étude » pour rentrer pleinement dans les phases de « réalisation ».
Comment le retrouveras-tu à ton retour ? : « La coque devrait être finie et les cloisons commencer à être montées. Cette Transat tombe finalement à un moment bien choisi car j’ai eu le temps de voir avec mon équipe ce que je voulais faire. Le mois qui vient va surtout être consacré à la construction et à la pose du composite ».
Comment appréhendes-tu cette course ? : « Je pars en mer l’esprit tranquille. C’est un vrai plaisir de retrouver le circuit et un plateau d’une telle qualité. Cela devrait être l’événement voile de ce début de saison. Nous avons avec Jérémie tous les atouts qu’il faut pour bien faire et cela ne me dérange pas que nous soyons considérés comme l’un des équipages favoris. Cela ne nous met pas une pression particulière car des favoris il y en a beaucoup !»
Dans la froideur finistérienne, la voix chantante de Kito apporte un peu de chaleur. Avec lui, ça sent bon la Méditerranée. Ça respire la bonne humeur. Et le bonheur de vivre pour sa passion. Arrivé sur le tard dans le circuit Figaro, Christophe de Pavant -Kito pour les intimes- a vite fait des étincelles. Lui, qui à ses 16 ans avait "envie de pousser les murs, d’être autonome"- se plaît dans dans la "peau du vilain petit canard sudiste". Dans ce rôle d’empêcheur de "gagner breton" : "Tout en ayant un immense respect pour ce qui se fait ici en Bretagne, notamment à Port-la-Forêt", précise-t-il.
L’Atlantique à 18 ans
Car Kito n’est pas homme à jalouser le succès des autres. Père de cinq enfants, il a eu une vie avant de faire du bateau : pendant 20 ans, avec son épouse, il a tenu "l’Espiguinguette", restaurant sur une plage privée du Grau du Roi. Jusqu’au jour où il a décidé de vivre de sa passion : la voile. "Depuis tout petit, j’ai eu envie de naviguer. A 16 ans, j’ai acheté une épave en bois et à 18 ans, j’ai traversé l’Atlantique avec un Italien (déjà !) sur mon bateau qui s’appelait "Rackham Le Rouge". Suivront de multiples périples, ici en mer de Chine, là dans l’Indien.
"Pietro m’a impressionné"
Jusqu’à son arrivé sur la pointe des pieds dans la classe Figaro en 2000. Deux ans plus tard, il remporte le jackpot sur la grande classique de l’été. L’an passé, il se classe 3e de la Solitaire Afflelou – Le Figaro et de la Transat Jacques Vabre en double avec Jean Le Cam. Soutenu par le Groupe Bel, Kito a parié cette année sur l’Italien Pietro D’Ali (43 ans). On se souvient qu’en 2005, cet Italien avait bluffé tout le monde sur la Solitaire. C’était oublier que d’Ali avait sur son CV nautique deux campagnes dans la Coupe de l’America, une victoire dans la Louis Vuitton Cup 2000, une participation à la Volvo Ocean Race. Ajoutons un titre vice-champion du monde de 470 et une victoire au championnat d’Europe en Star. "Si j’ai choisi Pietro, c’est simplement parce qu’il est bon techniquement : je préfère l’avoir avec moi que contre moi. Il est très fort pour faire avancer vite un bateau. Ce type-là m’a impressionné".
Barrière de la langue
C’est dire si ce d’Ali est talentueux. En revanche, Pietro qui skippe les bateaux de riches propriétaires italiens, est un personnage… insaisissable : "En janvier, j’avais programme un mois d’entraînement avec Pietro. Mais fin janvier, je n’avais aucune nouvelle. Je pars à Monaco pour la Primo Cup et j’apprends que Pietro est à Marseille (rires). Ça, c’est tout Pietro". Entre Concarneau et Saint-Barth’, les deux Méditerranéens ne vont pas d’avantage avoir l’occasion de se connaître, tout simplement à cause de la barrière de la langue : "Pietro comprend le français mais ne le parle pas. Moi, je comprends l’Italien sous la torture mais je ne le parle pas. Ceci dit, ce n’est pas très grave puisque même sur un bateau, Pietro ne sait pas parler d’autre chose que de… bateau. Ce qui est sûr, c’est que nous n’aurons pas de grande discussion philosophique". Qu’importe car, Kito et Pietro ne sont pas là pour ça…
Philippe Eliès
(1) : l’expression est du Marseillais Jean-Paul Mouren, vieux briscard du circuit Figaro.
Vainqueur de la Solitaire Afflelou Le Figaro 2005 pour l’un, du Vendée Globe pour l’autre, Jérémie Beyou et Vincent Riou (Delta Dore) ont confirmé leur statut de grands favoris en remportant hier le prologue de la 8e Transat AG2R en baie de Concarneau. Ces deux-là peuvent s’attendre à une surveillance rapprochée de la part de leurs principaux concurrents, à commencer par les vainqueurs en titre de la dernière édition, Armel Le Cleac’h et Nicolas Troussel (Brit Air). Pour faire court, les favoris ont déjà tous remporté soit une Solitaire, soit une Transat AG2R, voire les deux comme Armel Le Cleac’h. Sur Groupe Bel, Kito de Pavant (vainqueur de la Solitaire 2002) et l’Italien Pietro d’Ali, qui s’est fait remarquer sur la dernière Solitaire, semblent également engendrer quelques inquiétudes chez leurs adversaires. Que dire de Charles Caudrelier (Solitaire 2004) et son compère Nicolas Bérenger, sur Bostik, de Roland Jourdain (AG2R 94) et Jean-Luc Nélias, sur Veolia, ou encore d’Eric Drouglazet (Solitaire 2001 et Trophée BPE 2005) et Armel Tripon, sur Gedimat ? Drouglazet est d’ailleurs le seul des 56 skippers à avoir participé à toutes les Transat AG2R depuis 1992 ! Un dernier tandem fait partie des favoris même si aucun des deux n’a encore remporté la Solitaire ou l’AG2R. Mais Gildas Morvan et Erwan Tabarly (Cercle Vert) peuvent prétendre y remédier dès cette année.
Derrière ces huit favoris, on dénombre pas moins de six outsiders capables d’arriver en tête aux Antilles. Les duos Corentin Douguet/Thierry Chabagny (E.Leclerc/Bouygues Telecom), Jeanne Grégoire/Gérald Véniard (Banque Populaire), Jean-Pierre Dick/Bruno Jourdren (Virbac-Paprec), Yannick Bestaven/Ronan Guérin (Aquarelle.com), Bertrand de Broc/Benoît Petit (Les Mousquetaires) et Fred Duthil/Sam Manuard (Brossard) ne sont pas venus faire de la figuration. Reste qu’un des 14 autres équipages peut très bien créer une énorme surprise. Réaliser un coup tactique génial. Prendre l’option qui paye. Et déjouer tous les pronostics. En attendant le dénouement à Saint-Barth, une chose est sûre : le départ s’annonce passionnant à suivre grâce à des conditions météo optimales. Ciel de traîne et vent de secteur nord, histoire d’envoyer le spi à la bouée de dégagement et, qui sait, peut-être le garder jusqu’à l’arrivée…
La météo Vent de secteur nord entre 10 et 20 nœuds pour le départ dimanche. Le vent doit se renforcer en soirée en s’éloignant des côtes, et tourner au secteur nord-est. Lundi, le vent doit continuer sa rotation vers l’est-nord-est avec des rafales possibles à 40 nœuds. Mardi, une fois le cap Finisterre passé, le vent va mollir progressivement en continuant sa rotation vers l’est et le sud-est.
Elle le dit elle-même : "Je suis impulsive, parfois usante pour mon entourage, mais j’ai tellement envie d’apprendre et vite". Malgré son jeune âge, Servane Escoffier dévore la vie. Depuis qu’elle a choisi d’épouser la carrière de skipper, elle ne s’arrête pas une minute. Son monocoque de 50 pieds ramené illico presto de Bahia, là voilà sur le pont d’un Figaro 2 : "Je veux enrichir mon expérience, manger des milles, apprendre encore et toujours".
Lebas, le retour Pour cette Transat AG2R, elle a misé sur un "revenant" en la personne de Christophe Lebas, qui, outre ses sept participations à la Solitaire du Figaro (dont une victoire d’étape en 2000 à Gexto-Bilbao), totalise également sept participations au Tour de France à la voile. En 2001, aux côtés de Bernard Stamm, Lebas avait également fait voler en éclats le record de la traversée de l’Atlantique en monocoque et en équipage. Bref, Lebas, c’est un client.
"Christophe avait effectué deux transats sur mon 50 pieds : moi, je cherchais quelqu’un pour le ramener en France". Et voilà comment la Malouine s’est retrouvée pendant 27 jours en mer avec un marin qu’elle connaissait à peine : "Ça s’est super bien passé entre nous. En mer, nous avons parlé de la Transat AG2R. Puis, peu de temps avant d’arriver à Brest, je lui ai dit que je ferais bien la Transat en double avec lui".
"Il me rend zen" Et Lebas a dit banco malgré le manque d’expérience de sa coéquipière en Figaro. "Attention, Servane n’est pas une débutante : elle apprend vite, est très ouverte, toujours demandeuse d’informations. Je ne suis pas inquiet, on ne sera pas à la rue".
Réputé comme étant un franc-tireur capable de partir à droite quand toute la flotte tire à gauche, Lebas entend bien saisir toutes les opportunités qui se présenteront tout au long des 3700 milles du parcours : "Avec l’âge, je me suis assagi. Je suis devenu plus raisonnable, mais il est clair que s’il y a des coups à jouer…. Ceci dit, je n’irai pas jouer pour jouer et risquer de me prendre une raclée".
Absent du circuit depuis quatre ans, Lebas revient avec une énorme envie de bien faire. Ce qui rassure encore plus miss Escoffier : "Il me rend zen et sereine. Lorsqu’il fait des choix, ce sont toujours des choix argumentés".
"On va tout donner" Entre la Jacques Vabre, le convoyage retour et l’AG2R, Servane Escoffier va s’enquiller sa 3e transat en cinq mois : "C’est ma façon de préparer la prochaine Route du Rhum, dit-elle. Sur cette AG2R, on va tout donner, naviguer proprement et faire en sorte que ce soit constructif pour nos futurs projets respectifs".
Effectivement, Si Servane prépare le Rhum, Christophe, lui, envisage de signer son retour sur le circuit Figaro l’été prochain : "J’ai mis la navigation entre parenthèses pendant un moment et, aujourd’hui, j’ai très envie de revenir".
« Je suis très content. On va dire que c’était une super manche d’entraînement. Avec Vincent nous sommes allés exactement où nous voulions et tout s’est bien passé. Nous ne voulions pas nous louper, car c’est toujours de la confiance supplémentaire d’être devant ». Le moins qu’on puisse écrire c’est que Jérémie Beyou n’a pas pris le prologue à la légère. « Même s’il n’y a pas de sanction sportive, c’est un moment important qui marque l’entrée dans l’épreuve et ça fait vraiment plaisir de valider en régate que tout fonctionne, qu’il n’y a pas de problème sur le bateau, que la vitesse et la stratégie sont bonnes. En un mot, ça fait du bien ! » Toujours aux avants-postes (si l’on excepte le Groupe Bel de Kito de Pavant et de l’Italien Pietro D’Ali qui a bouclé le parcours en premier mais les Méditerranéens ont été déclassés pour avoir volé le départ), le Delta Dore du tandem de favoris a parfaitement géré son affaire. Il est vrai sur son terrain de prédilection : cette baie de La Forêt où s’entraînent beaucoup de champions de la série Figaro, dont le tandem Beyou-Riou. Le lauréat de la dernière Solitaire et celui du Vendée Globe signent ainsi une victoire « à la maison », acquise dans un léger vent de sud-sud-ouest d’une dizaine de nœuds, par mer plate et sous un grand soleil quasi estival qui a illuminé la flotte à quelques encablures des Glénan où beaucoup aussi ont tiré leurs premiers bords. Un régal pour le public et les photographes quand les vingt-huit spis des Figaro Bénéteau ont fleuri au rythme des descentes au portant d’un parcours de six milles parfaitement visible de la côte. Lequel s’est achevé au terme d’une heure et demie de course par une arrivée somptueuse, sous spi dans le chenal, jusqu’à l’aplomb des remparts légendaires de la ville close.
Une jolie bande-annonce Une bande-annonce de premier choix donc, en attendant le clap de lancement du grand film, dans moins de 48 heures – dimanche à 13h – quand viendra le temps du départ vers Saint-Barthélemy via une porte à respecter dans l’archipel de Madère, devant Porto Santo. « Nous avons fait une jolie balade et si nous sommes pénalisés pour avoir été un peu trop gourmands au départ, ce n’est pas grave, je suis sûr qu’il y aura de belles photos de ce prologue », sourit Kito de Pavant.
On retiendra pour la petite histoire que la plupart des prétendants au podium sont déjà dans le match, avec par exemple le duo Caudrelier-Bérenger, 2e sur Bostik, le tandem Morvan-Tabarly, 4e sur Cercle Vert, ou bien encore la paire Tripon-Drouglazet sur Gedimat, arrivée 5e juste devant les Mousquetaires de Bertrand de Broc et Benoît Petit. Mention spéciale surtout à Jeanne Grégoire, seule femme du trio de tête, et Gérald Véniard qui ont parfaitement navigué pour hisser leur Banque Populaire sur la troisième marche du podium.
Mais au vu des sourires et plaisanteries échangées au retour à quai, chacun savait que l’important n’était pas là et qu’on ne prêterait qu’une attention toute relative au classement. Le but du jeu était avant tout de dégourdir les quilles et d’offrir un bel avant goût du grand spectacle. Les choses « sérieuses » sont pour dimanche, 13h, quand viendra le temps d’affronter un golfe de Gascogne qui pourrait bien être traversé à vitesse grand V, sous spi et bateau à plat. Voila qui promet.
En septembre 2003, le groupe Areva avait fait savoir au Défi français qu’il ne reconduisait pas le partenariat. Néanmoins, le n° 1 du nucléaire n’avait pas complètement fermé la porte pour l’édition 2007 : "On y réfléchit. Nous avons gardé des contacts avec les marins. On donnera une réponse assez rapidement, mais il faut savoir que la donne a un peu changé : en effet, le ticket d’entrée (ndlr : en 2002, Areva avait apporté 15 millions d’euros sur un budget total de 25 millions d’euros) a doublé, voire triplé par rapport à la dernière édition".
Mas : "Une attitude incompréhensible" Entre temps, deux autres syndicats avaient vu le jour : "K-Challenge" de Stéphane Kandler et "Team France" du duo Loïck Peyron-Bertrand Pacé. Avec l’ex défi Areva, cela faisait donc trois projets français engagés dans la course aux sponsors. "Team France" ayant dû renoncer faute de partenaires, restaient alors Kandler et le trio Mas-De Lesquen-Gellusseau. Bien entendu, tous deux avaient frappé à la porte d’Areva. Sans succès… Jusqu’à l’annonce faite mercredi à Paris de soutenir "K-Challenge" : "Là, j’ai vraiment les boules, expliquait, hier, Pierre Mas. C’est une situation totalement ridicule. En terme de stratégie, je ne comprends pas l’attitude d’Areva qui a laissé exploser tout le système pour revenir aujourd’hui comme des sauveurs. Areva arrive à la rescousse avec un budget ridicule de 12 millions d’euros qu’il apporte à un syndicat exangue. Pour moi, ce n’est pas la bonne manière de revenir dans la Coupe de l’America".
Pacé : "Très déçu" Quant à Bertrand Pacé, aujourd’hui tacticien sur le bateau américain "Oracle BMW Racing Team", il ne mâche pas ses mots : "C’est écœurant la façon dont Areva gère son sponsoring. Ils n’ont aucune vision à long terme, ne réalisent que des coups. C’est arrogant par rapport au mileu voile français. Je suis profondément déçu car ces gens-là, que nous avons rencontré avec Loïck Peyron, n’ont pas une vraie envie de monter un projet gagnant : ils se contentent de racheter à bas prix un syndicat mal en point. Ils nous prennent pour des cons. Je n’ai rien contre "K-Challenge", mais le comportement d’Areva discrédite notre travail. A Valence, j’irai dire en face aux gens d’Areva ce que j’en pense. Sur ce point, je suis 100% d’accord avec Pierre Mas".
A quelques encablures du passage de l’Equateur, qui marque le retour des concurrents de la Volvo Ocean Race dans l’hémisphère nord, après cinq mois passé dans l’hémisphère sud, les troupes commencent à se mettre en position pour partir à l’assaut des points intermédiaires distribués à Fernando de Noronha, à peine distant de 150 milles.
Si Movistar tenait la dragée haute à ses adversaires depuis plusieurs jours, fort d’une belle avance, ABN AMRO ONE se rapproche dangereusement du VO espagnol et n’est plus qu’à 15 milles nautiques, avec une vitesse de progression supérieure d’1 noeud à celle de sa proie.
C’est donc de nuit que les concurrents passeront cette marque avant de mettre cap au nord-ouest, vers les Etats-Unis.
Fernando de Noronha est un enjeu est de taille pour l’équipage de Bouwe Bekking, puisqu’un passage en tête lui assurerait de remporter son OPA sur la 3ème place au général au dépend des Pirates de Paul Cayard. Avantage d’un petit demi point certes, mais un atout psychologique indéniable.
A l’arrière, les positions ne changent pas et les écarts avec la tête de la flotte restent relativement stables, sauf pour l’équipage de Sébastien Josse. ABN AMRO TWO accuse désormais un retard de 72 milles sur la tête de la flotte, retard qui se creuse au fil des relevés de positions.
Au départ, les deux skippers du team ABN AMRO avaient souligné le fait que pour eux, le premier à toucher les alizés seraient le premier à passer Fernando de Noronha, sans que les autres aient vraiment leur mot à dire. En partant dans l’ouest en début d’étape pour toucher des vents plus favorables le long de côtes brésiliennes, Bouwe Bekking s’est offert cet avantage. Une option qui avait effleuré Sanderson mais qu’il n’a pas suivie jusqu’au bout.
La présence de Movistar aux avant-postes de cette manche rappelle sans équivoque que le VO 70 espagnol était l’un des « clients » de cette édition, avant que des casses à répétition ne viennent ternir les performances de ce team de haut vol.
A 12 heures du verdict, (milieu de nuit, heure française), si l’ordre de passage à Fernando commence à se dessiner, les jeux restent encore ouverts pour les trois premiers. Leurs poursuivants n’auront que les miettes.
Le calendrier IMOCA ne comporte qu’une seule course en 2006 : la Route du Rhum ? Il y a aussi la Velux 5 Ocean race (Bilbao-Fremantle-Floride-Bilbao) en solitaire qui se télescope, comme d’habitude, avec le Rhum dont le départ est donné à St-Malo une semaine après celui de Bilbao. Faute de combattants nous avons dû annuler la course initialement proposée entre Londres et la Chine. L’idée est bonne mais venait trop tôt !
Et en 2007 ? Le calendrier est plus chargé avec la Calais Round Britain Race (équipage), le Fastnet (équipage), la Transat Jacques Vabre (double) et la Barcelona World Race (Barcelone-Barcelone) en double.
La aussi, il faudra choisir entre le Tour du Monde et la Transat ? Certes. Le tour du monde est un peu un pari qui répond à la volonté de l’IMOCA d’internationaliser la compétition océanique et d’attirer des bateaux et des skippers qui n’étaient pas dans la flotte auparavant. Ca a commencé avec le Vendée Globe. Notre but est de faire venir les meilleurs marins de la planète au 60 pieds IMOCA et on pense que cette épreuve autour du monde en double peut les séduire.
Combien de bateaux vous voyez au départ de ce nouveau tour du monde ? J’espère une dizaine,… Au moins 8. Il y a déjà PRB, Sill et Veolia, Virbac Paprec, pour citer les premiers engagés que j’ai en tête, et aussi des étrangers.
Vous ne pensez pas que c’est trop près du Vendée Globe. Surtout en cas de pépin ? Non, je crois que quoi qu’il arrive, les bateaux pourront être remis en état pour le tour du monde suivant.
Donc pour 2008 et son point d’orgue Les Sables-Les Sables ? Précédé de The Transat au mois de juin (solitaire transatlantique).
Quelle participation prévoyez vous au prochain Vendée Globe ? Je table sur le maximum autorisé, c’est à dire 27 bateaux, je crois… Ce chiffre n’est pas encore officiellement arrêté.
Combien de nouvelles unités ? J’en vois une douzaine, plus les quatre meilleurs bateaux de la génération passée ayant encore un fort potentiel. Ca va faire une jolie course !
Maintenant que l’organisation du Vendée Globe rétrocède aux concurrents les droits d’inscription, on dit que l’IMOCA exige « la gratuité » de la part des autres organisateurs. Est-ce exact ? C’est effectivement un souhait de l’IMOCA mais au-delà de ce point spécifique, on demande – et c’est d’ailleurs accepté par la grande majorité des organisateurs de course – de discuter ensemble de l’avis de course avant son émission.
Ce qui n’a pas été le cas avec la Route du Rhum ! Oui, je le regrette. Mais nous devons reparler de tout cela avec les organisateurs de cette épreuve pas plus tard que demain…
Venons-en au Talbourdet, chef de projet Virbac Paprec. Vous avez choisi de construire votre nouveau bateau en Nouvelle Zélande, comme le premier d’ailleurs. Pourquoi ? Ca coûte moins cher. Vous savez, nous fonctionnons comme une petite entreprise avec ses règles économiques. On a fait un appel d’offres mondial et la Nouvelle Zélande reste le pays le mieux placé avec les compétences qu’on lui connaît.
Il se dit que votre lecture préférée est le taux du dollar kiwi par rapport à l’euro? C’est plutôt une bonne nouvelle : l’euro se renchérit par rapport au dollar.
C’est quoi la différence ? Un bonus de pas loin de 20% comparé au prix d’un bateau identique en France.
Jean-Pierre Dick a choisi de participer au circuit Figaro avant le Rhum en 60 pieds. Pour quelle raison ? Il avait annoncé l’an dernier qu’il courrait sur Figaro pour se perfectionner en solitaire. Comme il ne fait pas les choses à moitié, il a carrément inscrit l’ensemble du programme solitaire à son actif en plus de la gestion de ses deux 60 pieds… Et pour commencer, il prend dimanche le départ de la Transat AG2R (en double, ndlr) avec Bruno Jourdren.
Que fait le 60 pieds existant ? Il sera remis à l’eau dans les dix jours qui viennent, puis il va aller en Méditerranée où nous avons de nombreux partenaires (à commencer par Virbac, ndlr) avec à la clé de nombreuses opérations de RP.
Quand sera lancé le nouveau ? En février 2007. Jean-Pierre le ramènera par la voile en Europe depuis la Nouvelle Zélande, mais cette fois en passant par le Cap Horn, partie en équipage, partie en solitaire. Il courra les épreuves du calendrier 2007.
Et que devient le Virbac Paprec actuel ? Il est déjà vendu et sera disponible après le Rhum en fin d’année.
Et peut-on savoir à qui ? Je suis tenu à la confidentialité. La seule chose que je peux vous dire est qu’il s’agit d’un excellent navigateur océanique.
Après 5 ans à la tête de Team Virbac-Paprec, quel est votre sentiment ? Je me régale ! C’est passionnant d’appliquer des méthodes d’entreprise à un projet sportif (Luc dirigeait une entreprise avant de rejoindre Jean-Pierre Dick, ndlr). De plus, nous sommes les armateurs de notre projet, ce qui nous donne la force de prendre des décisions rapidement. Enfin Team Virbac Paprec a grandi. C’est devenu une écurie : une équipe de huit permanents, une base technique digne de la Coupe de l’America et une organisation d’entreprise.
A tribord, Alexia Barrier, une Française de 26 ans : un charmant petit bout de femme à la tête bien faite (ndlr : elle est titulaire d’une maîtrise de management sportif). Une ancienne compétitrice de match-racing et concurrente de la dernière Transat 6.50. A bâbord, Samantha Davies, une Anglaise de 31 ans : un joli petit minois, des cheveux blonds comme les blés et déjà un CV nautique bien rempli : Mini-Transat en 2001 (11e), navigation sur le maxi-catamaran "Maiden II" (ex-"Club Med"), trois Solitaire du Figaro (19e en 2003 et 2004, 22e en 2005) et surtout deux places de 5es sur deux transats (AG2R en 2004 avec Jeanne Grégoire) et sur le Trophée BPE 2005. Autant dire que ce sujet de sa gracieuse majesté n’est pas une débutante en Figaro.
Pas la "nouvelle Ellen" Ce qui n’est pas le cas d’Alexia, novice sur le monotype Bénéteau : " C’est "Roxy" qui m’a proposé de naviguer avec Sam. Je ne la connaissais que de réputation. J’ai dit ok à condition d’effectuer un test". Comme l’essai fut concluant, les deux filles se sont retrouvées au début de l’hiver à l’école de Port-la-Forêt : "On m’avait dit que le milieu Figaro était très fermé, que les skippers n’échangeaient rien. C’est tout le contraire", explique Alexia, par ailleurs ravie d’avoir embarqué aux côtés de Samantha : "Elle est cool, rigole tout le temps, mais elle est surtout très pédagogue. Avec elle, j’apprends en accéléré". Si tout va bien, l’année prochaine, Samantha laissera la barre du Figaro "Roxy" à Alexia. Samantha, elle, ira jouer dans la cour des grands en 60 pieds. Souvent comparée à Ellen MacArthur, dont elle a fait partie du team pendant trois, miss Davies balaye la comparaison d’un revers : "Non, je ne suis pas la "nouvelle Ellen" : Ellen aime le solitaire et les records, moi, je préfère la compétition, la bagarre sur l’eau avec d’autres bateaux".
Dans les dix premiers à Saint-Barth’ Peut-être, mais comme Dame Ellen en 2000, Samantha va participer au Vendée Globe 2008 à la barre du 60 pieds "Roxy" (ex-"PRB") : "J’ai de la chance d’y aller. Et ma seule peur, c’est de mal faire, de décevoir mes partenaires", explique-t-elle dans un français impeccable. Consciente que ce duo exclusivement féminin manque encore d’automatisme, Samantha et Alexia misent sur l’endurance : "Au sprint, on a des faiblesses. Mais il y a 20 bateaux qui peuvent monter sur le podium, alors, une place dans les dix premiers, ce serait déjà bien". Voir plus si affinités météorologiques.
Une pensée pour Romain Reste que, dimanche, en larguant les amarres, Samantha aura un peu le coeur lourd de laisser sur le quai son compagnon, Romain Attanasio, 3e de la Transat AG2R 2004 avec Nicolas Bérenger : "Je suis triste qu’il ne parte pas (ndlr : il n’a pas trouvé de sponsor), mais je sais aussi qu’il va s’éclater en Londres et Nice où il sera sur le trimaran de Michel Desjoyeaux".
“C’est avec fierté que nous montrons au public et aux média notre nouveau bateau” a déclaré Vincenzo Onorato, le créateur et patron du syndicat. “Ce bateau est le fruit d’une année d’engagement technique de la part de toute l’équipe. Nous croyons beaucoup en ITA 90. Harry Dunning et son groupe de recherche et de développement ont fait un super travail, en collaboration avec les suggestions de l’équipe et grâce à des échanges d’idées très créatives.”
“Alors qu’ITA 90 est prêt à être mis à l’eau, nous renouvelons la promesse faite il y a un an de garder notre enthousiasme et notre esprit italien.” La coque d’ITA 90 a été construite par le chantier Marine Composite d’Andora, Savona, et équipée en Espagne par Longitud Cero Composites (Castellòn). Ximo Lopez et son équipe de constructeurs ont supervisé la construction et l’armement du bateau.
Les images du Class America, baptisé à Valencia dans la nouvelle base de l’équipe, ont été retransmises en direct par satellite à la conférence de presse de Milan où étaient présents Vicenzo Onorato, le skipper Vasco Vascotto et l’architecte Harry Dunning.