Dans la froideur finistérienne, la voix chantante de Kito apporte un peu de chaleur. Avec lui, ça sent bon la Méditerranée. Ça respire la bonne humeur. Et le bonheur de vivre pour sa passion. Arrivé sur le tard dans le circuit Figaro, Christophe de Pavant -Kito pour les intimes- a vite fait des étincelles. Lui, qui à ses 16 ans avait "envie de pousser les murs, d’être autonome"- se plaît dans dans la "peau du vilain petit canard sudiste". Dans ce rôle d’empêcheur de "gagner breton" : "Tout en ayant un immense respect pour ce qui se fait ici en Bretagne, notamment à Port-la-Forêt", précise-t-il.
L’Atlantique à 18 ans
Car Kito n’est pas homme à jalouser le succès des autres. Père de cinq enfants, il a eu une vie avant de faire du bateau : pendant 20 ans, avec son épouse, il a tenu "l’Espiguinguette", restaurant sur une plage privée du Grau du Roi. Jusqu’au jour où il a décidé de vivre de sa passion : la voile.
"Depuis tout petit, j’ai eu envie de naviguer. A 16 ans, j’ai acheté une épave en bois et à 18 ans, j’ai traversé l’Atlantique avec un Italien (déjà !) sur mon bateau qui s’appelait "Rackham Le Rouge". Suivront de multiples périples, ici en mer de Chine, là dans l’Indien.
"Pietro m’a impressionné"
Jusqu’à son arrivé sur la pointe des pieds dans la classe Figaro en 2000. Deux ans plus tard, il remporte le jackpot sur la grande classique de l’été. L’an passé, il se classe 3e de la Solitaire Afflelou – Le Figaro et de la Transat Jacques Vabre en double avec Jean Le Cam. Soutenu par le Groupe Bel, Kito a parié cette année sur l’Italien Pietro D’Ali (43 ans).
On se souvient qu’en 2005, cet Italien avait bluffé tout le monde sur la Solitaire. C’était oublier que d’Ali avait sur son CV nautique deux campagnes dans la Coupe de l’America, une victoire dans la Louis Vuitton Cup 2000, une participation à la Volvo Ocean Race. Ajoutons un titre vice-champion du monde de 470 et une victoire au championnat d’Europe en Star.
"Si j’ai choisi Pietro, c’est simplement parce qu’il est bon techniquement : je préfère l’avoir avec moi que contre moi. Il est très fort pour faire avancer vite un bateau. Ce type-là m’a impressionné".
Barrière de la langue
C’est dire si ce d’Ali est talentueux. En revanche, Pietro qui skippe les bateaux de riches propriétaires italiens, est un personnage… insaisissable : "En janvier, j’avais programme un mois d’entraînement avec Pietro. Mais fin janvier, je n’avais aucune nouvelle. Je pars à Monaco pour la Primo Cup et j’apprends que Pietro est à Marseille (rires). Ça, c’est tout Pietro".
Entre Concarneau et Saint-Barth’, les deux Méditerranéens ne vont pas d’avantage avoir l’occasion de se connaître, tout simplement à cause de la barrière de la langue : "Pietro comprend le français mais ne le parle pas. Moi, je comprends l’Italien sous la torture mais je ne le parle pas. Ceci dit, ce n’est pas très grave puisque même sur un bateau, Pietro ne sait pas parler d’autre chose que de… bateau. Ce qui est sûr, c’est que nous n’aurons pas de grande discussion philosophique".
Qu’importe car, Kito et Pietro ne sont pas là pour ça…
Philippe Eliès
(1) : l’expression est du Marseillais Jean-Paul Mouren, vieux briscard du circuit Figaro.
De Pavant-D´Ali, les Méditerranéens à l´attaque…
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