Sébastien Col, en forme !

Sébastien Col
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C’est un exploit cette victoire dans les eaux phocéennes !
Faut pas exagérer quand même, j’ai déjà remporté des match races, notamment le titre européen l’an passé ajouté à trois titres nationaux. Mais c’est vrai qu’à Marseille c’est ma première victoire en Grade 1 (épreuve du plus haut niveau, ndlr). Acquise en la circonstance aux dépens de l’Italien Paolo Cian.

Un souvenir en particulier ?
Oui, celui d’avoir battu Peter Holmberg, le barreur n°1 d’Alinghi, en demi finale. C’était très serré, il y a eu des pénalités, et on était mené 1-0. Mais on a réussi à revenir et à gagner les deux matchs suivants pour passer en finale. Nous avons été un peu surpris que Philippe Presti ne soit pas en finale, et comme nous avions déjà battu Paolo Cian en Round Robin, on s’est senti à l’aise et serein face à lui.

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Vous aviez postulé l’an passé pour intégrer le défi suisse ?
C’est exact. Mais ils ont préféré l’Espagnol  Jordi Calafat, médaillé d’or aux J.O. en 92. Ce qui est normal !
 
Vous êtes-vous spécialement préparé à l’épreuve de Marseille ?
Oui avec l’équipe de France de match race et Marc Bouët comme entraîneur. Le stage nous a beaucoup aidés dans notre préparation, puisqu’il était basé sur la manipulation du bateau (J-80) et les manœuvres, on était vraiment prêt en arrivant. L’important c’est de naviguer un maximum.

C’est nouveau cette équipe de France de match racing ?
Non, elle existe depuis deux ans. Actuellement trois équipages figurent dans cette équipe (Mathieu Richard, Thierry Peponnet et moi-même) auxquels se joignent cette année Philippe Presti et Bertrand Pacé. Il y a aussi  une équipe de France Espoirs comptant deux équipages, ceux de Damien Iehl et Dimitri Deruelle. Les trois  premiers cités bénéficient d’un soutien matériel et logistique de la Fédération qui nous permet d’effectuer environ 60% de la saison de match race dans de bonnes conditions. De toute évidence, ça paye. Philippe et Bertrand, tous deux engagés par des équipes étrangères bénéficient également d’un soutien technique de la Fédé (stages, entraînement, …) mais pas financier.

Depuis quand travaillez-vous pour le syndicat K-Challenge ?
Depuis août 2004 et je navigue dans la cellule arrière au poste de tacticien habituellement.

Et votre première expérience de Class America date de quand ?
Elle date de 1999 du temps ou «Yaka» recrutait des équipiers. Les entraînements avaient commencé en Méditerranée à bord de Maxi One Design de 80 pieds en compagnie de Bertrand Pacé. Et puis je me suis retrouvé à bord d’Areva pour la campagne 2003 à Auckland.

Qu’avez-vous retenu de cette participation ?
Sur Areva, j’ai appris des foules de choses. C’était ma première expérience…

Et aujourd’hui sur K-Challenge comment ça se passe ?
Je vois déjà avec K-Challenge une ouverture sur le monde anglo-saxon à mon avis essentielle.

L’objectif déclaré de votre syndicat est de se qualifier en demi-finale. C’est encore jouable ?
Tout à fait. L’an dernier à Trapani, K-Challenge a fini 5ème, soit parmi les 4 premiers challengers. Je pense qu’on a les moyens sportifs de réussir. Reste à rassembler les moyens matériels…

Qu’appréciez-vous en particulier dans la Coupe ?
Je dirais en premier la notion d’équipe. Je ne connais pas d’autres épreuves qui demandent autant de moyens humains. Et faire fonctionner toutes ces personnes ensemble correctement, c’est un vrai challenge. A commencer par constituer l’équipe elle-même. Par ailleurs, la Coupe est aussi un fabuleux défi technologique. Et cela m’intéresse beaucoup.
 
Revenons au match racing. C’est quoi ce nouveau Match Racing World Tour ?
C’est la continuité du Swedish Match Tour (le manufacturier/distributeur de tabac suédois a dû cesser son parrainage, ndlr) à la différence que ce championnat de match racing est désormais piloté directement par l’ISAF et que le skipper totalisant le plus de points à l’issue des 9 rencontres que comporte l’épreuve est sacré champion du monde de match racing. Il n’y a plus d’épreuve spécifique «championnat du monde» comme avant. Mais un titre qui récompense le meilleur skipper sur une série d’épreuves. Dès l’an prochain, ce sera le seul et unique titre mondial mis en jeu. La dernière édition du championnat du monde «old fashion», une seule rencontre réservée aux dix meilleurs mondiaux au classement officiel, telle qu’elle se disputait jusqu’alors, aura lieu cet été.  

Comment fait-on pour être invité à une épreuve du World Tour ?
Il faut être en bonne place au classement mondial et de préférence représenter un des syndicats engagés dans la Coupe de l’America,  

Quel est votre classement actuel ?
On était 9ème avant l’épreuve de Marseille. Et au classement paru hier, nous sommes 6ème.

Vous n’êtes pas le seul Français à figurer dans le top ten ?
Non, Mathieu Richard est 8ème, et Bertrand Pacé 10ème. Un peu plus loin on trouve Philippe Presti à la 15ème  place suivi juste derrière de Damien Iehl, qui fait un très beau parcours. Globalement, les Français sont bien en vue. La structure Equipe de France porte ses fruits.

Et votre objectif immédiat ?
Il est de rester dans les dix premiers pour être invité au championnat du monde, le dernier couru selon l’ancien format. Et aussi plus généralement de faire progresser la cellule arrière de K-Challenge en multipliant les opportunités de se confronter au gratin de la spécialité.
Est-ce vraiment utile de se mesurer en monotypes quand on brigue un résultat à la Cup ?
Certainement. On rencontre les mêmes coureurs que sur la Cup, on apprend à mieux cerner leur comportement sur l’eau. Ca permet aussi de suivre l’évolution des règles d’arbitrage et les interprétations des arbitres dans différentes situations.

Vous êtes deux à porter les couleurs de K-Challenge, Thierry Peponnet et vous. Comment gérez-vous votre programme ?
Effectivement, Thierry était voici 10 jours à la Brazil Sailing Cup, une des épreuves du World Tour. Il a très bien régaté en se qualifiant pour la finale face à Spithill, le barreur de Luna Rossa. Mais il n’était pas à Marseille. En fait K-Challenge reçoit des invitations et on se les partage selon les priorités du team et nos disponibilités. On fonctionne de la même façon que dans les autres syndicats de la Cup, par exemple le tandem Peter Holmberg/Ed Baird, ainsi que Jochen Schuman, d’Alinghi, ou le duo James Spithill/Philippe Presti de Luna Rossa, …

Vous allez donc partager votre saison entre les navigations sur K-Challenge et les épreuves de match race ?
Oui. On peut scinder l’année en deux parties : 1/La préparation en avril et la participation aux Acts de la Louis Vuitton à Valencia en mai et juin. 2/Ensuite l’acquisition et le développement du nouveau bateau. Entre les deux on courra des régates de match race en monotype. A commencer par la Match Cup à Marstrand en Suède début juin.

Propos recueillis par Patrice Carpentier