Tanguy de Lamotte, architecte constructeur coureur… et vainqueur.

Tanguy de Lamotte
DR

Dites-nous en un peu plus sur vous
Je suis originaire de Versailles, j’ai 27 ans. Après mon bac, j’ai passé trois ans en Angleterre à l’école d’architecture de Southampton. Depuis, j’habite en Bretagne où j’ai construit mon bateau à Lorient chez François Robert et où je régate régulièrement. Je l’ai mis en chantier en 2002 juste après le TFV. Je n’ai pas pu faire la Mini 2003 faute de me qualifier dans les temps. Du coup, j’ai eu tout le temps de bien me préparer pour celle de 2005 que j’ai terminée en 7ème position. Un résultat conforme à mes ambitions compte tenu de mon peu d’expérience en solitaire et de mes moyens limités, même si je dois mentionner le fidèle concours de mes partenaires SET Environnement. Parallèlement à mes activités d’architecte/navigateur, je suis agent commercial de l’équipementier Karver. J’étais au début de l’aventure avec Marin Clausin, le fondateur de la société.

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Depuis quand naviguez-vous ?
Ca fait longtemps déjà. J’avais trois mois quand je suis allé en mer la première fois avec mon grand-père. Et j’ai continué pendant les vacances d’été. A mon adolescence, j’ai démarré la compétition en 420. Et puis j’ai rapidement bifurqué vers l’habitable. J’ai fait 5 fois le Tour de France à la Voile. Plusieurs fois avec St-Quentin en Yvelines et puis avec des équipages britanniques. Nous avons gagné le Tour en étudiants et en amateurs.

Parlez nous du déroulement de l’Open Demi-Clé
Cette épreuve se déroule tous les ans, mais une année sur deux (les années paires), c’est une édition à étapes. C’est la première fois que je faisais celle-ci. Les 45 engagés, pour partie quasi égale protos et voiliers de production, partaient de Locmiquélic, le port d’attache du magasin Demi-Clé, à destination de Brest en contournant Belle-Ile par le sud. Ensuite, c’était la grande étape, vers St-Quay-Portrieux, en allant faire le tour de Lundy Island près de Bristol (en tout 500 nautiques). Et pour finir, on rentrait de St-Quay à Locmiquélic (200 milles). Soit en tout, près de 1000 milles.

Vous étiez confrontés à de nouvelles unités ?
Effectivement, il y avait comme nouveautés, le plan Finot Ecover du Belge Peter Laureyssens, le vainqueur de la dernière Transat 6.50 en bateaux de série (Pogo 2), le Lombard d’Yves Le Blevec, et aussi un plan Canivenc, mais qui a abandonné pour partir en Méditerranée.  

Le classement par accumulation du temps exige d’être à 100% en permanence
Absolument. On a fini 4ème à Brest mais dans une flotte groupée. Dans la deuxième étape, j’étais décidé à faire le maximum pour gagner et creuser l’écart. Grâce à une belle option ouest la première nuit, c’est ce qui s’est passé. Ensuite il y a eu divers coups d’accordéon et rebondissements. Pour finir, on est arrivé en tête à St-Quay avec 58 minutes d’avance sur Le Blevec et un peu plus sur les deux suivants. En résumé, on était encore quatre à briguer une victoire au général sur la dernière étape. A la première nuit, nous étions en tête, bien décidés à contrôler Yves et Peter… mais ils nous ont largués l’un par la gauche et l’autre par la droite. On ne les avait plus en visuel, ce qui un peu stressant. Au final, Adrien Hardy a été le premier à franchir la ligne d’arrivée sur Brossard suivis des bateaux de Yves et Peter. Nous étions 4ème, mais assez près d’eux pour sauver la première place au général.

Quelle est l’évolution des nouveaux bateaux ?
J’ai remarqué que les carènes sont de plus en plus puissantes et du coup les bulbes de quille sont de plus en plus légers pour alléger le déplacement total du bateau. De ce point de vue, le plan Finot est un peu moins extrême que le Lombard. L’autre évolution est leurs gréements qui sont en tête. Disposition que j’avais adoptée sur mon bateau l’an dernier et qui me permet sans doute de rivaliser encore avec eux aujourd’hui, notamment dans le petit temps grâce à l’usage de grands génois. Pour vous dire, on a un Solent de 14 m2 à deux ris…

Depuis 1999 et votre premier Mini Fastnet, quel regard vous avez-vous sur l’évolution des Mini ?
Il y a de plus en plus de concurrents à faire ça professionnellement. Il y a aussi pas mal de nouveaux bateaux en construction. Je dirais qu’il y a une dizaine de bateaux qui sont en préparation pour la Transat 2007 avec de gros moyens. Et qui se préparent dès maintenant. Comme vous le savez le nombre de places est limité et il faut se qualifier bien en amont de la Mini.  

Vous avez vendu votre bateau à Ronan Deshayes. Le Mini, c’est fini ?
J’ai trouvé l’opportunité de dessiner un Class 40 en association avec l’architecte anglais Simon Rogers. En fait deux bateaux vont être mis en chantier en Thaïlande dans un établissement dirigé par le fils de Bill Green, le patron du fameux chantier éponyme en Grande Bretagne. Je serais le project manager de ces deux voiliers et je courrai sur l’un d’eux l’an prochain.

Propos recueillis par Patrice Carpentier