43 participants, c’est un maigre effectif pour cette course emblématique ?
C’est vrai que ça nous ramène aux débuts de la course dans les années 80, car depuis une quinzaine d’années on tournait entre 70 et plus de 100 participants.
A quoi vous attribuez ce déclin ?
Cette tendance à la baisse s’est amorcée voici trois ans et s’est encore accentuée en 2006. Je vois plusieurs raisons : d’abord un phénomène de lassitude notée dans d’autres épreuves, ensuite l’élévation du niveau de la course – un phénomène incontournable en compétition – qui peut rebuter les moins mordus. Il y a aussi le fait que nous sommes dans une année de Transquadrasolo (course triennale à travers l’Atlantique) qui concerne une même « clientèle » dont les congés ne sont pas élastiques à l’infini. Et puis il faut dire que la nouvelle organisation n’a pas fait son boulot en terme de communication et de préparation de l’épreuve.
Deux mots sur cette nouvelle organisation
En 2005, Jean Chapelle a passé la main. L’Association Voile Bretagne Sud a été créée pour prendre le relais. Celle-ci regroupe la Société Nautique de La Trinité sur Mer, le Yacht Club du Crouesty Arzon et la Sagemor, principal équipementier portuaire du Morbihan. L’an passé, la course a changé de nom pour s’appeler désormais la Solo Bretagne Sud.
Des griefs en particulier
Sur l’eau aucun. L’organisation est parfaite. Le reste ne fonctionne pas aussi bien. Je dirais, il y a trois pilotes dans l’avion et du coup on ne sait pas exactement où on va. Il manque un commandant de bord.
On dit aussi que le passage en IRC, en 2004, a contribué à l’hémorragie !
Cela pourrait être une explication. C’est en tout cas la plus facile mais sûrement pas la plus crédible ! En Bretagne les régates en habitables d’un certain niveau se courent en IRC. Donc à l’inverse, je dirai que la course a suivi l’évolution de la tendance et d’ailleurs à la demande de la très grande majorité des coureurs. Non je pense que l’Amicale a perdu certains de ses animateurs (le fameux Club des Nuls) qui apportaient une ambiance amicale, joviale, festive à la course. Je crois que c’est comme tout. Arrive un moment, il y a un peu d’usure. Il faut peut-être un peu changer de magasin et puis les clients vont revenir…
Vous voulez dire que la course a perdu son âme ?
Non pas. Elle évolue simplement. L’ambiance reste excellente entre les compétiteurs. Comme dit plus haut, c’est autour qu’il faut agir.
Manque de moyens ?
Non pas non plus, en tout cas pas à ma connaissance. D’ailleurs je précise au passage que le principal partenaire de la course est un ancien des Vieux Saf’,Yannick Richome, le pdg de Tetra Pak.
Revenons au déroulement de la course. Un premier bilan hier soir ?
C’est un peu tôt. Hier c’était relâche à Bénodet après la course de nuit en provenance du Crouesty. A l’issue des trois premières manches, Michel Duran occupe la tête du classement devant François Michelin. Pas de surprise de ce côté-là, ce sont deux ténors du timon déjà médaillés des Vieux Saf et qui restent fidèles à leurs ancestrales montures (respectivement un First 29 et un Golden Shamrock). Donc pas besoin de nouvelles machines « toutencarbon » et super affûtées pour gagner ! D’ailleurs je note que les places de 3 et 5 sont occupées par deux bateaux pas récents eux non plus, deux magnifiques Sagitta 35 menés par d’excellents bizuths à la course, Olivier de Carné et Gilles Bretéché, et celle de 4 par l’Elan 31 d’Y. Ardon, pur voilier de grande production. Philippe Massu, autre valeur très sûre, est premier en temps réel sur son JPK 9.60 mais il peine un peu en temps compensé. A suivre donc ! La flotte est certes moins nombreuse qu’auparavant mais le niveau sportif ne cesse de grimper. On a de la belle régate. C’est passionnant !
Et la suite du programme ?
Il reste trois courses. Aujourd’hui, il y a parcours côtier autour des Glénan. Demain, c’est Bénodet – Lorient et samedi le bouquet final avec le traditionnel Tour de Groix.
Propos recueillis par Patrice Carpentier