Philippe Presti, “On joue dans la cour des grands”

Philippe Presti
DR

Pour un baptême du feu, c’est plutôt réussi !
Oui, on prend la seconde place au général derrière BMW Oracle en remportant 9 de nos 11 matches. On bat des grosses pointures comme Alinghi et les Néo-Zélandais, qui étrennaient leur nouveau bateau comme nous et les Américains. Ce sont d’ailleurs les trois nouveaux Class America de la flotte qui font le podium. Cela dit on s’est incliné face aux Espagnols et on aurait pu l’éviter. En conclusion, on est content d’être second car dans les Actes précédents c’était dur de prendre sa place dans le quatre majeur et là indiscutablement on a potentiel de vitesse supérieur, mais aussi déçu de ne pas avoir gagner. C’était à notre portée. On joue dans la cour des grands. C’est redevenu une régate de bateaux à voile…

Faut comprendre que dès que l’écart à l’arrivée dépasse plus de 20 secondes, ce n’est plus une régate de bateaux à voile comme vous dites ?
Ca dépend comment l’écart est créé. Je veux dire que l’an dernier Alinghi mettait le pied sur l’accélérateur et il doublait tout le monde. Là on est revenu à leur niveau. Si on navigue bien, si on prend de bons départs, c’est jouable désormais.

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Oui mais Alinghi est un ancien bateau. On peut aussi vous retourner le compliment en notant que ce bateau de la génération passée fait jeu égal avec les nouveaux
Alinghi avait mis la barre très haute ces derniers temps et le fait d’être à niveau, c’est déjà beaucoup. Je crois que nos progrès ne s’arrêtent pas à l’usage du nouveau bateau. Le potentiel d’un Class America se mesure en mètre par minute. La performance à ce niveau c’est un tout. Il faut avoir le potentiel d’aller aussi vite que les autres, sinon mieux, et après il ne faut pas faire de bêtises. Contre BMW Oracle mardi, on est parti en tête mais on n’a pas réussi à conserver l’avantage. Au lieu de passer devant à la bouée au vent, on est passé derrière avec en prime une pénalité à faire. A ce niveau de compétition, c’est quasi irréparable. Je le dis c’est redevenu de la régate de bateau à voile. Avant, la tactique on n’en parlait pas trop.

Pourtant les phases de départ manquaient un peu d’engagement « musclé »
Y avait pas de vent. La régate la plus ventée a été la dernière avec des claques à 10,5 nds.

Moins de vent que prévu ?
On a fait des régates tous les jours. La compétition a eu lieu. Y a rien à dire ! Même si à cette époque de l’année, le comité d’initiative prévoit plutôt 12/14 nds.

Ca fait une différence sur l’eau
Une différence de 1nd en pression de vent, ça fait tout de suite 2 à 3/10ème de vitesse en plus.

Les conditions optima ?
On est pleine charge à 13 nds de vent au près, c’est-à-dire gîté au maximum, mais on n’est pas encore à notre rendement optimal. On va vite mais bas. A 15 nds on va un peu moins vite mais plus haut avec un meilleur VMG.  

Un mot sur BMW Oracle
C’est vrai qu’il vire court et qu’il a un mât très avancé et son bout-dehors… Je ne sais pas exactement comment il est sous l’eau. Moi je ne le trouve pas très gracieux mais il a l’air efficace… Il vire sec, il accélère un peu plus vite mais une fois lancé je ne vois pas de différence comparé aux autres nouveaux bateaux.

Globalement à Valence cette semaine, on a eu l’impression d’assister à un nivellement vers le …
C’est vrai que les gros teams sont au niveau d’Alinghi et que parfois des voiliers d’équipes plus modestes font la nique aux grosses cylindrées. Quand Karol Jablonski garde son calme, il fait de belles choses avec le voilier espagnol. La preuve, il nous a battus. J’ai bien aimé Shosholoza du team Sud-Africain désormais mené dans la cellule arrière par le duo italien Chieffi/Cian. Il y a du sang neuf aussi sur Mascalzone Latino avec Jes Graham Hansen à la barre au départ. Décidément une semaine bien intéressante… L’autre nouveauté par rapport à la dernière Cup en Nouvelle Zélande est qu’on n’a jamais vu 12 équipes en place sur le terrain de jeu 1 ou deux ans avant le Match. « Les petits » s’entraînent beaucoup même entre eux pour les écuries qui n’ont qu’un bateau et on voit la différence. Alinghi est à deux doigts d’être battu par Mascalzone, Nous on est devancé par Desafio Espanol lui-même battu par Team Shosholoza, + 39 a fait plus de la moitié de la régate devant les Kiwis… Ca joue !  
 
Et quel est ton poste dans l’équipe de Francesco de Angelis
Barreur. Je suis à la barre du second bateau lors des entraînements. Pendant l’Acte X, j’observais les régates sur l’eau à la  vidéo et sur les images virtuelles de tout le monde. Mon travail c’est d’aider l’équipe à établir une stratégie au plan tactique notamment sur la phase départ en fonction des adversaires. On ne peut plus se permettre de démarrer moyen et de compter sur la vitesse pour se refaire. Il faut être à 100% du début jusqu’à la fin.    

Quelle est la suite du programme ?
Régate en flotte à partir de demain (l’Acte XI) et puis dans un mois démarre l’Acte XII. La même chose que l’Acte X, mais cette fois avec demi finale et finale. Et puis rendez-vous l’an prochain avec une course en flotte début avril suivie de la Louis Vuitton Cup de mi-avril à mi-juin pour sélectionner le Challenger qui rencontrera le Defender Alinghi : La Coupe de l’America.

Patrice Carpentier

Classement Act X
1 – BMW Oracle Racing (USA87) – 9/10 – 9
2 – Luna Rossa Challenge (ITA86) – 9/11 – 9
3 – Emirates Team New Zealand (NZL84) – 9/11 – 9
4 – Alinghi (SUI75) – 9/11 – 9
5 – Desafío Español 2007 (ESP65) – 6/11 – 6
6 – Victory Challenge (SWE63) – 6/11 – 6
7 – Mascalzone Latino-Capitalia Team (ITA77) – 5/11 – 5
8 – Team Shosholoza (RSA83) – 4/11 – 4
9 – +39 Challenge (ITA59) – 3/10 – 3
10 – AREVA Challenge (FRA60) – 3/11 – 3
11 – United Internet Team Germany (GER72) – 2/11 – 2
12 – China Team (CHN79) – 0/11 – 0