Gery Trentesaux, capitaine des Bleus

Commodore's Cup 2006 Equipes de France trophée
DR

Et dire que voici encore un mois vous hésitiez à partir en Angleterre !
C’est vrai que nous avons eu des petits problèmes d’ajustement de jauge avant le Spi Ouest-France et n’arrivant pas à les résoudre, j’ai songé jeter l’éponge. Mais d’un autre côté, je ne me sentais pas d’abandonner un projet que j’avais initié. Ensuite cela n’a pas été facile non plus, car nous devions aller courir les Scottish Series avec le First 44.7, mais le bateau a été endommagé dans le port de Concarneau par un voilier en perdition. Ensuite, on voulait modifier la quille, installer des barres de flèche «boomerang» et faire de nouveaux Solent (en Trilam) ou petits génois car nous avions décidé de réduire la voilure sur l’avant. Hormis les voiles, on ne l’a pas fait. Pour finir, on est parti là bas sans entraînement. Bref des circonstances loin d’être idéales !

Vous avez réduit la voilure pour une compétition a priori peu ventée ?
C’est un choix ! Quelle est la meilleure configuration pour le meilleur rating IRC ? On avait constaté plus tôt en saison de belles performances dans le petit temps mais on se vautrait dès 12 nds de vent. Et comme nous n’avons pas eu le temps d’alourdir la quille on a pris le risque de diminuer la surface des génois avec en contrepartie la possibilité de rentrer plus à l’intérieur les points d’écoute et ainsi d’améliorer le cap au près. Le bateau avait certes un petit handicap entre 6 et 12 nds de vent mais en deçà ou au-dessus, ça allait bien. Et au-delà de 15 nds, on allait plus vite, plus haut qu’avant avec un gain d’environ une minute à l’heure.

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Venons en aux régates de la Commodore. Combien de manches courues ?
Neuf, dont une courte offshore (de jour) et une longue offshore comptant une nuit en mer. On a eu du petit temps les deux premiers jours. Nos deux co-équipiers (courant respectivement en Classe 2 et Classe 3) le Grand Soleil Paprec skippé par Stéphane Névé et le A 35 Batistyl de Cyrille Le Gloahec s’en sont bien sortis, mais nous on avait du mal. Globalement, les Irlandais menaient le bal et on suivait derrière. Lors de la première offshore, il y a eu une confusion sur les marques à contourner dans le Solent. Un détail stupide qui nous (les trois bateaux de France Blue étaient concernés, ndlr) avantageait en rien mais qui nous a coûté des pénalités dans un premier temps, puis une disqualification à la demande de nos «gentils adversaires», transformée pour finir en… pénalité, quand même de 25% pour nous et de 50% pour les deux autres. Nous reléguant en 8ème position au classement provisoire sur 13 équipes engagées. Vraiment dommage car nous avions bien fonctionné dans cette manche surtout Paprec et Batistyl.

Comment alors avez-vous opéré ce retour aux avant-postes ?
Le lendemain, France Blue a claqué les deux manches Rolex par équipe dans un vent enfin revenu. Nous, on fait 2 et 1 et les deux autres 2 et 4 chacun. On remonte à la 4ème place derrière les Irlandais et la meilleure équipe britannique. Vendredi, on gagne la banane du matin pour revenir à 0,5 pt de l’équipe irlandaise troisième et à une quinzaine de points des leaders. Au départ de la dernière manche en fin d’après-midi, la grande course créditée d’un coefficient 2, on peut donc espérer des lendemains heureux. Ils furent très heureux ! A l’issue d’un long zigzag de part et d’autre de Wight on choisit le large en fin de parcours alors que le vent tombe à terre. Pour finir Paprec finit second de son groupe, derrière le JPK Guyader de l’équipe France White, Batistyl l’emporte dans sa classe et nous on finit 2 derrière Codiam, également de France White. Au final, on grille la politesse aux Irlandais relégués aux oubliettes dans cette manche à surprises.

Et au classement individuel ?
Le Ker 46 anglais Fair Dos VII s’impose devant Paprec et Batistyl. Le 4ème est un de ces redoutables Mills 39 et on prend la 5ème place ex-aequo avec un étranger.

Un premier bilan !
La jauge IRC est quand même bien faite de permettre la confrontation de voiliers de production et de protos. Je regrette un peu de ne pas avoir plus optimisé le First 44.7, mais malgré cela on ne peut pas se plaindre. Paprec, servi par un excellent équipage, a très bien fonctionné, très régulièrement. Batistyl m’a impressionné aussi et nous… on s’est amélioré au fil des épreuves.

On a quand même l’impression que les Irlandais donnés grands favoris se sont mélangé les pinceaux ?
Ils étaient effectivement très bien préparés avec d’excellents bateaux. Ils ont dominé dès la première journée. Résultat : ils ont commencé à se chamailler entre eux à coups de réclamations et de coups bas. En fait, ils ne nous ont pas vu remonter au classement jeudi puis vendredi. Car sur les 9 manches, en final France Blue remporte les quatre dernières (incluse la grande course à coef 2 où France Blue fait jeu égal avec France White). Entre nous, les Anglais préféraient voir les Français gagner plutôt que les Irlandais…

C’est la seconde victoire des Français à la Commodore en trois éditions ; un dernier commentaire ?
C’est vrai qu’on ne s’y attendait pas trop cette fois-ci. J’aimerais aussi insister sur l’ambiance qui a été très bonne au sein de l’équipe tricolore qu’elle soit bleue, blanc, rouge et aussi sur la belle remontée également de France White (Codiam, Guyader et TBS) qui monte sur la troisième marche du podium.   

Vous allez défendre votre titre dans deux ans ?
Bien sûr ! Déjà des compétiteurs m’ont appelé avec l’idée de faire des bateaux vraiment de course comme en avaient les Irlandais et certains Anglais.

Propos recueillis par Patrice Carpentier