Kito de Pavant, victoires en série

Kito de Pavant portrait
DR

 Père de 5 enfants, le chevalier du Figaro vit à Montferrier dans l’Hérault. Il a bourlingué sur l’eau puis il est devenu plagiste avec l’achat d’une concession sur le bord de l’eau à l’Espiguette. Un métier saisonnier qui l’empêche de régater l’été… jusqu’à ce qu’il approche la quarantaine. Ce jour là il s’est dit ce sera maintenant ou jamais. Il y est allé, sans gêne ni complexe, et il a gagné la Solitaire du Figaro dès sa troisième participation. Talentueux le quadra ! Dès lors il a persévéré dans la compétition laissant à sa femme, épaulée désormais par certains de ses enfants, l’exploitation du commerce de l’Espiguette. Et ne le regrette pas. L’année 2006 a démarré tambour battant avec deux victoires d’affilée, à la Transat ag2r sur son Groupe Bel associé à Pietro d’Ali, puis la semaine passée à la Solo Méditerranée avec un point d’avance sur… son compagnon de Transat. Retour sur un coureur atypique.

A quoi attribuez-vous ces victoires à répétition ?
J’ai beaucoup navigué avant de démarrer en Figaro contrairement peut-être à ce qui se passe aujourd’hui où pas mal de jeunes apprennent finalement à régater sur le monotype Figaro Bénéteau. C’est un point, il y en à d’autres…

- Publicité -

Comme ce centre d’entraînement créé à la Grande Motte !
Nous avons bien travaillé avec Pietro d’Ali, Christopher Pratt et d’autres l’année dernière. Je crois que 2005 a été un point clef de notre réussite actuelle. La victoire de la Transat ag2r nous a ensuite donné confiance, ces réussites sont vraiment l’aboutissement d’un travail commun.

Qui est à l’origine de ce centre d’entraînement ?
C’est une histoire curieuse. En 2002, une personne m’a contacté pour créer une écurie de course en Figaro. Il voulait acquérir 5 Figaro et monter une équipe basée dans le Sud. Il m’a proposé d’intégrer le team et de manager l’entraînement. On a pris contact avec la Grande Motte pour baser cette équipe. On en a également parlé avec la FF Voile. Et puis au final, une fois que tout a été mis en place, le type a disparu. Entre temps on s’est retrouvé plusieurs méditerranéens à posséder un Figaro et donc naturellement on s’est installé à La Grande Motte.

Quel est son fonctionnement concrètement ?
Nous travaillons avec le Club de la Grande Motte chez qui nous avons des locaux construits à l’occasion des jeux méditerranéens des années 90. La municipalité contribue à la logistique avec la mise à disposition d’un grand ponton pour accueillir les bateaux. Ensuite il a fallu jongler avec le peu de moyen dont nous disposons et surtout la précieuse collaboration de Guillaume Rottée et de Franck Citeau.  

Vous vous inspirez du CE de Port La Forêt ?
Tout à fait. En essayant de faire mieux avec peut-être une autre mentalité, plus d’échanges. Ce qui est plus facile car nous sommes moins nombreux qu’à Port La Forêt. Grâce à ce mode de fonctionnement nous avons rattrapé notre retard assez vite et aujourd’hui les résultats sont là. J’ajouterai aussi qu’on travaille avec le CREPS de Montpellier. C’est un vrai plus ! Disons pour faire bref que chez nous il y a des Figaristes, des compétences pour les aider à se perfectionner et une ambiance propre à les motiver. Le cas de Pietro d’Ali, l’un de nos « pensionnaires », est représentatif.

Et votre rôle précisément à vous ?
Je ne suis pas grand-chose, je n’ai pas de rôle précis dans l’organisation. Disons que j’ai un rôle moteur dans le fonctionnement général. Je motive les troupes et puis je suis un bon « sparring partner » sur l’eau.

Deux victoires en deux courses majeures du circuit… Vous rêvez à la passe de trois,
 j’imagine ?

J’ose pas y penser car c’est déjà extraordinaire de gagner et la Transat et la Solo Méditerranée. Effectivement gagner de nouveau la Solitaire Afflelou (Kito l’a déjà remportée en 2002, ndlr), ce serait une énorme cerise sur le gâteau. Mais bon on verra !

C’est votre prochaine course ?
Non avant, je vais courir la course Cannes-Istanbul en double avec Alberto Spina, sur son bateau à lui. Et puis après, j’aimerais bien faire la Route du Rhum. Disons que je suis remplaçant prêt à prendre le relais d’un ami inscrit qui serait indisponible.

Revenons à la Solo Méditerranée. Son format vous convient en l’état ?
En fait j’ai en tête une épreuve qui me plaît beaucoup : c’est le Triangle du Soleil (trois étapes de ralliement entre La Grande Motte, la Corse, les Baléares et retour au point de départ. NDLR) inventé par Jean-Marie Vidal. J’espérais que le nouveau format de la Solo Méditerranée se rapproche de celui-ci. Ceci dit, ce n’est pas simple car les contraintes de parcours sont liées au financement apporté par les villes d’accueil qui ont une légitime exigence de conserver les Figaro plusieurs jours durant. On fait un peu ce qu’on peut en Méditerranée avec les moyens du bord. Avec pour conséquence d’enchaîner grands et petits parcours techniques, parcours banane… un programme très lourd physiquement. C’est véritablement la course la plus dure du circuit Figaro. Là on a fait douze manches sur un programme en comptant 19 à l’origine. C’est déjà usant ! Oui je verrais plutôt une séquence de trois étapes hauturières – c’est tellement beau chez nous – et ensuite, si nécessaire, une période dévolue aux bananes.

Vous avez toujours le projet de faire le Vendée Globe ?
Plus que jamais. On en parle actuellement avec nos partenaires. Une décision sera prise au plus tard cet été. De toute façon, on ne peut guère attendre au-delà dans la perspective de construire un nouveau bateau et de s’y préparer comme il se doit pour faire un résultat. J’ai déjà goûté aux 60 pieds, monocoque et multicoque, avec Jean le Cam sur ses Bonduelle et j’aime bien. La perspective de faire le tour du monde en solitaire sur 60 pieds IMOCA me motive à fond. J’ai envie de plus que le Figaro, et, en vieillissant, on devient impatient.

Et votre métier de plagiste ?
Pour dire la vérité je n’y fais plus grand-chose si ce n’est monter et démonter la cabane. Ce sont ma femme et mes enfants qui s’occupent de l’affaire. Grâce à eux j’ai pu faire ce que je fais
actuellement !

Propos recueillis par Patrice Carpentier