Francis Joyon observe depuis sa chère Bretagne un stand-by studieux et marqué du sceau de la patience dans l’attente des conditions météo propices à rejoindre New York où l’attend, fin prêt et sagement amarré, son grand trimaran IDEC, dans la perspective d’une tentative contre le record de la traversée de l’Atlantique.
A trois reprises déjà, depuis le début de cette période d’analyses et d’observations de l’évolution sur le continent nord-américain des grands systèmes dépressionnaires qui déboulent en travers de l’océan Atlantique, Francis a failli empoigner son sac pour rejoindre New York. Las ! les directions et la puissance des vents ne se sont pour l’heure pas encore avérées idéales pour espérer battre le chrono de 5 jours, 19 heures, 29 minutes et 20 secondes signé en juillet 2008 par Thomas Coville sur "Sodebo"."Je suis à l’école de la patience" s’amuse Francis Joyon au terme de la troisième semaine d’un "stand-by" débuté le 29 juin dernier avec l’amarrage du trimaran géant IDEC dans la marina de Getaway à Brooklyn, New York. Si juillet est traditionnellement le mois le plus favorable à l’établissement des temps de référence sur l’Atlantique (5 juillet 2005 pour Francis et 15 juillet 2008 pour Coville), force est de constater que cette année 2011 ne s’inscrit pas dans la norme ; "Les vacanciers le constatent amèrement" poursuit Francis, "Nous ne retrouvons pas la logique qui prévaut habituellement dans le développement des courants de vent entre anticyclones et dépressions venues du grand nord canadien." Le skipper d’IDEC, conscient de l’extraordinaire exigence du record établi par Coville à près de 21 noeuds de moyenne tout au long des 2 980 milles nautiques de distance théorique entre le phare d’Ambrose et le cap Lizard, refuse de se précipiter. Il ne s’est pour l’heure point fixer de date finale à ce stand-by. "Si les records en solitaire ont effectivement été établis sur la période de début juillet, on constate aussi que le temps de référence sur la même distance mais en équipage, de Pascal Bidégorry en 2009 (Banque Populaire V) ou avant lui Franck Cammas (Groupama 3) a été réalisé respectivement en août et fin juillet…"
Joyon sait ce qu’il veut : des conditions météorologiques idéales et fort simples : un flux stable de 25 à 30 nœuds, généré par un système dépressionnaire venu du nord canadien, sur une mer pas encore formée que le voilier aborde au largue, soit à 60°-80° du vent apparent. A l’étude de ses fichiers, et à l’écoute de son conseiller météo Jean-Yves Bernot, Joyon attend son heure ; "Si la fenêtre attendue en fin de semaine ne se concrétise pas, il n’y aura plus de possibilités avant les 26 ou 27 juillet prochain." Un anticyclone tant attendu des vacanciers semble en effet en développement sur l’Atlantique, qui va rejeter vers le nord les trains de dépression souhaités pour la tentative de record. "En attendant, et parce que je n’aime pas faire "du sport pour du sport", je fais deux heures de planche à voile chaque jour pour me maintenir en forme…"