Bruno Peyron devrait arriver (déjà) demain…

3è jour : Bernard Stamm à la barre de Orange 2
DR

A 14h48 ce mercredi, Orange II n’avait plus que 650 milles à avaler, soit moins d’un quart du parcours avant de couper la ligne d’arrivée au Cap Lizard. Le maxi catamaran était alors encore pointé à près de 30 nœuds de moyenne sur les dernières 24 heures… Bruno Peyron et son équipage n’ont jamais été aussi bien placés pour battre l’incroyable record de l’Atlantique Nord de PlayStation, détenu par Steve Fossett, ses 4 jours, 17 heures, 28 minutes et six secondes.
« On table toujours sur une ETA (heure estimée d’arrivée) vers 16 à 17h TU demain jeudi (soit 18 à 19 h, heure française, NDR) », assure Bruno Peyron avant de tempérer : « mais on sait bien que ce genre de prévision est à prendre avec beaucoup de précautions… car si on casse les deux safrans cet après-midi, on n’arrivera pas cette semaine et vous viendrez nous chercher car on n’a pas pris les avirons !»

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Arrivée dès demain ?
Car voilà : Orange II est endommagé. Suite au choc avec un objet non identifié, signalé hier, le safran bâbord a souffert. « Il est comme croqué sur 50 centimètres », précise Bruno Peyron, « en arrière de la mèche (son axe vertical) et il commence à se délaminer devant aussi ». De fait, le bateau est difficilement contrôlable à très grande vitesse, et le boss d’Orange II a logiquement décidé de lev er le pied en donnant la consigne d’éviter de passer les 30 nœuds. Bruno Peyron explique à Jean Maurel, lors de la vacation du jour: « le safran cavite dans tous les sens et nous emmène le bateau à gauche avec une force incroyable. Si on lâche la barre, il empanne tout de suite. Cela peut devenir dangereux, d’autant qu’on met beaucoup trop de force sur l’autre safran. Or si on perd le contrôle, il n’est pas impossible qu’on empanne, du coup on se retrouverait avec 800 m2 de toile à contre et là… c’est limite chavirage ». Voilà pourquoi le skipper d’Orange II a décidé de lever le pied. « Le speedo oscille désormais entre 24 et 29 nœuds, il faut savoir l’accepter. C’est un peu dommage car c’était une journée à faire encore des moyennes supérieures à cel les du début… »

Suspens jusqu’au bout…
Le suspense continue donc sur l’Atlantique, où Orange II avance toujours très vite (entre 29 et 30 nœuds de moyenne sur 24 heures) mais à pas de loup, car cette avarie sur le safran gauche entraîne aussi un changement dans les prévisions de trajectoire, comme l’explique Bruno Peyron : la logique météo « imposerait d’aller vers l’Irlande, mais on ne veut pas empanner ou le plus tard possible pour ne pas risquer d’aggraver le processus de délaminage du safran voire d’abîmer l’autre, donc on va volontairement se rallonger un peu la route… »

Une performance historique …
Autrement dit si record il y a demain soir ou en tous cas avant vendredi à 6h28, il sera aussi perfectible qu’historique. « Cela laissera des alternatives pour les records à venir », plaisante Pascal Bidégorry, un des barreurs qui découvre le monstre et assure : « on a une météo de rêve, c’est extraordinaire de traverser l’Atlantique avec une même dépression et je suis confiant. Le seul petit regret c’est cette histoire de safran, car avec le bateau à 100% de son potentiel, on aurait pu faire très, très mal… »
Que le skipper du trimaran Banque Populaire se rassure : malgré cette avarie intervenue hier à mi-parcours, Orange II est déjà fort bien parti pour « faire très mal » et être le huitième navire à voile en un siècle d’histoire à améliorer ce record mythique. Au point de comparaison numé ;ro 4, l’équipage d’Orange II possédait une avance de 280 milles nautiques (518 km) sur la route de PlayStation.
Alors certes, le vent doit faiblir. Certes la route va être un peu plus longue que prévu compte tenu de cet empannage qu’ils déclencheront « le plus tard possible » par mesure de sécurité. Reste que « ça doit passer », comme dit Bruno Peyron. En outre, entre demain soir 18h et vendredi matin 6h28, il y a une grosse douzaine d’heures et douze heures à la vitesse d’Orange II, c’est quelque chose comme 350 milles nautiques…
Si les safrans tiennent et si l’équipage maintient le juste compromis entre vitesse et sécurité, alors demain soir ou dans la nuit, ou bien encore très tôt vendredi, Orange II deviendra le voilier le plus rapide sur l’Atlantique, en plus d’êtr e déjà le plus rapide sur 24 heures et le plus rapide autour du monde. Un monstre, vous dit-on…

Source Orange 2