L’AG2R, c’est votre première Transat en monotypes ?
Non. Ma première expérience du genre date de l’an passé avec le Trophée BPE. Je m’en souviens bien car c’était pour nous une première dans la classe des « Figaristes » et… une première dans l’histoire du Figaro que cette transatlantique en solitaire courue entre St-Nazaire et Cuba.
Alors vous préférez le solitaire ou le double ?
Question difficile ! D’un côté je pense que le solitaire porte en soi un potentiel objectif d’aventure et de médiatisation. Surtout l’an passé car nous ouvrions une nouvelle route sur Cuba. Marier l’océan et le solitaire, c’est naviguer au summum de l’aventure, celle qui plaît au public. Donc instinctivement, mon coeur penche pour le solitaire. D’un autre côté le Double offre plus de sécurité et donc moins de stress pour l’organisateur. De plus il y a ces aventures à deux nécessairement fortes car la compétition est intense, comme on l’a encore vu cette année… où des écarts infimes séparent les bateaux après un océan de régate. Et puis cette Transat AG2R est devenue une « institution » courue sur un joli parcours. Pour être franc j’ai pris beaucoup de plaisir aux deux. Ces Figaristes qu’on m’avait dit pas « faciles » sont en réalité enthousiastes, spontanés… Il y a de l’ambiance. C’est très sympa !
Vous êtes satisfait des retombées médiatiques de l’AG2R ?
Je vous réponds d’emblée « non » pour la bonne raison que médiatiquement, il n’y a jamais assez. En réalité on a investi d’avantage sur la communication, donc on était en droit d’attendre plus en retour. Je remarque surtout une modification du comportement media par rapport à ces événements : une montée en puissance de la presse quotidienne régionale en terme d’impact comparé à la presse nationale qui demeurait une référence pour nous les Parisiens. Aujourd’hui sa diffusion est en retrait par rapport à des pôles constitués comme Ouest-France, ou plus encore le pôle de l’est qui dépasse le million d’exemplaires/jour. Je trouve aussi que les radios et les Télé nous donnent plus d’exposition que par le passé (avec en prime la minute AG2R diffusée juste après le journal sur France 2, ndlr). Et n’oublions pas internet dont la cible est plus réduite mais carrément exponentielle. La fréquentation du site a été multipliée par 3 comparée à 2004. En plus c’est un media formidablement enrichi en terme de contenu. Je dirais pour résumer qu’on a changé de braquet et que cela a été possible car nous sommes un groupe maintenant avec plus de moyens et donc plus de poids.
Parlons de la Route du Rhum-La Banque Postale. A 5 mois du départ, vous jouez déjà à guichets fermés ?
Effectivement, nous enregistrons au premier jour de mai déjà 68 pré-inscriptions, c’est-à-dire des demandes d’engagements accompagnés d’un chèque. C’est énorme !
Pourtant la course est limitée à 50 bateaux. Comment vous gérez le trop-plein ?
D’abord le chiffre 50 constitue une approximation. Ensuite on n’avait pas prévu l’arrivée en puissance des Class 40 (28 inscriptions à ce jour, ndlr). Alors effectivement on est limité par des critères objectifs comme les places dans le port et la capacité de sortir les bateaux dans l’écluse le jour de départ… Cela dit, j’aimerais assez battre un record de participation avec cette nouvelle édition du Rhum, la première de Pen Duick (le record est de 58 bateaux, ndlr).
C’est bien parti surtout en y ajoutant des « non encore inscrits » comme plusieurs 60 pieds IMOCA.
La liste est officiellement close le premier juillet. Depuis que nous avons atteint les 50 premières inscriptions, les dossiers d’engagement sont placés sur une liste d’attente selon un ordre chronologique. Quant aux skippers de 60 pieds dont vous parlez, ils ont tort d’attendre.
Ils ont des revendications auxquelles vous ne semblez pas vouloir accéder.
Moi je suis toujours près à discuter, mais il y a un avis de course qui existe et un budget qui a été établi à partir d’un certain nombre de données sur lesquelles on ne peut pas revenir.
Ils demandent, entre autre, la rétrocession des droits d’inscription… comme au Vendée Globe !
A ce sujet Pen Duick a une position en accord avec celle de la Fédération qui trouve normal qu’il y ait des droits d’inscription. Sur le principe, c’est clair. Après cela on peut discuter des montants, des modalités, des financements. C’est un autre problème. Je suis prêt à discuter des doléances mais pas à céder à un ultimatum comme cela a été présenté me semble-t-il par l’IMOCA.
L’IMOCA est la seule classe à exprimer ces revendications ?
De cette façon oui. Mais qu’on soit d’accord je ne me sens pas en position de force par rapport à l’IMOCA au prétexte du grand nombre d’engagés au Rhum. Je souhaite sincèrement que tous les skippers de 60 pieds monocoques viennent, mais j’estime qu’on ne peut pas tout accepter. En tout cas pas une consigne de désobéissance comme ça s’est déjà produit au départ de la Transat Jacques Vabre l’an dernier.
Admettons, comme cela est souhaitable et plus que probable, que l’ensemble des professionnels de l’IMOCA rallie la bannière du Rhum. Ca va être au détriment des amateurs remerciés pour cause de trop plein ?
Ah ça non : c’est hors de question. S’ils remplissent les conditions du règlement et qu’ils passent leur qualification, je ne vois pas ce qu’on pourrait leur reprocher. Ils seront inscrits, sans discussion.
Parlons pour finir le Lorient-Les Bermudes-Lorient, de nouveau à l’affiche l’an prochain. Où en êtes vous ?
J’aime bien annoncer les choses quand elles sont finalisées et je pense que dans un mois nous ferons une annonce à ce sujet précisant l’avis de course.
Et vous avez d’autres projets ?
Et bien nous aimerions bien chez Pen Duick proposer une course transatlantique spécifique aux Class 40 à l’horizon début de saison 2008. Une course à la dimension du bateau sur un concept original.
Propos recueillis par Patrice Carpentier