La voile… vous êtes née dedans ?
Oui. Je crois même pouvoir affirmer que j’ai été conçue dans un bateau… Je suis nantaise, j’ai 26 ans et je fais de la régate depuis une bonne quinzaine d’années. J’ai démarré le bateau avec mon grand frère.
Ce n’est pas votre profession pour autant ?
Non. Je suis chargée d’études et de communication chez Ideactor, une entreprise spécialisée dans la conduite du changement et dans la relation client. Je travaille chez eux depuis le mois d’octobre. Nous sommes en cours de finaliser une convention avec le ministère, au niveau régional, pour me libérer du temps à la pratique de la compétition de haut niveau.
Ideactor vous soutient sportivement également ?
Tout à fait, c’est l’un de mes partenaires avec Sodifac-Roubaix, Helly Hansen, Cébé, IKKS,…
Pourquoi venez-vous au Spi Ouest-France ?
C’est la seconde fois que j’y viens en tant que skipper. Cette participation s’inscrit dans notre projet match race en vue des prochains championnats du monde qui ont lieu fin mai à Copenhague. On a choisi le Grand Surprise car sa taille est voisine du DS 37, le monotype conçu spécialement pour le match race dans les pays nordiques.
Parlez-nous de la compétition à La Trinité
Nous étions 8 à bord. Abaka (Coville) et Loïc Fournier-Foch, le directeur d’ATR qui connaît bien ces Grand Surprise (dont il fait location, ndlr) ainsi que son frère ont été nos rivaux les plus proches. Nous avons gagné grâce à notre régularité (46 engagés, ndlr). On remporte qu’une seule des manches, mais derrière on fait 2,3,4,5, 6 et 6 avec une place de 9 éliminée du décompte général.
Dites-nous votre équipage
Elodie Bertrand, Morgane Gautier (la nièce d’Alain, ndlr), Ingrid Cerrato, Julia Touron sont mon équipe habituelle de match race à laquelle manquait Dorothée Martin d’Auray. Le reste de l’équipage au Spi était complété par Cécile Ponthieu et Pascale d’Entraygues, très bonnes elle aussi, et Alizée Gicquel. Moi je suis à la barre.
A quoi ça sert de naviguer en flotte quand on fait du match race ?
Ca ne fait que valider notre capacité à manœuvrer et à régater. Je crois que si on n’est pas bon en flotte, on n’est pas bon en match race. C’est très complémentaire. Je dirais aussi que la régate en flotte, c’est du match race à long terme.
Vous faites partie de l’équipe de France ?
Il n’y a pas encore d’équipe de France féminine de match race, mais nous bénéficions du soutien de la FFV (matériellement et techniquement) au même titre que les garçons de l’Equipe.
Qu’est ce qui vous passionne pour le match race ?
C’est une discipline que j’affectionne particulièrement. Ca correspond bien à mon caractère déterminé et accrocheur. Ca nécessite également de la rapidité d’adaptation. Il faut savoir analyser en temps réel des paramètres en constante évolution de façon à saisir une opportunité dès que votre adversaire baisse sa garde. Une régate de match race, c’est 20 minutes intenses. En plus c’est un travail d’équipe et je ne conçois pas la navigation en bateau autrement qu’en équipage. En tout cas actuellement.
Votre objectif est donc de remporter ce mondial match race ?
Complètement. C’est d’ailleurs assez amusant car depuis deux ans, c’est le même podium au Mondial avec dans l’ordre les Américaines Sally Barkow et Betty Allison puis nous. Cette fois on espère intervertir l’ordre du classement !
Est-ce une discipline en devenir pour les femmes ?
Oui. Je crois que près de 190 équipages féminins sont actuellement recensés au classement mondial, soit environ un dixième des effectifs masculins : ce qui correspond à une proportion homme/femme de la voile en général. Et surtout, on a un circuit qui se professionnalise de plus en plus dans le sillage de celui des hommes.
Vous comptez vous battre encore longtemps au premier rang mondial ?
Ca dépend si comme cela se dit et se répète le match race devient une discipline olympique à l’horizon 2012. Dans ce cas on s’investira à fond sur cet objectif. Par ailleurs, je garde toujours un pied dans le Tour de France à la Voile avec Côtes d’Armor (équipage mixte, ndlr) surtout cette année avec un projet qui se professionnalise. La priorité restant pour l’instant le match race et à court terme le Mondial.
Propos recueillis par Patrice Carpentier