Quand avez-vous décidé de défendre votre titre ?
En tout début d’année. Pour essayer de rebondir après mon départ de Foncia. Je suis propriétaire d’un Figaro 2. Nicolas était disponible. Donc on a pu démarrer les entraînements assez tôt à Port La Forêt et simultanément chercher un partenaire.
Ca a été vite fait !
Oui. Brit Air est basé à Morlaix. Il se trouve que je connais Anne Le Bour chargé de la communication (Anne connaît bien le milieu de la course et du Figaro. Elle s’occupait des actions sponsoring de la Brittany Ferries à l’époque ! NDLR). La société de transport par avion, filiale du Groupe Air France, cherchait à faire une action dans la voile et moi… un partenaire.
C’est un contrat pour l’année !
Pour les deux principaux événements du circuit Figaro en 2006 : à savoir la Transat et la Solitaire Afflelou Le Figaro
Ca va occuper toute votre saison sportive ?
Oui avec mon troisième projet qui est de participer à la Route du Rhum… sur un 60 pieds monocoque IMOCA
Dans la perspective du Vendée Globe ?
Tout à fait. Je voudrais courir le prochain tour du monde en solitaire. Et à ce titre, une course transatlantique et un retour en convoyage constituent un bon entraînement.
Avec un bateau neuf ?
J’aimerais bien, construit dans un moule existant disponible. Ou acquérir un bon bateau de la génération passée. Mais il n’y a pas grand-chose de disponible. Il faut se décider vite.
Brit Air est à vos côtés pour le 60 pieds ?
Non, le projet 60 pieds est à part. Mon engagement avec Brit Air concerne pour le moment uniquement les deux courses en Figaro.
Votre métier est coureur navigateur. On en vit bien ?
Le but n’est pas de gagner de l’argent mais de réussir à aller au bout de nos projets (Armel a remporté la Solitaire en 2003 et le championnat de France en même année), de notre passion. C’est notre richesse ! Si on peut en vivre correctement grâce au soutien de sponsors qui nous suivent sur plusieurs années : c’est tant mieux ! Malheureusement l’avenir n’est pas franchement tracé à long terme pour nous. Cela dit la voile se professionnalise de plus en plus et on ne va pas se plaindre !
Revenons-en à La Transat AG2R. Quoi de neuf !
Et bien que cette fois, il nous faudra arriver avant le jour de notre anniversaire si nous voulons gagner ! (Rires. Voici deux ans Nicolas et Armel avaient franchi victorieusement l’arrivée, le jour de leur anniversaire à tous les deux. NDLR). La course part un peu plus tôt qu’en 2004. Plus sérieusement : cette fois on contourne Porto Santo au lieu de l’île de Madère, relativement piégeuse en raison de son élévation. Donc là ça devrait passer plus facilement. Par ailleurs je note que le plateau est encore plus relevé. Et sur le plan de sécurité, on a encore plus de matériel à embarquer avec l’application désormais des règles OSR cat 1…
Des adversaires désignés ?
C’est clair que le niveau augmente chaque année. Il y a plus de prétendants à la victoire qu’en 2004. Ca va être une course par élimination. Nos rivaux ? Y en a beaucoup : le tandem Riou/Beyou, le plus beau palmarès sur le papier : Jérémie a tout gagné en Figaro et Vincent a le dernier Vendée Globe à son actif. Je dirai aussi Cercle Vert avec Gildas Morvan/Erwan Tabarly, Bostik (Charles Caudrelier-Nicolas Bérenger), les « anciens « Jean-Luc Nélias et Roland Jourdain sur Véolia, pour ne parler que des « Fouesnantais ». A côté de ça on a le duo Vittet/Lemonchois (Atao Audio System), les méditerranéens Kito de Pavant/Pietro d’Ali (Groupe Bel). Vous disiez qu’une douzaine d’équipages pouvait gagner… En voila déjà 6 ou 7 !
Que voulez-vous dire ?
Aux entraînements à Port La Forêt, nous sommes une quinzaine de bateaux et on va tous quasiment à la même vitesse. Les écarts sont très faibles et sur une Transat, on peut mener à deux les bateaux à 100%. La différence va se jouer sur des options météo et je pense qu’il sera difficile aux attardés de revenir sur le peloton de tête. Sinon par une option un peu extrême. Je me souviens ça fait deux ans, les premiers à franchir Madère étaient les premiers à l’arrivée (sauf Cercle Vert, NDLR) à St-Barth.
Vous avez un secret pour être devant ?
Si j’en avais un, je ne le dirais pas… Je crois que nous sommes très complices avec Nicolas. En plus ce sera notre deuxième Transat ensemble.
Finalement rien ne vaut la compétition en monotypes ?
Je pense que le circuit Figaro reste une référence en la matière. Certains y sont depuis un bout de temps !
Quelques uns aspirent à changer de monture, mais ils ne veulent pas y aller n’importe comment. Ils ont la sagesse d’attendre une bonne opportunité. Quand ils la trouvent ! Ce qui est très aléatoire, car l’échelon suivant dans la course océanique en solitaire, c’est le Vendée Globe et ça coûte très cher.
Et avec Foncia, les ponts sont coupés ?
Non, j’ai gardé des contacts ! Maintenant on a chacun nos projets et c’est Alain Gautier qui gère le projet Foncia…
Propos recueillis par Patrice Carpentier