CAL : Depuis deux ans que vous présidez l’ORMA, vous assistez au désengagement des armateurs. Comment endiguer cette fuite ?
Gilles Cambournac : Une fuite ! Vous exagérez. Je vois deux explications aux retraits que vous évoquez. Le coût des bateaux a quasiment doublé et certains armateurs sont partis faute de moyens financiers. D’autres nous ont quitté – et c’est la vraie question – parce que on ne leur a pas délivré ce qu’ils attendaient. Ils ne retrouvaient pas intégralement le retour sur investissement. Il nous appartient de corriger le tir
Vous disiez cet été dans les colonnes de notre magazine, que le premier obstacle au redémarrage de l’ORMA était un manque de moyens. Maintenant, vous les avez ?
Oui nous avons un partenaire financier pour la Multi Cup mais nous ne l’avons pas annoncé hier car nous sommes encore en discussion.
La venue de ce partenaire est liée à la prise de position de Benjamin de Rotschild (l’armateur des Gitana, NDLR) instigateur de la Multi Cup ?
Je peux vous affirmer que le projet Multi Cup est complètement partagé par l’ORMA et Monsieur de Rotschild qui a servi de catalyseur à cette nouvelle orientation de la course en multicoques. On est complètement en phase et je suis même étonné qu’on n’ait jamais réussi à se parler avant…
Ca signifie donc que l’ORMA a tiré un trait sur les courses transatlantiques ?
Pas les courses océaniques, mais les courses en solitaire, oui. Personnellement, je n’ai jamais été favorable à la course en solitaire sur ces voiliers : c’est pas une course de bateaux, c’est de l’aventure. Je dirais : c’est comme le Paris-Dakar dans le championnat du monde des rallye-raid, le Tour de France dans le Championnat du Monde de cyclisme, … Des évènements tellement considérables en eux mêmes qu’on ne peut pas en faire des événements récurrents sur lequel on va construire un vrai sport répétitif, solide, visible par le public. Et puis on ne réussira jamais à attirer des équipages anglo-saxons sur un championnat comptant des courses en solitaire. Cela dit on a aménagé la Multi Cup de façon à permettre à ceux qui le désirent de faire ces courses en solitaire.
Mais vous n’êtes pas sans savoir que les sponsors sont venus aux multicoques attirés par ces courses évènements en solitaire ou double.
Certes pour les sponsors français. Mais pour la Multi Cup nous limitons la participation à 12 bateaux et on compte bien attirer des sponsors étrangers.
Mais depuis que le temps que l’ORMA visite des ports étrangers pour ces GP et tente de séduire – sans résultat – des sponsors non français, vous y croyez encore vous ?
Je crois que si on n’a pas attiré le public sur les Grands Prix en dehors de l’hexagone, c’est parce que on s’en est mal occupé. Notre objectif cette année est de réussir à rassembler du monde à Londres, à Marseille et à Lisbonne. On doit y arriver. Comme à Fécamp…
J’en reviens au « fond de commerce de la voile » qui est précisément l’aventure. Avec vos courses côtières vous ne faites pas rêver les foules.
Oui peut-être mais par ailleurs vous ne pouvez pas construire une politique de communication durable sur un événement qui se déroule tous les 2 ou 4 ans. Notre pari est d’utiliser cette forte popularité que possèdent ces bateaux et d’en faire quelque chose qui sera certes moins connu mais qui permettra de créer une économie du système. On ne peut pas investir beaucoup d’argent sur un seul événement. Les deux choses sont complémentaires.
Ne pensez-vous qu’une page va se tourner après la Route du Rhum ?
Effectivement, c’est à ce moment que les gens vont se décider d’arrêter ou de continuer.
Pour en revenir au programme 2006, vous attendez combien de bateaux ?
Entre 5 et 9.
Et à plus longue échéance ?
Notre projet à l’ORMA n’est pas la longue échéance. Il est dès cette année d’attirer le grand public. Si on y arrive, le circuit est relancé. Si on échoue, il faut arrêter.
Propos recueillis par Patrice Carpentier
Le calendrier de la Multi Cup 2006
– Londres – Alpes Maritime : départ le 8 mai
– Trophée des Alpes Maritimes du 20 au 21 mai
– Grand Prix d’Italie – Trapani, du 1er au 4 juin
– Grand Prix de Marseille, du 22 au 25 juin
– Grand Prix du Portugal – Portimao, du 13 au 16 juillet
– Grand Prix du Port de Fécamp, du 7 au 10 septembre