. Mer forte cette nuit, mais Castorama reprend de l´avance sur le record après avoir empanné bâbord amures hier soir pour suivre une route sud-est. La journée d´hier a été très difficile. En moins de 3 heures, Ellen a perdu 8 heures sur le record, passant ainsi de 23 heures d´avance hier matin, à 15 heures en milieu d´après-midi. Castorama progressait alors sous-toilé en attendant l´arrivée de la dépression et d´un vent beaucoup plus fort. Mais il avançait en fait à la même vitesse que le front froid. Après s´être arraché les cheveux pendant 7 heures, Ellen a finalement empanné et en une heure, Castorama filait à nouveau sous un meilleur angle de vent à une vitesse de 18 nœuds dans 30 nœuds de vent. Ce matin, le trimaran portait son avance à 18 heures et progressait à 20 nœuds dans un vent d´WNW de 34 nœuds. La mer très forte générée par le passage du centre de la dépression dans le sud vient rencontrer la houle de nord-ouest et lève des vagues de 25 pieds (8m) atteignant parfois plus de 30 pieds (10m).
. 500 milles dans l´ouest des îles Crozet Castorama devrait dépasser cet archipel par le nord demain pour éviter une mer encore plus forte dans le sud. Les îles Kerguelen sont encore 700 milles plus loin. Ellen devrait les passer vers la fin de la semaine et commence déjà à surveiller l´évolution d´un énorme système de basses pressions qui se développe dans l´est des îles. Cette dépression pourrait générer des vents de 50 à 60 nœuds et menacer le noël d´Ellen…
. Vents plus faibles au nord, mer dangereuse au sud. Ellen va devoir empanner tribord amures en fin de journée pour faire cap ENE et éviter une mer “casse-bateaux”” plus au sud. Castorama retrouvera alors des vents modérés (20 à 25 nœuds) et une mer plus praticable au nord de 45S. Il devrait pouvoir rester sur cette route étroite grâce à une bascule de vent de 20 degrés au NW qui lui permettra de faire route plein est. Ellen est actuellement à 370 milles dans le sud de Francis Joyon au même moment et elle continue de suivre une route plus directe en parcourant moins de milles. L´actuel détenteur du record était resté sur une route assez nord jusqu´aux îles Kerguelen où il avait ensuite plongé de 41S à 46S…
. Améliorations progressive des conditions. Le vent d´ouest assez fort (25 à 35 nœuds, rafales à 45) va lentement faiblir alors que l´anticyclone se déplace vers l´est au nord de Castorama le long de 40Sud. Malgré cela, une forte houle d´ouest de 15 à 25 pieds (5 à 8m) et jusque 30 pieds (10m) continuera de faire rage. Les conditions de mer seront encore pires au sud. Ellen prévoit donc d´empanner bâbord amures pour mettre le cap ENE en fin de journée. Cette route plus au nord va l´emmener vers des vents plus modérés (20 à 25 nœuds) et une mer plus praticable au nord de 45S d´ici lundi soir et mardi. Mais il faudra rester à distance d´une zone de vents plus faibles (10 à 15 nœuds) près de l´anticyclone, juste au dessus de 43S. Avec un peu de chance, Ellen réussira à progresser entre les deux grâce au vent qui devrait tourner NW d´ici mardi et qui lui permettra de faire cap plein Est. Ellen pourrait passer dans le nord de l´île Crozet en fin de journée mardi.
Sydney-Hobart. Plusieurs vainqueurs et seulement trois abandons De cette 59ème édition de Sydney-Hobart, on retiendra le peu de partants, 56 bateaux, des conditions météo raisonnables, même s’il y eut une bonne partie de près serré dans une mer cassante pour les plus grands voiliers, seulement trois abandons (un démâtage, un souci de gouvernail et une gv hors d’usage) et la victoire d’un bateau made in France, le First 40.7 First National Real Estate mené par des Australiens : une victoire en temps compensé acquise dans les deux classements IMS et IRC. La seule victoire obtenue par un bateau « étranger » est celle du Britannique Chris Little, actuel commodore du Royal Ocean Racing Club, à bord du Farr 49 Bounder (1er en IMS/A). La première place en IRC/A est acquise par le Farr 52 Ichi Ban de Matt Allen.
Deux « bizuths » du Grand Sud Au mois de janvier, en pleine saison pour les départs planétaires, on réalise que des trois bateaux qui s’élanceront cet hiver à la conquête du globe, seul Geronimo aura déjà vu le Grand Sud. La tentative infructueuse en 2003 a eu le mérite de démontrer la fiabilité et la vélocité du plan Van Peteghem – Lauriot Prévost, et constitue pour Kersauson et ses troupes un avantage dans la mesure où ils savent pertinemment comment se comporte leur trimaran dans toutes les conditions. Il n’en va pas de même pour Fossett, dont le cata géant n’a jamais doublé les grands caps et ne s’est jamais retrouvé piégé dans du très gros temps. Cela dit ses divers records, dont New York – Cap Lizard reste le plus époustouflant avec 4 jours et 17 heures, ont largement démontré son énorme potentiel de vitesse, notamment au reaching. Bruno Peyron a pour lui deux victoires sur ce parcours (dont la première en 1993) et détient encore actuellement ce record : il partira avec un équipage qu’il connaît bien, puisque 70% de ses troupes étaient du dernier voyage victorieux sur Orange en 2002 ! Le bateau est par contre tout à fait nouveau puisque sa mise à l’eau n’est intervenue que le 22 décembre dernier, et la période de mise au point se réduira forcément (timing de départ oblige) à un mois… Score à battre : 64 jours, 8 heures 37 minutes et 24 secondes.
Payer ? Are you joking ? Selon les informations révélées par leTélégramme, Cheyenne se lancera à l’assaut du record du tour du monde, mais hors du cadre du Trophée Jules Verne (d’après l’entourage du skipper, qui lui-même n’a fait aucune déclaration)… Le milliardaire américain aurait en effet refusé de s’acquitter des droits d’inscription (12 000 Euros, pour couvrir les frais de cérémonie et pour protéger le nom de l’événement), préférant simplement convoquer le WSSRC pour ratifier son éventuelle performance. Cette décision contredit la déclaration d´intention initiale du skipper, qui avait dit lors de l´annonce de son retrait de The Race : “J’aspire à rejoindre la liste des grands marins détenteurs du Trophée Jules Verne : Bruno Peyron, Olivier de Kersauson, Peter Blake et Robin Knox-Johnston””. Il reste qu’il est difficile de croire qu’il ne s’agit là que d’une décision motivée par des motifs financiers : Fossett veut sans aucun doute montrer qu’il ne se sent soumis à l’autorité d’aucune institution…
Orange 2, premiers bords Le nouveau géant de Bruno Peyron a rallié le port de la Trinité sur Mer le 30 décembre 2003, l’occasion pour le skipper et son équipage de faire un premier point des réglages et autres modifications à effectuer… Cette première sortie constituait également le lancement d’une campagne de tests et d’entraînement qui durera au moins un mois. A la mi-janvier, par un vent oscillant de 12 à 20 nds et une visibilité parfois réduite à 100m, l’heure a sonné pour des premiers essais. Sous GV 1 ris (comptez encore près de 350 m2 !) et Solent (250 m2), le mastodonte a atteint les 21 nds au près, «soit 3 nds de plus que la génération des Club Med (longs de seulement… 34 m)», nous a dit un passager. Dans une houle avoisinant les 2 mètres (sans doute insignifiante sur un tel engin), le grand Tornado a levé la patte dès 15 nds de vent, soit un peu plus tôt que l’aîné. «On a même vu le bas de la dérive, ce qui correspond à une hauteur au-dessus de l’eau d’environ 10 m pour le flotteur au vent…» Inutile de préciser que dans ces conditions les tensions sur les écoutes sont colossales. La poupée de winch (nouveau modèle conçu par Lewmar) emmené par 4 colonnes et donc 8 paires de bras a résisté au choc. Le problème avec ces TGV des mers est qu’on va vite loin. En quelques heures, Orange est allé de la baie de Quiberon jusqu’à l’embouchure de la Loire devant St-Nazaire et il en est revenu. Au portant, l’équipage a envoyé un gennaker intermédiaire, juste histoire de vérifier la voile, la GV avait encore un ris… Et pourtant, ce qui est très probablement le voilier le plus rapide au monde, a fait une petite pointe à 28 nds, histoire de rallier le port de La Trinité pour l’heure du goûter !
Pas de rencontre australe pour les deux solitaires… Pendant que l’équipage du nouveau géant s’entraîne, deux solitaires, en plein Grand Sud on bien failli se croiser. Mais la rencontre au sommet entre Franis Joyon et VDH n’a pas eu lieu… à quelque chose près ! «C’est dommage, confiait Jean Luc Van Den Heede, nous avions sincèrement envie de nous voir. J’ai dû descendre en latitude (54°30) pour éviter des vents forts de Ouest/Nord Ouest, alors que Francis est remonté à cause de vents contraires générés par une dépression située plus au nord. Donc, nous nous éloignons l’un de l’autre actuellement. Nous allons malgré tout croiser la même longitude, mais, loin, l’un de l’autre. Nous nous sommes promis de réveillonner à terre, plus tard ». Dommage en effet, l’histoire (et l’image !) aurait été belle. Mais – course contre la montre oblige – il ne fallait pas pour cela que chacun soit obligé de trop « tordre » sa route ! Reste que comme l’a rappelé Jean-Luc lorsqu’il a adressé ses meilleurs vœux aux terriens, le rendez-vous à terre sera plus fiable : « (…) Quant à Francis Joyon, je lui souhaite un beau record et lui donne rendez-vous aux Sables d’Olonne, sur le quai, où il devrait m’attendre normalement. Nous réveillonnerons ensemble, à terre au Printemps ».
Joyon : du record historique dans l’air… « J’ai passé la journée à faire de la voile comme on aime… La mer était plate et le bateau filait à 29 nœuds », confie un beau jour de début janvier Fancis Joyon. Après avoir passé le Horn, ce diable de marin entamait sa remontée de l’Atlantique sur le même rythme que sa descente ! Rappelons qu’après être parti de Brest le 22 novembre, il se trouvait par le travers de Gibraltar après moins de 50 heures de mer, et aux Canaries en 4 jours ! Il passait ensuite l’équateur le 1er décembre, sa vitesse ne chutant pas sous la barre des 12 nœuds, et s’affranchissait du Pot au Noir comme si de rien n’était. Bonne Espérance était doublé après 19 jours, 20 heures et 30 minutes (un nouveau temps de référence en solo), alors que sur le même bateau Olivier de Kersauson et ses hommes (7 personnes au total) avaient mis 1 jour et 19 heure de plus ! A Bonne Espérance, Francis n’accusait en outre qu’1 jour et 2 heures de retard sur Orange, détenteur du Trophée Jules Verne ! Au cap Leeuwin (doublé en 30 jours, 6 heures, 30 minutes), Francis conservait 8 heures d’avance sur Sport Elec, alors qu’il avait pourtant laissé entendre qu’il perdrait du terrain dans le Sud, ne pouvant pas rivaliser avec 7 hommes se relayant à la barre ! Au passage du Cap Horn (49 jours, 2 heures, 21 minutes), IDEC avait perdu du terrain sur Sport-Elec (2 jours et 10 heures), mais restait nettement dans le timing pour un tour du monde en moins de 80 jours : avec 4 jours et 4 heures d´avance sur Commodore Explorer (B.Peyron, Jules Verne 1993) Joyon pulvérisait tous les chronos intermédiaires en solitaire ! Et si à l’aube de cette nouvelle année, Francis refuse de parler clairement de l’objectif « 80 jours », c’est par pure superstition… Parole de marin !Après un cap Horn en 49 jours, Francis disposait d’un peu plus de 30 jours pour remonter l’Atlantique et boucler son périple en moins de 80 jours…
Le nouveau bébé d’Ellen – Castorama B & Q – est arrivé ! « Je dédie le lancement du nouveau bateau à ma famille qui m´a toujours soutenue et entourée dans tout ce que j´ai entrepris depuis ma première navigation en solitaire autour des Iles Britanniques ». Telle fut la déclaration faite par Ellen MacArthur lors du lancement, à Sydney, de son nouveau trimaran de 75 pieds, à bord duquel la petite Anglaise s’attaquera à divers records en solo (pour le tour du monde, les choses s’annoncent plutôt ardues depuis qu’un certain Joyon s’évertue à placer la barre très haut !). Notons que MacArthur effectuera le convoyage vers l’Europe en solo – comme à l’époque d’un Kingfisher – et ceci, probablement dès le mois de mars. En ce mois de janvier – une fois le baptême rondement mené (et médiatisé !) – Ellen et 6 membres d’équipage ont quitté Sydney. Destination Auckland (NZ) afin de faire subir une série de tests au nouveau trimaran signé Irens / Cabaret promis à un bel avenir !
Class 40. Une nouvelle jauge voit le jour Elle est née ma nouvelle Class 40 ! Une quarantaine de personnes, sans doute attirée par le parfum du large n’ont pas tardé en cette fin 2003 à établir les statuts, enregistré des cotisations, et élu un conseil présidé par Pascal Jamet, propriétaire d’un Pogo 8,50 et bientôt d’un futur Pogo 40 : genre de voilier représentatif de cette Class 40 pour courir la mer et le vent à bonne allure, en régate ou en croisière. Un voilier sûr et à budget raisonnable, bref une sorte de rêve à une coque qui serait réalisable. Rendez-vous était ensuite pris au 10 janvier pour établir, enfin, une jauge de Class 40 afin que ces bateaux à venir ou existants puissent régater en temps réel. A l’issue d’une journée de passionnant et dur labeur durant lequel moult opinions contradictoires ont pu s’échanger, la Class 40 a réussi l’exploit de finaliser, à 98%, le texte d’une jauge qui tient en une page et demie. «A vouloir brider le bateau pour des raisons de coût, on risquait de se retrouver dans une configuration bateau de course croisière de grande production et donc sans nouvelle raison d’être. A privilégier à outrance la performance, on se dirigeait gentiment vers l’Open 40, un bateau de pure compétition à budget bien trop élevé. Il fallait trouver notre place et on l’a, je crois, trouvée», expliquait, de toute évidence satisfait, l’un des convives, futur propriétaire de 40 pieds, à cette séance de sail storming. Classe à suivre…
2003. Une saison belle et chargée pour Desjoyeaux Michel Desjoyeaux : «2003 fut une saison très chargée, peut-être trop. Le bilan est malgré tout plutôt satisfaisant avec à la clef une 2ème place au championnat Orma sur le trimaran Géant pour notre première saison complète et peu de problèmes majeurs ce qui nous a permis de prendre le départ de toutes les épreuves et de les terminer. En prime, il y a cette Solitaire Afflelou le Figaro que je ne regrette pas car si avant le départ on m’avait promis la 3ème place, j’aurais signé tout de suite… Et puis cette victoire dans le Trophée Clairefontaine ce qui n’est jamais désagréable. » Et dire qe Michel Desj ne sait pas encore qu’il va s’imposer à l’issue de la Transat Anglaise pour se propulser au rang des plus grands !
Key West. Quatre jours de bonnes régates Les équipages, principalement américains, des 300 voiliers engagés au rendez-vous hivernal de Key West (sud Floride) ont bénéficié de conditions climatiques excellentes pour leurs agapes véliques : 4 jours de soleil et de vent modéré sanctionnés par 9 régates toutes «banane». Dans les deux catégories reine, celles des Melges 24 (59 engagés) et des Farr 40 (23 engagés), la victoire revient à des équipages non américain, français en Melges 24 et hollandais en Farr 40, celui de Peter de Ridder à bord de son Mean Machine, qui ravit d’un point la première place au général devant un habitué des podiums, le Barking Mad de James Richardson. Chez les Melges, Sébastien Col et son équipage composé de Philippe Ligot, le gérant de la société Partners et Partners, William Thomas, Thomas Allin et Christian Ponthieu le nouveau de l’équipe, ont fait assaut de prudence. Les Français s’imposent avec 4 points d’avance sur les Américains.
Coupe de l’America. A vous de jouer les Challengers ! En ce début d’année, AC Management a annoncé : « La signature d´une version révisée du Protocole et la publication des ‘Terms of Challenge’ ouvrant la période des inscriptions pour les challengers de la 32ème America´s Cup, qui sera close à la fin de l´année 2004. C´est une étape majeure, qui permet de véritablement lancer la compétition. Celle-ci se concrétisera dès septembre 2004, lorsque les premières pré-régates débuteront dans les eaux du sud de l´Europe ». En clair cela signifie qu’AMC, côté défense, et Oracle BMW Racing, le Challenger of Record censé défendre les intérêts des futurs challengers, se sont enfin mis d’accord sur les termes de cette compétition revisitée. « La publication subséquente des ‘Terms of Challenge’ par AC Management permettra de mettre en œuvre cette nouvelle vision de l´America´s Cup pour le 21ème siècle », a précisé Michel Hodara, Directeur des Opérations d´AC Management. Dans cette somme de documents, on a noté que les Suisses exigent un « performance bond », ou caution d’engagement d’un million d’euros aux challengers d’Alinghi plus un premier versement de 70 000 euros de droits d’inscription et un autre exigible au 31 mars, d’un montant encore non précisé, pour la location et l’occupation des installations à Valence. C’est un contrat qu’ACM propose aux Challengers. Ces sommes à comparer aux droits exigés par les Kiwis lors de la dernière Cup sont nettement supérieures au niveau de la caution mais inférieurs en terme de droits d’inscription. Et…ils seront également restitués aux Challengers après la course. L’urgence devient désormais de faciliter l’accès des Challengers au Graal de la course à la voile. Car la 32ème Coupe de l’America ne peut décemment (ne serait-ce que pour des raisons contractuelles associant ACM et ses partenaires) se limiter à un duel opposant les deux magnats du jeu que sont Ernesto Bertarelli et Larry Ellison. Utile précision : au delà du 17 décembre 2004 et jusqu’au 29 avril 2005, vous pourrez encore devenir challenger d’Alinghi à condition de payer un supplément de 142 000 £.
Stamm et ses troupes au boulot Le plan Rolland vainqueur de la dernière édition d’Around Alone vient d’entrer en chantier à La Pallice (port de commerce de La Rochelle, le nouveau domicile du 60’) afin d’y subir diverses modifications pré-Transat anglaise et Vendée Globe… Cheminées Poujoulat – Armor Lux verra ainsi son système électrique totalement refait, car comme l’explique Christophe Lebas, co-skipper du bateau, « Bernard ne peut pas partir sur un Vendée Globe sans être sûr à 200% d’éléments essentiels comme ceux-là». D’autre part, une intervention sur le ballast (qui avait flanché au début de la Transat Jacques Vabre) a également eu lieu : «On a enlevé ce qui était cassé. Cela dit, en ouvrant, nous n’avons pas eu de mauvaises surprises. Nous refaisons tout ce qui n’est pas nickel». Bernard Stamm dispose désormais de moyens dont il n’avait pas pu profiter jusqu’alors, et entend bien en tirer parti pour faire de son joli voilier une machine parfaitement aboutie. On connaît désormais malheureusement la triste suite…
Moloney épaulé par Skandia Le skipper australien Nick Moloney, qui fut le premier pré-inscrit pour le Vendée Globe 2004, annonce qu’il reçoit soutien de la firme Skandia – qui sponsorise en Figaro sa camarade de l’écurie Offshore Challenges Sam Davies. Nick et Sam avaient d’ailleurs disputé la Transat Jacques Vabre sous les couleurs de cette firme spécialisée dans les produits financiers, à bord du plan Owen Clarke d’Ellen MacArthur. Ce bateau reprendra du service autour du monde aux mains de Moloney, qui s’attaquera d’abord à The Transat au printemps… Pour l’heure, Skandia assure au marin australien des subsides pour l’année à venir, et s’engage à ses côtés dans la recherche de partenaires complémentaires. L’entreprise est très présente sur le front de la voile, et vient d’ailleurs de remporter la Sydney Hobart en temps réel, ayant donné son nom au maxi Wild Thing de Grant Wharington. Ce même Wharington qui se déclarait ravi de voir son camarade et compatriote rejoindre le Team Skandia… Rappelons que Nick Moloney a participé à la Coupe de l’America (92 et 95), à la Whitbread (97) et reste aujourd’hui co-détenteur du Trophée Jules Verne (2002) sur Orange, premier du nom… “
« Arriver dans le Pacifique pour y planter des pieux ! Ce n’est pas très drôle ! » Un brin désabusé, le leader du Vendée Globe. Vincent Riou (PRB) ne s’attendait certes pas à abandonner si tôt et à cet endroit de la course les longues glissades au portant pour jouer à saute vagues contre le vent. Une situation météo un peu anachronique impose un vache coup de frein en tête de flotte. Du près et encore du près, peut-être jusqu’à la prochaine porte, située 1200 milles devant les étraves bondissantes des voiliers. Les trajectoires spectaculairement parallèles à 12 milles d’intervalle Nord Sud, des inséparables Riou- Le Cam (Bonduelle) attestent du peu d’option laissé par la dépression néo-zélandaise. Il faut traverser sa bordure sud et composer avec ses vents forts, 30/35 nœuds dans l’axe du bateau. Même le Britannique Mike Golding (Ecover), un moment tenté par l’idée d’aller chercher le portant dans le Nord a abdiqué. Il indique ce matin un cap similaire à celui de ses camarades de jeu, Est Sud Est.
Plus d’option Nord à proprement parlé pour Mike, mais en revanche un angle de vent et un décalage en latitude pas inintéressant et qui permettent à Ecover de limiter les dégâts vis-à-vis du duo leader, et de combler doucement son déficit face à Sébastien Josse (VMI). Jojo a ralenti au passage de la brusque rotation des vents du Sud Ouest au Nord Est. Un peu plus « appuyé » dans son Nord, Ecover a repris 35 milles au benjamin de la flotte, remarquable 3ème de ce Vendée Globe depuis l’officieux – à défaut d’officiel – retrait de Roland Jourdain (Sill et Veolia). Bilou est entré cette nuit dans la Baie de Hobart. La Direction de Course a missionné Ian Johnston pour l’accueillir ce matin et l’aider dans ses démarches logistiques et administratives en attendant l’arrivée de Gaël Le Cléac’h et son équipe technique.
Un ralentissement dans le rythme infernal des leaders ! Voilà qui réjouit Dominique Wavre (Temenos). A l’aise au portant sur une mer de plus en plus confortable, le Suisse accumule les belles journées de glisse. Il passera aujourd’hui la porte placée sous la Tasmanie. Loin dans son sillage (650 milles) son ancien compagnon de route Jean Pierre Dick et son Virbac-Paprec miné par les ennuis mécaniques infléchissent leur route au sud. Accrocheur et plein de ressources, le Niçois surveille à présent un autre revenant, l’Australien Nick Moloney (Skandia) qui vient de franchir la longitude du Cap Leeuwin et qui joue désormais « à domicile » sous son continent natal.
Conrad Humphreys (Hellomoto) poursuit son irrésistible « come back ». Après Karen Leibovici (Benefic) dépassée sans la moindre galanterie hier, c’est Raphaël Dinelli (Akena Verandas) qui a fait cette nuit les frais de l’appétit glouton du jeune Britannique. A près de 14 nœuds de moyenne, Conrad parcourt plus de 100 milles de plus par jour qu’Anne Liardet (Roxy), située 250 milles dans l’ouest, et prochaine « cible » désignée du skipper de Plymouth.
Au petit matin, Ellen comptait une journée d’avance sur le temps de Françis à la faveur d’une nuit propice à la progression : « On a bien avancé cette nuit. Notre vitesse dépassait la plupart du temps les 20 nœuds. Ca fait du bien. » Castorama se situe au Nord des îles Marion et Saint Edouard et suit un cap plein Est. Sa route est plus directe que celle empruntée par Françis Joyon positionné alors plus au Nord. En milieu de matinée et contrairement aux prévisions, le vent est tombé surprenant Ellen : « Le vent est tombé, je ne sais pas pourquoi, je ne comprends pas ! » Ceci a pour conséquence un ralentissement du rythme de Castorama et une petite perte de temps sur le chronomètre Oméga. Toujours poussée par des vents de Nord Ouest à l’avant de la dépression, Ellen rencontre une mer assez formée qui pourrait encore grossir pendant la nuit à venir avec des vents se renforçant…Il se pourrait que les difficultés soient semblables à celles rencontrés il y a à peine 48 heures…!
Le train des dépressions fera une halte probablement lundi en fin de journée… La zone de vent plus faible ( Talweg ) entre la dépression actuelle et celle qui se dessine d’ici à six jours devrait passer derrière Castorama et être accompagnée d’une rotation du vent à l’Ouest Sud Ouest. Ellen sera alors contrainte d’empanner vers le Sud, sous le 45° Sud… Le jeune skipper devra alors se décider à passer soit au Nord, soit au Sud des îles Crozet. Les deux présentent un avantage et un inconvénient : au Nord, le vent sera plus faible et la mer meilleure ; au Sud, le vent sera plus favorable et la mer déchaînée ! Il y a un an et dans une météo différente, Françis Joyon était passé au Nord de ces îles.
Grosse dépression en vue…
Après cette zone d’accalmie, une autre dépression arrivera qui, elle, inquiète Ellen dès à présent : « Un grosse dépression va se former au milieu de notre route et je ne crois pas que nous pourrons l’éviter… » Cette zone de basse pression est prévue dans six jours ; Ellen sera alors dans l’Est des îles Kerguelen : « Je ne sais pas comment y échapper. Il faut éviter les vents de 50 à 60 nœuds, quitte à nous arrêter complètement ! »
Bonjour le Pacifique et ses belles glissades dans la longue houle. Désolé , pour les surfs au portant c´est raté. C´est au près que les premiers progressent dans des conditions musclées, 35 à 40 noeuds de Nord-Est. Face au vent, par 50° Sud entre Nouvelle Zélande et Antarctique, il faut une bonne dose de philosophie ou d´humour. C´est l´option de Jean Le Cam même s´il goûte modérément la plaisanterie de ce scénario météo inattendu. “Et dire que certains veulent nous faire croire que les voyages forment la jeunesse! “” lâchait Jean Le Cam hier matin depuis son Bonduelle bien secoué.
Riou : “”c´est le bazar !””
La même lassitude était perceptible chez Vincent Riou. “” Cela fait six jours que je n´ai pas vu le soleil et quatre jours que je suis dans une vraie purée de pois. J´en ai marre… J´ai l´impression de revivre les longs bords de près de la transat anglaise. C´est vraiment le bazar “” expliquait hier le skipper de PRB. Après un océan indien agité et chaotique , les premiers espéraient allonger la foulée et engranger des belles journées à 400 milles. Comme s´il voulait les punir d´avoir glissé sur l´Atlantique , le Pacifique les accueille avec des vagues à escalader. C´est le monde à l´envers. Mais les premiers de cordée de ce Vendée qui “” plantent des pieux “” vont devoir s´armer de patience. A leur menu des prochains jours, du près encore du près. Entre une dépression au Nord et un anticyclone massif dans leur Sud , il sera bien difficile d´y échapper.
Josse s´accroche
A ces allures face au vent , Bonduelle est plus puissant et Jean Le Cam qui a réalisé un joli coup en plongeant au Sud était revenu à une poignée de milles du tableau arrière de Vincent Riou. Derrière, l´élastique s´est à nouveau distendu et les poursuivants ont concédé du terrain. VMI, à 289 milles du leader a été le troisième à entrer dans le Pacifique avec la même punition pour le benjamin qui serre les dents “” Le Vendée Globe c´est une alternance de descentes et de montées. En ce moment c´est la fin d´une période de descente en pente douce. Depuis hier je n´y vois pas à 20 mètres et il n´y a aucun oiseau…””
Coup de poker de Golding
Ballottés dans leurs machines en carbone raides et brutales, les solitaires font donc du rodeo sur les vagues du Pacifique. Et il n´y a pas d´autre solution que de faire le dos rond. Ou alors de tenter une option radicalement différente à l´image Mike Golding qui semble vouloir contourner la dépression par le Nord. Ce coup de poker du skipper d´Ecover qui ne veut pas baisser pavillon sera t´il payant ?
Même s´ils laissent paraître une fatigue légitime après un demi tour du monde avalé à grandes enjambées, les deux leaders délivrés de l´indéniable pression de Roland Jourdain qui a quitté la course vendredi affichent maitrise et sérénité. La nuit passée ( de jour pour eux ) ,ils devaient franchir la longitude de la Nouvelle-Zélande, dernière terre civilisée avant le Cap Horn distant d’environ 4500 milles
A 30 milles dans le nord de l’île Macquarie, l’île aux pingouins, les quatre protagonistes en tête de la flotte du Vendée Globe se livrent à un petit jeu de yo-yo. Vincent Riou (PRB) et le très pressant Jean Le Cam (Bonduelle) ont réussi à rester dans un flux Nord et de progresser correctement, au contraire du duo Josse (VMI)-Golding (Ecover) dévoré par la dorsale anticyclonique. Sanction du matin : 51 milles au débit de VMI et… 73 sur le compte d’Ecover, le tout en 24 heures. Bonduelle serre l’ortho et à la faveur d’une meilleure vitesse de rapprochement, revient à quelques encablures de PRB (2,3 milles contre 28,2 hier matin). Changement de leader en vue. Mais tout évolue décidément très vite dans ce Vendée Globe où les prévisions météos nous promettent un nouveau coup de frein pour le duo de tête avec la rencontre à très court terme (24 heures ?) de forts vents d’Est. En gagnant aujourd’hui dans le Nord, le couple Josse-Golding pourrait revenir avec… du Nord Ouest ! Le décalage de 4 degrés en latitude effectué par Ecover devrait gommer aujourd’hui les pertes d’hier.
Situation complexe à l’entrée du Pacifique, avec cette dépression inhabituellement centrée très Nord sur la Nouvelle Zélande. A défaut de contourner l’île Kiwi, les quatre bateaux de tête sont résolus à affronter les vents de face, mais le plus tard possible. La dorsale anticyclonique qu’ils négocient aujourd’hui imprime un drôle de mouvement d’élastique au classement, et les écarts du matin pourraient se combler le soir.
Moins complexes et plus conformes aux paysages attendus du Sud, les schémas météo rencontrés par les suivants. Dominique Wavre, bonheur de naviguer personnifié, voit d’un très bon œil les vicissitudes des hommes qui le précèdent. Le Suisse est le plus rapide de la flotte. Il évolue dans un flux d’Ouest Nord Ouest bien établi idéal pour glisser sous l’Australie et relègue son poursuivant immédiat Jean Pierre Dick (Virbac Paprec) à 536 milles. Si l’état de la mer l’y autorise, Dominique lâchera encore un peu la bride de son Temenos car c’est bien toujours et encore l’avant de la flotte qui motive le bonhomme.
Aux prises avec leurs soucis mécaniques respectifs, Nick Moloney (Skandia) et Marc Thiercelin (Pro Form) poursuivent leur route Nord vers l’Australie. Les deux hommes semblent hésiter à rentrer dans le vif du sujet avec leurs bateaux blessés. Surmotivé par la proximité (Leeuwin est à 230 milles) de sa terre natale, Nick déploie énergie et imagination pour reconditionner son Skandia. Marc a, quant à lui, bien fait le tour des problèmes de son Pro Form. Rien ne lui rendra son bout dehors et ses voiles de portant parties au vent mauvais. La déplorable tenue de sa tête de mât s’ajoute à la litanie de ses inquiétudes.
Un petit bord dans le Sud hier a permis à Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) de grappiller quelques milles à Patrice Carpentier (VM Matériaux). Les deux hommes naviguent à nouveau sur des routes parallèles en attendant l’empannage qui les placera en bonne condition pour passer la porte au Sud Ouest de l’Australie. Conrad Humphreys (Hellomoto) a des ailes. Motivé par son impérieux désir de réintégrer la flotte et poussé par le rapide déplacement de la dépression, il fond sur les tableaux arrière du Benefic de Karen Leibovici et d’Akena Verandas de Raphaël Dinelli. Conrad ne fermera plus la marche du Vendée Globe ce soir.
Des rafales à 45 noeuds et des vagues monstrueuses. “J´ai eu plus de 45 nœuds pendant la nuit. Les vagues sont toujours énormes mais le soleil s´est levé. On a quelques nuages de grains et la mer est impressionnante””. Dans ces conditions, Castorama affiche des vitesses moyennes de 19 nœuds et creuse son avance sur le record à plus de 20 heures ce matin. Lors de sa tentative de record, Francis Joyon était au même moment beaucoup plus lent et se trouvait à 300 milles plus au nord. Mais sur l´ensemble des Mers du Sud, Joyon était allé très vite …
Deuxième temps de référence pour Ellen sur sa tentative de record autour du monde. Hier soir, Castorama a franchi la longitude du Cap de Bonne Espérance à 17h56 GMT (18h56 heure française) après 19 jours, 9 heures et 46 minutes. C´est 10 heures et 45 minutes de mieux que le temps de Francis Joyon l´année dernière…
Du Sud, toujours du Sud …Castorama continue de progresser sur une route plus sud que celle de Francis Joyon et fait cap sur les îles Crozet, à 1250 milles dans son est. Le vent devrait être plus faible au nord de 45S. Le trimaran devra donc descendre jusqu´à 46-47 degrés Sud où les risques d´icebergs deviennent plus importants.
Le vent va faiblir aujourd´hui, mais la prochaine dépression approche … Les conditions difficiles de la nuit dernière vont progressivement se calmer avec un vent soufflant entre 18 et 25 nœuds à l´arrière de la dépression, lorsque Castorama passera une dorsale anticyclonique. Mais la prochaine dépression arrive rapidement par l´ouest et devrait toucher le trimaran d´ici dimanche soir. Le vent forcira alors à 30-40 nœuds et la mer sera plus forte. Avant l´arrivée de cette dépression, le vent va basculer de WSW à NW et Ellen devra empanner bâbord amures pour faire cap plein est le long de 44-45 degrés Sud…
Interview d´Ellen MacArthur (le 18 décembre 2004) “”On a eu plus de 45 noeuds de vent cette nuit. La dépression est passée avec une bascule de vent et j´ai du mettre un peu de nord dans mon ouest, ce qui n´est pas terrible, mais nous avons décidé de ne pas empanner. Heureusement, parce que la mer était vraiment forte et cela aurait pu être dangereux. Les vagues sont énormes… Maintenant le soleil s´est levé et la mer est vraiment impressionnante. En plus de cela le vent n´est pas très stable… Je n´ai pas beaucoup dormi. J´avais la grand voile à 1 ris et le solent, puis deux ris / solent. Je savais que certaines rafales atteindraient 40 noeuds mais je pensais pouvoir garder le solent… mais ce n´était pas terrible, alors je l´ai affalé et j´ai continué sans voile avant pendant quelques heures, après quoi j´ai envoyé la trinquette au cas où le vent monterait à 50 noeuds et où je ne pourrais pas réduire la grand voile. Là, je suis toujours sous grand voile à deux ris trinquette dans un vent soufflant en moyenne à 28 noeuds avec des rafales jusqu´à 37. La température de l´eau a pas mal chuté. De 16 degrés cette nuit à 12 degrés maintenant. J´ai enfourné à plusieurs reprises. Pas très joli. On ne progresse pas aussi vite qu´on le pourrait mais ce serait idiot de tirer sur le bateau. Il suffit d´une forte rafale, d´un peu trop de toile, les étraves qui enfournent, et ça peut mal tourner. Je vais sans doute renvoyer le solent si ça faiblit et puis j´attendrai pour empanner… Le vent devrait faiblir un peu avant l´arrivée d´une autre dépression par l´ouest. J´empannerai ce soir et le prochain front va passer dimanche. Il faudra essayer de rester sur cette nouvelle dépression aussi longtemps que possible. Il y a une énorme dépression dans mon sud qui créé ces fortes vagues, mais d´ici 18h00 GMT aujourd´hui, elle devrait se décaler dans mon sud-ouest. Les vents vont alors tourner nord-ouest et se renforcer. On saura alors quelle route suivre jusqu´aux îles Crozet…””
Totalement mis à nu, le trimaran vainqueur de la Route du Rhum et de The Transat, est quasiment méconnaissable. Entièrement poncé, Géant ne présente, en effet, plus aucune trace de décoration. Seul la structure en composite du 60’ reste en place, l’accastillage, l’électricité, l’électronique et l’hydraulique ayant été démontés et soigneusement rangés.
Le fond de coque
Point de départ de ce chantier hivernal, la découpe de la coque centrale s’est faite relativement rapidement. Par contre, depuis environ 4 semaines, l’atelier de Mer Agitée s’est transformé en atelier de ponçage : ambiance blouses blanches et masque de protection. En effet, Géant a été totalement dénudé de sa peinture et de sa décoration. Jean-Philippe Saliou, second de Michel et responsable de la gestion du planning, nous apportait quelques précisions : « Au début, nous devions garder les peintures au niveau des bordés de coque centrale et des flotteurs mais finalement, et ce dans l’idée d’avoir un type de peinture uniforme, nous avons tout retiré. Au total, ce sont près de 160 kg de peinture et d’enduits qui ont été enlevés ! La nouvelle pose de peinture sur Géant sera échelonnée sur toute la durée du chantier, afin de ne pas immobiliser tout le monde en même temps ». Le nouveau fond de coque, en cours de fabrication au chantier Gepetto de Lorient, devrait être réalisé ces jours-ci et pourra ainsi être livré à Port-la-Forêt début janvier. Commencera dès lors, le travail de greffe de cette nouvelle pièce sur les bordés et cloisons de la partie supérieure de la coque centrale. Pierre-Louis Pillot et Chris Sayer seront plus particulièrement en charge de la réalisation et du suivi de cette partie délicate. Quasiment de la microchirurgie.
Le mât, les foils et la dérive
Livré début décembre, le tube du nouvel espar, fabriqué par la société Lorima, est actuellement en cours d’équipement au chantier CDK Technologie. Le nouveau mât de Géant devrait donc être fin prêt d’ici un mois et demi. De la même façon, la conception des foils, assurée par l’entreprise suisse ZR Concept, avance : les peaux extérieures et les barreaux (tiges métalliques qui structurent l’intérieur du foil) de ces plans porteurs sont en construction. Enfin, les maquettes de la nouvelle dérive à volet, dont sera doté le 60’ la saison prochaine, sont actuellement réalisées au sein de l’écurie Mer Agitée par Goulven Le Clec’h. Outre ces travaux, l’équipe de Michel s’adonne également à une des activités bien connues sur ce type de bateau en période hivernale : la chasse au poids. Ainsi bon nombre d’éléments composites, tels que les aménagements de confort intérieur, ont été revus à la baisse. Toujours dans cette idée, les planchers des postes de barre ont été réduits et les marches de descente dans le cockpit retirées. Nota : L’équipe qui travaille actuellement sur le Chantier de Géant est composée des membres permanents de Mer Agitée, Jean-Philippe Saliou, Eric Carret, Pierre-Louis Pillot, Goulven Le Clec’h, Jacques Fort, Jean-François Cuzon ou encore Laurent Oudin. Fanchic Laurent, Chris Sayer, Sébastien Guillou, Manu Le Borgne, et Kevin Escoffier sont venus renforcer l’équipe de permanents.
Décembre, le mois des récompenses
Soirée des champions de la voile bretonne Présent au Salon Nautique de Paris les quinze premiers jours de décembre, Michel a pris part à de nombreuses manifestations. Les remises des prix tout d’abord, avec celle de la Transat Québec – St Malo, du Championnat ORMA et du Trophée Clairefontaine, qu’il remportait pour la troisième fois en septembre dernier. Mais également aux remises de Trophées : à la Soirée des Champions de la FFVoile, au déjeuner du Championnat du Monde Fico-Lacoste, pour sa 2ème place, et au dîner de l’UNCL. Le marin de Port-la-Forêt était également présent hier soir à Morlaix, où, à l’occasion de la soirée des champions de la voile bretonne, il s’est vu décerner un prix pour sa victoire dans The Transat.
Cap au Nord Est et à petite allure, Roland Jourdain (Sill et Veolia), s’il n’a encore officiellement signifié son abandon, s’éloigne la mort dans l’âme de son Vendée Globe. L’effet « élastique » annoncé dès hier par Vincent Riou (PRB) ou Mike Golding (Ecover) prend bien effet aujourd’hui ; les deux leaders, Riou-Le Cam ont gardé un peu plus de pression que leurs poursuivants à hauteur de la porte placée sous la Tasmanie. Vincent décidément bien terrible s’est laissé glisser sous le vent de Bonduelle à qui il reprend des milles, 28 ce matin, à la faveur d’une meilleur vitesse de rapprochement. Sébastien Josse grimpe sur la troisième marche du podium (provisoire) et accélère en abattant dans un vent de Nord toujours bien établi. Golding lutte pour rester dans ce même flux. Il lâche 50 milles dans la bagarre.
Le départ de Bilou laisse un vide. Dans les cœurs et au classement où les leaders évoluent à présent par groupe de deux. Leaders « historiques » de ce Vendée Globe 2004/2005, Vincent Riou et Jean Le Cam poursuivent en mer de Tasmanie leur pas de deux. Avec plus de 200 milles de retard, Sébastien Josse vient de rompre assez brutalement avec le Britannique Mike Golding pourtant revenu hier à 30 milles de son sillage et qui en accuse ce matin… 88. Ce Vendée Globe est riche en surprises de toutes sortes et Jojo en est une particulièrement souriante.
Les vitesses affichées ce matin par le reste de la flotte semblent indiquer que le gros mauvais temps est passé sans trop affecter la bonne progression des bateaux. Conrad Humphreys (Hellomoto) ferme toujours la marche à 3 780 milles du leader Riou. Il a passé Crozet dans le sillage de Karen Leibovici (Benefic) et Raphaël Dinelli (Akena Verandas). Son retard sur ce duo ne se compte plus qu’en dizaines de milles. En limite nord du plateau des Kerguelen, Anne Liardet a placé un coup d’accélérateur pour revenir à 65 milles de Benoît Parnaudeau (Max Havelaar/Best Western), reprenant 20 milles en 24 heures.
Objets de toute l’attention de la Direction de Course depuis hier, Patrice Carpentier (VM Matériaux) et Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) voient, avec un probable soulagement, le cœur de la dépression s’évacuer dans leur Sud. Les deux hommes ont encaissé un sérieux coup de tabac et réussi cependant à échapper au plus fort de la tempête. A plus de 13 nœuds sur la route, Arcelor-Dunkerque ne semble plus handicapé par le paquet d’algues pris dans sa quille et dont Joé avait hier toutes les peines du monde à se séparer. Patrice Carpentier est à 700 milles de la première porte sous l’Australie. Une porte dont s’approche Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec) et que Nick Moloney (Skandia) et Marc Thiercelin (Pro Form) laisseront aujourd’hui loin (250 milles) dans leur sud. Nick n’est plus qu’à 550 miles du Cap Leeuwin et de sa chère Australie.
La mi-parcours sera franchie ce matin par les deux leaders qui se trouveront à 11 840 milles de l’arrivée, soit très exactement la moitié des 23 680 nautiques de la distance théorique totale de ce Vendée Globe.
“Défaut de jeunesse”” Véritable petite merveille de technologie, le 60 pieds “”Sill et Veolia””, construit sur plans Marc Lombard, a connu peu de temps après sa mise à l´eau des soucis de quille. Un “”défaut de jeunesse”” qui avait d´ailleurs empêché Roland Jourdain de participer à la Transat anglaise en juin 2004. Même si ce problème de vibration, survenu au niveau de la liaison entre le voile de quille carbone et le bulbe, ne s´était pas manifesté sur le “”Bonduelle”” de Jean Le Cam, le triple vainqueur de la Solitaire du Figaro avait, lui aussi, fait l´impasse sur la reine des Transats, son 60 pieds étant la copie quasi conforme du “”Sill et Veolia””. Ce premier souci de quille avait été réglé en rajoutant une épaisseur de carbone de chaque côté du voile. Après des parcours de qualification rondement menés, dissipant les derniers doutes des skippers, c´est avec une confiance totale dans leurs montures que Jourdain et Le Cam s´étaient élancés le 7 novembre dernier des Sables. On connaît la suite…
“”Peur que la quille devienne folle”” “”Sauf que ce nouveau problème n´a rien à voir avec le premier. Là, il s´agit de la liaison entre les vérins et la quille, ça se passe dans le puits. Les renforts de carbone se sont décollés, entraînant beaucoup de jeu. On a eu peur que les vérins (NDLR : qui permettent de faire basculer la quille) se désolidarisent dans le puits. Notre crainte était que la quille devienne folle et explose tout. On a donc demandé à Bilou de mettre la quille dans l´axe afin de soulager l´ensemble””, expliquait hier, Gaël Le Cléac´h, fidèle second de Bilou. Au bout du compte, cette quille tout en carbone aura été la cause de bien des malheurs. Dans un premier temps, elle a privé Bilou de la Transat anglaise, course éprouvante qui aurait permis de tester et fiabiliser le matériel. Là, elle vient de torpiller tous ses espoirs au moment même où le Sud-Finistérien revenait aux avant-postes.