LE TRIMARAN IDEC ALLONGE LA FOULEE …

Francis Joyon - Trimaran IDEC
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« A quatre reprises cette nuit mon alarme m’a sorti de ma semi somnolence. Le bateau fonçait dans une brume si épaisse que ma lampe frontale me renvoyait un éclat éblouissant. J’étais au milieu des bateaux de pêche mais incapable de discerner ni leur distance ni leur direction… » A quelques heures du passage sous le Cap Race, à la pointe orientale de Terre Neuve, Francis Joyon vit des heures intenses. Son trimaran surfe sur un bon flux de sud et maintient à présent une vitesse de croisière élevée. Mais les Grands Bancs de Terre Neuve génère en cette période de l’année un froid brouillard qui rend la navigation dans ces eaux très fréquentées extrêmement périlleuse. Conscient du danger car familier des lieux depuis ses nombreuses courses en Atlantique Nord, Joyon passe le plus clair de son temps entre visite sur le pont et surveillance radar. Le pilote automatique se charge de donner à IDEC une trajectoire limpide, bien calée sur l’ortho. « J’ai atteint mon objectif de maintenir une moyenne de 460 milles par jour » explique Francis. « Laurent était parti très vite pour finir un peu plus faiblement. Je suis à priori dans une configuration inverse puisque c’est maintenant, à l’aube du troisième jour que je vais monter en puissance. » IDEC accompagne en effet l’avant d’un gros système dépressionnaire. Le multicoque géant progresse dans un flux de sud appelé à se renforcer dès ce soir, atteignant les 35 noeuds dans la nuit. Francis espère alors être sorti de cette zone à risque sous Terre Neuve, « Je n’ai pas vu le ciel depuis le départ…. Mais il ne semble pas qu’il y ait trop d’icebergs sur mon chemin.» Au stress de la vitesse en plein brouillard, s’ajoute aussi la lutte de l’homme avec sa machine. A chaque variation du vent en force ou en direction, Francis, homme de tous les défis, adapte obstinément la toile au temps, ne serait ce que pour quelques minutes. Il a ainsi cette nuit passé en revue ses principales voiles d’avant, du grand au petit gennaker, sans oublier le solent, soucieux de rester en permanence au maximum des possibilités de son multicoque. Des mètres carrés de toile rêches à enrouler, dérouler et affaler, à l’avant d’une machine lancée dans le froid et la brume à plus de vingt nœuds… Serein et posé malgré l’effort continu et le manque de sommeil qui s’installe, Francis laisse dans la difficulté transparaître son bonheur d’être en mer. Son bateau le ravit et les perspectives météo sont à la hauteur de ses attentes, fortes, puissantes, établies pour durer.

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