Le petit retard accumulé suite à deux enchaînements météorologiques moins favorables que prévus, jeudi après-midi au large de l’île Sable et jeudi soir sur les bancs de Terre-Neuve, ne devrait pas être pénalisant sur le résultat final : une trentaine de milles ne représente qu’une heure de navigation ! Groupama 3 est en effet de nouveau sur des rails vers le cap Lizard avec un vent favorable de Sud-Ouest de 30 nœuds qui doit forcir à plus de 35 nœuds. Comme la mer reste maniable, même si elle commence à se former, la vitesse moyenne de Groupama 3 reste constante au-dessus de 34 nœuds.
Forte accélération
Chef de quart, Frédéric Le Peutrec est revenu sur ces premières 36 heures de mer et sur le « duel virtuel » que se livrent Groupama 3 et Banque Populaire (parti 2h 35 après de New York) :
« Le jour s’est levé depuis une heure et demie : on est à bloc vent de travers en train de sortir des bancs de Terre-Neuve. La mer se forme doucement, mais elle n’est pas méchante et la brise se renforce progressivement : on marche régulièrement entre 35 et 40 nœuds ! On attaque…
On ne voit pas grand-chose dehors à cause de la brume, mais le vent de secteur Sud-Ouest n’est pas froid même si c’est plutôt humide. On a entre 25 et 30 nœuds de vent et il y a quelques heures, nous avons affalé le gennaker pour envoyer la trinquette et la grand voile est prête à être réduite. Le vent va normalement monter et ça va devenir de plus en plus musclé !
Il n’y a pas de stratégie particulière avec ce vent stable : on jette un coup d’œil dans le rétroviseur pour surveiller la différence de potentiel avec l’équipage de Pascal Bidégorry. On reste sur notre propre rythme, comme pour le record de la Méditerranée. Si Pascal et son équipage sont un peu plus rapides que nous et qu’ils n’ont pas de problème de manoeuvres, nous aurons du mal à récupérer notre petit retard… On privilégie notre navigation en mettant toutes nos forces dans la bagarre : on ne peut pas faire grand chose de plus que ce que nous avons fait ! Dans la bonne humeur, relâchés et concentrés en respectant notre temps de récupération… »
Au Sud de l’orthodromie
En pondérant les distances parcourues toutes les douze heures, on constate que les deux trimarans restent tout à fait dans les temps pour battre le record de la traversée de l’Atlantique (4j 03h 57′ 54”). En 2007, Groupama 3 avait dû obliquer vers l’Est et même le Sud-Est pendant quelques heures pour longer la bordure septentrionale de l’anticyclone des Açores au point de devoir empanner trois fois… Sa deuxième journée de mer n’avait donc pas été très rapide et Groupama 3 avait alors perdu près de cent milles en 24 heures sur le précédent record ! Il est donc presque acquis que Franck Cammas et ses neuf équipiers vont accumuler ce vendredi soir (après deux jours de mer) plusieurs dizaines de milles d’avance sur le tableau de marche de référence. D’ailleurs dès ce vendredi après-midi, les trajectoires virtuelles vont se croiser et le gain par rapport au temps de référence de 2007, va être conséquent avant même d’atteindre la mi-parcours (vers 21h, heure française). Ce carrefour au milieu de l’Atlantique risque fort d’être le point clé de cette traversée, et ce pour les deux candidats en lice…
Désormais à 120 milles dans le Sud de la route la plus courte Groupama 3 va pouvoir tirer un trait direct vers la pointe de l’Angleterre en se maintenant devant le front froid : la trajectoire s’annonce donc optimale avec des vitesses moyennes qui vont friser les 35 nœuds ! L’estimation d’arrivée (ETA) reste donc prévue pour dimanche après-midi ou en début de soirée, ce qui descendrait le record de plusieurs heures. Reste à savoir si Pascal Bidégorry et son équipage auront un réel bonus dans ces conditions météorologiques musclées avec leur trimaran plus long (+8,5 mètres) et plus puissant dans la mer formée. Le rythme annoncé pour ce vendredi après-midi va, en tout cas, affoler les compteurs…