Le rythme à bord :
Michel Desjoyeaux : « Je n’ai pas souvent fini une course de 15 jours avec les poignets en vrac comme aujourd’hui. Nous n’avons pas non plus eu beaucoup le temps de sécher. Il y a deux jours, on était encore en ciré. D’habitude dans le Pot au Noir, on peut prendre des douches. Avec ces bateaux là, à 25 nœuds, la douche, c’est à l’eau salée en permanence ! Sinon, nous nous sommes relayés toutes les 2 ou 3 heures. Hugues étant un bon barreur de nuit, je l’ai parfois laissé barrer pendant 3 ou 4 heures de suite. Moi, je faisais souvent le début d’après-midi.
Le rythme de la course :
MD : « Cette édition a vraiment été difficile. Ce parcours en double, je ne le ferai jamais en solo. A deux, tu peux pousser le bateau sans prendre trop de risques. Le but du jeu est de s’approcher des limites. En double, on y arrive en étant raisonnable.»
Le résultat :
MD : «Le problème, c’est qu’il y a deux bateaux devant nous. Cela signifie que nous n’avons pas encore la bonne solution. Mais avant de gagner, il faut finir. C’est ce que nous avons fait. Mais puisqu’il y a deux bateaux devant nous, cela signifie peut être que nous n’avons pas assez appuyé sur l’accélérateur. »
Hugues Destremau : « On est un peu déçu du résultat. 15 milles, c’est pas assez pour ne pas avoir de regrets. »
MD : « La limite, ce n’est pas un trait dessiné sur une feuille de papier. Ce serait trop facile. A l’arrivée, j’ai fait un peu le pitre mais ce n’est pas des figures qu’on fait en mer. Ce que je remarque, c’est que les quatre bateaux qui arrivent on fait tout le championnat. La voile est un sport mécanique, la casse fait partie du jeu. Si on ne veut pas prendre ce risque, il ne faut pas faire de sport mécanique. Aujourd’hui, les gens voudraient de l’aventure, c’est-à-dire « au petit bonheur la chance, en espérant que ça le fasse », cela va à l’encontre de ce que veulent nos partenaires, de la rigueur, du professionnalisme, du bon usage de ce qu’ils nous allouent. »
La navigation avec Hugues :
MD : « C’est un vrai plaisir de naviguer avec Hugues. Il te rappelle sans cesse, au cas où tu l’aurais oublié, que naviguer sur ces bateaux là est un vrai privilège. »
La navigation avec Mich Desj :
HD : « Avec Mich, je crois que nous avons des limites proches. On réduit au même moment. On a souvent les mêmes idées. »
La navigation à bord du multicoque 60’
Les erreurs stratégiques ou tactiques
HD : « On perd la course entre Madère, les Canaries et le Cap Vert. Un bord de reaching où il fallait être à fond. C’est ce qu’a fait Banque Populaire mais il a mis la barre très haute. »
MD : « Nous avons aussi fait une erreur ce matin. Nous avions la porte grande ouverte par rapport à Gitana XI. Nous n’avons pas percuté assez vite sur l’opportunité qui nous était offerte. On s’est fait avoir. D’autant que nous ne savions pas que Gitana XI avait un problème de gennaker. »
L’état du bateau à l’arrivée
MD : « Le bateau est nickel. Du moins, nous n’avons rien vu d’anormal mais nous n’avons pas non plus tout inspecté. Par exemple, nous n’avons pas regardé le dessous des bras. Mais nous n’avons pas déchiré de voile, pas cassé une latte. On a fait du bateau à voile, c’était sympa ! »
HD : « Pour moi, c’était une première transat à bord d ‘un multi 60’. Quand on navigue la nuit à 30 nœuds avec comme seul repère les yeux rivés sur les compteurs, cela fait accélérer le palpitant ! Une fois, de quart, j’ai fait une grosse bêtise. On a failli foutre le bateau sur le toit. Il y avait seulement 15 nœuds de vent. Là, on se dit qu’on est vraiment sur le fil en permanence. »
MD : « Après ça, il a compris à quoi ça servait de choquer l’écoute de gennaker. Et il a ramené les écoutes au taquet près de la barre ! »
HD : « Mais la première chose que je devrais dire, c’est le bonheur que j’ai ressenti du début à la fin de cette transat. Vraiment, cette transat Jacques Vabre a été un GRAND MOMENT DE BONHEUR !»
Source Géant
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