Guillaume Pirouelle et Cédric Chateau (Seafrigo-Sogestran), remportent la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie en catégorie CLASS40 à l’issue d’une course au suspense haletant. Lundi 17 novembre à 15h57 min et 43 secondes (20h57 43s à Paris), Guillaume Pirouelle et Cédric Chateau ont franchi les premiers la ligne d’arrivée des Class40 en baie de Fort-de-France, sur l’étape 2 entre La Corogne et Fort-de-France pour la 17ème édition de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie. Avec un temps de course cumulé de 19j 2h 34mn et 46s, SEAFRIGO – SOGESTEAN remporte la course en Class40.
Le duo normand Guillaume Pirouelle et Cédric Chateau, réguliers dans le groupe de tête dès le départ du Havre, signent une course combative et exemplaire. Deuxième à La Corogne, 21 minutes seulement derrière SNSM FAITES UN DON !, les Havrais choisissent ensuite une route plus au sud dans l’Atlantique. Un pari mesuré mais qui se révèle progressivement gagnant. Mille après mille, ils réduisent l’écart, portés par une belle vitesse dans les alizés. Avec patience, ils finissent par prendre la tête de la flotte à quelques jours de l’arrivée en Martinique. Et s’y accroche jusqu’au bout. La course aura été serrée jusqu’au bout ; ils remportent la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie avec un écart de 7 minutes devant les deuxièmes. Cette victoire confirme leur statut de favoris en Class40. Elle témoigne aussi de leur capacité à rebondir : deux ans après leur collision au départ de l’édition 2023, qui les avait contraints à d’importantes réparations avant de terminer quatorzièmes, les Normands signent ici une performance remarquable et pleinement aboutie.
Pour le dernier podium de cette 17e édition de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie, les Class40 ont offert un scénario digne des meilleures séries télé. Épilogue d’une Route du Café aussi épique que disputée chez les petits monocoques et où le chronomètre a été le meilleur ami comme le meilleur ennemi de certains duos.
Il est un peu plus de 15 h, lorsqu’une voile blanche, gonflée par le vent et l’envie, apparait au détour du Cap Salomon. Seafrigo-Sogestran est en approche de la ligne d’arrivée, pourtant rien n’est encore gagné.
21 minutes décisives
A l’entrée de la baie des Flamands, Guillaume Pirouelle et Cédric Chateau le savent : ils doivent franchir la ligne avec le maximum d’avance sur leurs poursuivants, SNSM Faites un don ! Imperturbables, insensibles aux bateaux qui commencent à les escorter, les deux Havrais veulent cette victoire. Mais un chiffre les taraude : 21 min. C’est l’écart qui les sépare de Corentin Douguet et Axel Tréhin au classement général après la première étape depuis La Corogne. Et le redoutable duo est sur leurs talons. Si, à l’arrivée, Guillaume et Cédric les distancent de plus de 21 minutes, le trophée est pour eux. “On a fait de jolis résultats sur toutes les épreuves de la saison”, racontera Cédric Chateau après l’arrivée. “Il nous restait à mettre un point sur l’épreuve majeure qui est la Transat Café L’Or.” Les mains sur les écoutes, Guillaume Pirouelle ne peut s’empêcher de jeter un œil par-dessus son épaule, la concurrence est-elle en vue ? Pas encore. Les deux skippers accélèrent et coupent la ligne à 15 h 57 min 43 sec. Le décompte peut commencer…
“C’était très long, beaucoup plus que 21 minutes”, concède Guillaume Pirouelle. “Autour de la Martinique, on voyait les écarts se faire et se défaire et on pensait que ça pouvait le faire mais tant que la ligne n’était pas passée pour Corentin et Axel, on restait prudents. On sait que ce sont de sacrés adversaires et qu’ils étaient capables de revenir.”

7 minutes maudites
Les minutes s’égrènent et le duo Douguet-Tréhin arrive à son tour pleine balle dans la baie… Mais trop tard. “À l’îlet Cabrit, on a pris un casier et Axel a dû plonger pour aller enlever un casier qui était pris dans la quille”, raconte Corentin. “On s’est dit que ces minutes-là allaient nous coûter cher.” Verdict : 7 minutes, voilà le chiffre maudit pour le duo qui passe la ligne en deuxième position à 16 h 26 min 42 sec. Tandis que Guillaume Pirouelle et Cédric Chateau peuvent exulter sur leur bateau, Corentin et Axel accusent le coup, durement. “Ce ne sont pas les 21 dernières minutes qui étaient compliquées à vivre, ce sont les 7 dernières, les 7 manquantes”, confie Corentin sur le ponton d’honneur. “Quand ça se joue comme ça, à aussi peu sur une transat aussi longue, c’est qu’on n’a pas été assez bons.” Un jugement dur alors que le tandem a brillamment déroulé sa course en choisissant l’option la plus compliquée. “Je pense qu’on peut être fiers de ce qu’on a fait”, veut relativiser Axel Tréhin. “De la même manière que Corentin, j’étais assez surpris quand j’ai vu qu’on était peu nombreux à partir dans l’Ouest, sur une route qui me paraissait être la bonne. On savait que ça allait être dur.”
Sur le ponton d’honneur, les deux bateaux côte à côte se félicitent. Chacun a joué avec talent sa partition. Pour Cédric Chateau, le tandem Douget-Tréhin était “l’équipage à battre” qui n’aura perdu qu’une seule régate cette année : la TRANSAT CAFÉ L’OR. “On est très contents de finir devant eux” poursuit Cédric. “C’est vraiment une équipe ultra forte, très préparée. Je dirais quand même qu’on a flippé un petit peu pendant toute la transat, mais on n’a jamais baissé les bras, on a toujours essayé de trouver des solutions, d’aller de l’avant et de donner le meilleur de nous-mêmes.”
Même respect à bord du bateau mitoyen. “On était loin d’avoir un boulevard”, souligne Corentin Douguet. “Surtout face à des gens comme Cédric et Guillaume qui font marcher leur bateau terriblement bien, qui font très peu d’erreurs et qui ont rendu une copie hyper propre sur la route sud.” Sur le ponton, les vainqueurs comme les dauphins sont fêtés dignement, en particulier par les bénévoles de la SNSM, venus en nombre acclamer le duo du bateau éponyme.
19 jours de bonheur
Quelques heures plus tard, une coque bleu, avec l’inscription Les Invincibles, pointe le bout de son étrave dans la baie de Fort-de-France. Une nuit noire qui laisse à peine entrevoir la ligne d’arrivée. William Mathelin-Moreaux et Pietro Luciani doivent manoeuvrer pour la déceler puis la passer au bon endroit à 22 h 55 min 42 sec. Mais qu’importe, les deux comparses ont déjà allumé les fumigènes, le podium leur est acquis, eux qui, il y a encore deux mois, ne pensaient pas prendre le départ faute de budget. “Ce fut le pire départ de ma vie et c’est aussi la plus belle de mes courses”, exulte Pietro Luciani une fois amarré au ponton d’honneur. “On est très mal partis mais on a bien fini donc c’est contrat rempli”, renchérit William Mathelin-Moreaux. “L’objectif de l’année était cette transat, qui ne nous avait pas réussi il y a deux ans puisque on avait percuté un OFNI la première nuit. On avait vraiment une revanche à prendre.”

Une troisième place qui les honore lorsqu’ils regardent ceux grimpés sur les deux premières marches. “On est content de faire partie de ce groupe de marins de ce niveau-là”, confie Pietro. “Le niveau de ces deux premiers bateaux, tout au long de la course, était un petit cran au-dessus de tout le monde. Partager le podium avec eux c’est vraiment bien.”



















