Au 15e jour de course, le rythme des Class40 pourrait être qualifié de lent voire de nonchalant. Mais les duos sont aux manœuvres et réglages pour arriver le plus vite possible de l’autre côté ! L’écart entre le nord et le sud se resserre. Corentin Douguet et Axel Tréhin profitent pleinement de leur option plus à l’ouest pour avancer à 11,4nds alors que Seafrigo-Sogestran et les Invincibles au sud doivent composer avec des alizés instables à 1000 nm de l’arrivée.
L’hémorragie se poursuit pour les Nordistes qui continuent de voir fondre leur avance comme neige sous l’alizé. SNSM Faites un don ! a réussi à se dépêtrer des hautes pressions qui l’accompagnent sur la route de Fort-de-France. Il n’a plus que 40 milles d’avance sur Seafrigo-Sogestran et sur Les Invincibles leaders au Sud, une avance qui a culminé à 378 milles le week-end dernier. La situation devrait évoluer ce mercredi où il restera encore 1000 milles pour s’expliquer. 1000 milles où l’alizé pourrait disparaitre des radars, ce qui laisse le match Nordistes-Sudistes très ouvert.
Ces conditions incertaines vont devenir franchement problématiques pour les retardataires. Si les premiers sont attendus entre lundi et mardi prochain à Fort-de-France, la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie pourrait durer une semaine de plus pour certains qui n’auront d’autre choix que de se rationner…
Nord ou Sud, toujours une histoire de pari
Ce n’est pas si vieux, c’était il y a deux ans. Souvenez-vous de cette Route du Café où dans la classe IMOCA, Team Snef – TeamWork partait sur la route Nord, abandonnant le troupeau avant Madère et créant la sensation. Culottée et engagée, l’option ne se révéla pas payante au final mais Justine Mettraux, associée à l’époque à Julien Villion signait une belle sixième place et gagnait le respect de tous
Ce n’est pas si vieux, c’était samedi dernier. Pendant que Fort de France fêtait les héros des trois autres catégories engagées, SNSM Faites un don détenait plus de 378 milles d’avance à 1800 milles de l’arrivée sur le leader du peloton parti au Sud. Mais on savait déjà que le tandem composé de Corentin Douguet et Axel Tréhin, emmenant avec lui sept autres bateaux ne resterait pas dans une situation aussi confortable, façon de parler pour ceux qui sortaient alors d’une semaine particulièrement rude dans le Nord avec trois passages de front. « Il va falloir sortir le pied de biche pour passer les hautes pressions » prévenait alors Axel Tréhin. Mais imaginait-il que l’effort à fournir pour récupérer l’alizé serait aussi soutenu et que la progression, directe certes, serait aussi lente. « Sur les modèles ensemblistes, 25% des routages donnaient quand même le Sud gagnant avant le départ, ce qui signifie que certains modèles prévoyaient bien le risque d’une route qui se referme en haut » explique Yann Château à la Direction de course. De leur côté, les leaders du Sud ont joué leur option à fond : « Quand ils ont plongé, ils n’y sont pas allés à moitié dit Francis Le Goff. Il fallait profiter de la queue du front, c’est là que les écarts se sont creusés au sein du peloton, pas tellement dans l’alizé où les vitesses sont très proches entre les bateaux »
Au pointage de dimanche dernier à 13 heures, William Mathelin-Moreaux et Pietro Luciani (Les Invincibles) venaient d’abattre 307 milles en 24 heures, plus de 100 de mieux que SNSM Faites un don. Au final, le plus prompt sur la route des Alizés a été Seafrigo-Sogestran des normands Guillaume Pirouelle et Cédric Château. À l’heure où nous bouclons ces lignes, il n’est plus qu’à 35 milles de SNSM Faites un don et pourrait s’emparer de la tête du classement dans les douze prochaines heures…
Les premiers ne seront pas les derniers !
Si tout ne se passe pas comme dans les livres pour les Nordistes et que les modèles ne sont pas parole d’évangile, les 1000 derniers milles de course devrait cependant nettement rebattre les cartes. Une dépression assez creuse va se former le week-end prochain au Sud des Bermudes et entraîner une rupture nette de l’alizé, envoyant même des vents de Nord-Ouest sur l’arc antillais. A ce jeu, la position « à droite du parcours » de SNSM Faites un don, sera favorable puisqu’ il n’aura pas de bord à tirer contrairement aux Sudistes : « Dans tous les routages qu’on lance, les leaders du Nord finissent sur le podium ou tout proche, avec une part d’incertitude importante puisqu’on n’est qu’à 6 jours au mieux de l’arrivée» confirme Yann Château. Le dernier chapitre de cette TRANSAT CAFÉ L’OR s’annonce donc aussi éprouvante que passionnante, avec un match Nord-Sud ouvert qui pourrait durer jusqu’au bout.
Un café allongé, limite americano pour certains…
Vu de son ordinateur, on pourrait croire à une Route du Café spécialement longue. C’est un peu vrai à cause de l’escale à La Corogne des Class40. Mais chiffres en main, elle devrait se terminer dans un timing pas si éloigné des dernières éditions. Les leaders avaient mis plus de 18 jours en 2021 sur une distance quasi équivalente et 21 jours en 2021 sur un parcours faisant doubler le Cap Vert. « Les autres classes sont allés très vite et c’est ça qui laisse penser à une course lente des Class40 » fait observer Francis Le Goff.
Reste que la direction de course surveille de près les retardataires qui ne pourront malheureusement pas arriver dans le temps de course, même si la fermeture de ligne a été repoussée pour la deuxième fois, fixée désormais au 24 novembre. A date, sur les 35 concurrents en course chez les Class40, huit doivent encore parcourir plus de 2000 milles pour rallier Fort-de-France. Si le rationnement de la nourriture est sans danger, la question de l’eau ne prête pas à sourire, car tous les Class40 ne sont pas équipés de dessalinisateurs. Chaque bateau avait droit à 160 litres de contenant maximum au départ. À cela s’ajoute les 20 litres du bidon de survie ou encore les réserves contenues dans les radeaux en cas d’extrême limite. Le recours à ces réserves est évidemment soumis à pénalité, de 2 à 24 heures pour rupture volontaire d’un plomb…




















