Transat Café l’Or. les équipages en Class40 contraints de se rationner

Ils sont encore 35 Class40 en course, avec une ETA qui ne cesse de se décaler, obligeant certains équipages à commencer à se rationner en eau et en nourriture. La date de fermeture de la ligne d’arrivée a, elle aussi, été repoussée au 24 novembre.
Les premiers sont attendus entre lundi et mardi prochain à Fort-de-France, tandis que la course pourrait durer une semaine de plus que prévu pour le reste de la flotte. L’écart entre le leader SNSM – Faites un don, au nord, et Seafrigo – Sogestran ainsi que Les Invincibles, au sud, est désormais de 4 nm ce jeudi matin. L’option sud reprend des couleurs.

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A date, sur les 35 concurrents en course chez les Class40, huit doivent encore parcourir plus de 12000 milles pour rallier Fort-de-France. Si le rationnement de la nourriture est sans danger, la question de l’eau ne prête pas à sourire, car tous les Class40 ne sont pas équipés de dessalinisateurs. Chaque bateau avait droit à 160 litres de contenant maximum au départ. À cela s’ajoute les 20 litres du bidon de survie ou encore les réserves contenues dans les radeaux en cas d’extrême limite. Le recours à ces réserves est évidemment soumis à pénalité, de 2 à 24 heures pour rupture volontaire d’un plomb… Les grains seront les bienvenus pour refaire de l’eau.

À quelques jours de l’arrivée, rien n’est joué. Lors de la vacation de ce matin, les leaders eux-mêmes se disaient incapables d’imaginer le dénouement de la course. Il reste difficile de se fier aux prévisions de vent, même si, sur le papier, la route sud semble plus favorable.
En revanche, à l’exception de l’équipage de Corentin Douguet et Axel Tréhin, les sept autres bateaux engagés au nord paraissent nettement ralentis par le centre anticyclonique qui les a happés, à l’image des équipages de Legallais, VSF Sports ou Trimcontrol.

Corentin Douguet (SNSM FAITES UN DON !) “En tête ou pas, on va se bagarrer jusqu’au bout pour faire le mieux possible. On sait que notre position au nord n’est pas forcément simple. On attaque les 24-36h cruciales pour voir comment on arrive à redescendre, à se placer vers le sud. Pour l’instant, les concurrents qui nous inquiètent le plus, ce sont forcément les leaders du sud : Seafrigo – Sogestran et Les Invincibles. Ils sont dans une belle position. C’est le jeu de la régate. D’un routage à l’autre, parfois c’est positif, parfois ça l’est moins. A quelques milles ou dizaines de milles près, les choses peuvent basculer fort. On a le schéma en tête, on sait ce qu’on veut faire, on espère que ça va se passer comme sur le plan. Les conditions sont quand même assez atypiques, il y a eu une belle rupture des alizés.

Cédric Chateau (SEAFRIGO – SOGESTRAN )
La température est bien montée ces derniers temps. Mais en dehors de ces considérations climatologiques, on est plutôt content de l’endroit où on se trouve avec Guillaume. On a eu une nuit un petit peu mouvementée la nuit dernière parce qu’on a eu pas mal de passages de grains, avec des gros changements de vent, en intensité et en direction. On s’en est pas trop mal sortis, mais on sent que les nuits vont devenir piégeantes. Cette nuit par exemple, on a eu quasiment 17 nœuds pendant 2h, et après pendant 3h seulement 12 ou 10 nœuds. Donc ça va supposer à ce qu’on soit vraiment sur la machine pour faire avancer le bateau au max de ce qu’on peut faire parce que les arrivées sur la Martinique pourraient être serrées finalement. SNSM Faites un Don !, ils ont remis un peu des milles au compteur avec une belle arrivée de flux de nord. Ils nous ont un petit peu redistancé. Ils sont toujours de gros prétendants à la victoire je pense.

Fabien Delahaye (LEGALLAIS)
“Depuis deux jours, on voit qu’on n’a pas trop d’échappatoire que de se faire manger par cet anticyclone. Ce qui a été le cas hier soir où les vitesses ont commencé à chuter et puis on a eu une nuit très compliquée. Là, on va au sud du centre anticyclonique avec du vent de sud, on fait du près, dans de tout petits temps en attendant que le vent revienne cette fois-ci d’est et qu’on puisse descendre vers la Martinique. Ce nouveau vent sans transition qui devrait nous emmener vers les alizés, faibles, mais vers les alizés.”

William Mathelin-Moreaux (LES INVINCIBLES)
“Le moral est bon, on est contents d’être là où on est et on sait que la fin va être intense, non pas par le vent, mais par la bataille avec les autres. On va essayer de garder notre position et de ne pas faire de bêtises. Les vents sont quand même assez légers, on a 10-11 nœuds. C’est des allures où ça ne va pas très vite, mais il suffit de 2-3 nœuds en plus pour que le bateau démarre vraiment. On barre toute la journée pour ne rien laisser passer, pas une vague. Il faut quand même rester lucide et en forme jusqu’à la fin.”