Les Canaries sont désormais dans le sillage des 3 IMOCA du group sud qui vont commencer à accélérer sérieusement. Paprec-Arkea, le plus au sud est bien placé et a pris un petit avantage sur Charal. Les 2 bateaux vont devoir négocier le dévent de Grand Canarie avant de réellement faire parler la poudre au portant vmg dans les alizés. Thomas Ruyant et Morgan Lagravière qui ont choisi une autre voie en passant à l’ouest de Grand Canaria sont bien placés également mais contraint de rester quelques heurs de plus dans un couloir por évoter le dévent de l’île. D’ici ce soir on verra si cette option sud est payant.
Yoann décrypte la situation : « l’option Sud offre des garanties quasiment jusqu’au bout avec des vents portants que l’on connaît. En revanche, c’est une route plus longue donc il faudra compenser la distance avec de la vitesse. L’option Ouest est en revanche plus courte mais elle est beaucoup plus incertaine ». Il faudra attendre l’arrivée pour savoir quel était le chemin le plus pertinent. « Les dés sont jetés, pendant un moment, les bateaux de l’Ouest seront mieux classés que nous mais on verra ce que ça donne d’ici une semaine », sourit Yann le co-skipper si expérimenté. Pendant ce temps à bord, la routine est bien en place. Les deux hommes se sont succédé à la barre, Yoann a dû « bricoler un peu dans le bateau pendant l’après-midi et les petits plaisirs du bord sont nombreux. Il nous reste encore des fruits frais et puis il nous arrive d’échanger des tranches de saucisson et du fromage entre deux quarts », apprécie Yann. De quoi se requinquer et être d’attaque pour la suite. Ce dimanche, les Canaries se rapprochent et il convient de bien se positionner afin « d’attraper les alizés et là ça va débouler vite ! » prévient Yann Eliès, le co-skipper.
À bord de For People, Morgan Lagravière, plante le décor dans une note vocale envoyée en fin de nuit. « On a des bouchons d’oreilles pour nous protéger des sifflements des foils dans les aigus. Avec Toto, on arrive à peine à se parler. Mais sinon le bateau est au top. Il nous régale dans des conditions de vent portants, il a comportement hyper marin, hyper sain On fait des super moyennes de vitesse. C’est un bonheur permanent », raconte le vainqueur en titre avec Thomas Ruyant, aux côtés duquel il récidive sur cette Route du café. Ce matin, il se félicite de cette route sud qui lui garantit de régater avec les plus récentes unités de sa catégorie.
Mais gare aux partisans du nord, qui bénéficient toujours de la faveur des routages, et qui ont aussi le privilège de progresser dans le bon tempo. « On est à 150 milles dans l’est des Açores, on a un ciel un peu couvert, la mer est bien rangée, avec un clapot qui fait que ça tape. On a 20-22 nœuds de vent. On a le scénario prévu et maintenant faut faire avancer le bateau », rassure Julien Villion, premier de cordée sur cette route escarpée. À bord de Teamwork.net, le co-skipper de Justine Mettraux progresse très proche du duo de Groupe Dubreuil qui met aussi du charbon dans la machine sur cette route exigeante. Seule une poignée de milles sépare ces deux bateaux, qui se préparent à traverser un premier front, pas très actif lundi matin.