On ne présente plus Bernard Stamm. Le "bûcheron des mers" est aujourd’hui l’un des meilleurs skippers Imoca de la planète. On ne gagne pas deux fois de suite le tour du monde en solitaire avec escales par hasard.
Pourtant, Stamm a changé : il a cessé de construire ses montures dans un hangar du côté de Lesconil. Son "Superbigou" est aujourd’hui à vendre et le skipper-armateur de "Cheminées Poujoulat" a cassé sa tirelire pour s’offrir l’ancien "Virbac" de Jean-Pierre Dick. Très vite, il a constaté que ce plan Farr accusait un déficit dans les petits airs et que, du coup, il était vain de s’aligner au départ du tour du monde en double à Barcelone l’année prochaine. "Pour le booster, il me fallait un type qui soit capable de me dire : "Il faut faire ceci et pas cela et qui argumente derrière. Qui me dise : Bernard, tu as tort et voilà pourquoi tu as tort" ".
Test grandeur nature
Ce quelqu’un, c’est Tanguy Cariou, un pur produit de la filière olympique. A 34 ans, ce Douarneniste possède un joli palmarès : champion du monde et d’Europe en 470. "Une décevante 14e place aux JO 2.000 de Sydney aussi. Du match-racing, du Tour de France à la voile, deux America’s Cup", ajoute-t-il.
Et plusieurs navigations en tant que tacticien sur le "Groupama 2" de Cammas. Aussi, lorsqu’en juin dernier, Stamm l’a appelé, il n’a pas réfléchi pendant deux mois : "C’est une belle opportunité. Je ne suis pas là uniquement pour épauler Bernard sur la Transat, mais pour l’aider à optimiser le 60 pieds qui accuse un petit déficit par rapport aux bateaux de la dernière génération. La Transat servira de test grandeur nature, sachant que l’objectif, c’est le Vendée Globe 2008".
Un bateau physique
Et le Douarneniste d’avouer avoir été séduit par le personnage : "Nous sommes très différents humainement parlant mais très complémentaires à bord. Lui, c’est un marin expérimenté au large. Moi, j’ai la culture de la régate. J’aime cette différence". Ravi de papilloner d’une plateforme à l’autre, Cariou entend jouer à fond son rôle sur le 60 pieds : "Moi, je n’ai pas dix ans de Figaro derrière moi", explique Stamm qui avoue ne pas avoir trouvé le mode d’emploi de son nouveau pur-sang : "Il est physique ce bateau-là, plus physique que l’ancien. Maintenant, même si je sais que le bateau sera fin prêt en juillet 2008, je ne m’aligne jamais au départ d’une course si je sais que je n’ai aucune chance de la gagner". Et selon eux, pour espérer gagner ou, du moins, monter sur le podium, il faudra savoir "gérer, lever le pied, ne pas casser, appuyer sur la pédale et être en mesure de régater jusqu’à la fin : si on arrive à faire tout ça, on se rapprochera de la première place".
Philippe Eliès/Le Telegramme























