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Le jeune homme tranquille

Antoine Koch Sopra Group Route du Rhum 2006
DR

Antoine Koch a toujours eu de la suite dans les idées et une vision de son destin à long terme. Lorsqu’il disputait la Solo Le Télégramme Côtes d’Armor en 1997 et 1998, il se projetait déjà dans le Vendée Globe. Les circonstances et l’opportunité de succéder à Philippe Monnet l’ont propulsé à la barre du trimaran Sopra Group il y a maintenant 18 mois.
 
Passionné de technique
D’équipier intérimaire , il est devenu le skipper titulaire.  Avec les obligations liées à la fonction." Ce qui me passionne c’est de travailler tous les aspects du métier la gestion du projet , le développement technique qui correspond à ma formation et la partie sportive." La difficulté du challenge ne semble pas l’effrayer outre mesure. " Lorsqu’il m’a été proposé j’ai réfléchi.  Pour SOPRA  c’était le choix d’un projet jeune s’inscrivant dans la durée, avec l’idée de bosser sérieusement et discrètement. L’objectif majeur étant la Route du  Rhum , cela me laissait le temps pour me préparer. J’ai réuni une équipe, on a navigué pour bien comprendre le bateau. Le constat de déficits de vitesse établi , la priorité était un chantier de de mise à niveau. "
 
Fiabilité et gain de poids ont été les axes directeurs de cette évolution  profonde. Dans un souci de simplication, de nombreux winches ont été supprimés, le réglage longitudinal du mât  a été abandonné. Des barres de flèches disparues ces dernières années sur tous les multis sont réapparues sur Sopra "   Avec les haubans  en fibre(PBO) le gréement  n’est pas lourd et le gain est de 100 kilos sur le tube de mât " explique Antoine qui à l’image de son modèle Michel Desjoyeaux est un fondu de technique.
 
" Tout peut arriver …"
Faute de confrontation directe avec ses adversaires , on manque de repères précis  sur le potentiel  réel du nouveau Sopra Group.  Son pilote lui le connaît car il a avalé les milles ces derniers mois pour faire connaissance avec sa monture. " J’ai fait pas loin de 10 000 milles." Il ne part pas à l’abordage dans l’inconnu  mais est conscient  que ce baptème du feu sur un trimaran de 60 pieds ne sera pas une sinécure. "  Ce sont des bateaux stressants. Il faut être tout le temps sur le qui -vive ,anticiper la météo pour ne pas se faire piéger. On sait que  tout peut arriver y compris le chavirage…"

Le discret  Antoine Koch aborde l’histoire avec humilité et une vraie détermination  " Mon objectif est de faire une course propre , d’amener le bateau en face en bon état et de réussir une belle trajectoire sur l’Atlantique. " Pour y parvenir , il sera routé par Jean Yves Bernot dont il a été l’assistant dans la transat anglaise  et la Jacques Vabre. La bonne méthode  pour enrichir son bagage météo. Car si ce jeune homme discret croit en sa bonne étoile,  il sait aussi  retenir les bons conseils pour tracer son chemin. 
 
Gilbert Dréan

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L’IMOCA fait le plein

Premiers bords 60 pieds Delta Dore
DR

L’étiquette de favori semble agrafée dans le dos de Jean Le Cam (VM Matériaux). Lui s’en défend avec son bon sens naturel. « Ce sont les médias qui décident de ça. On verra sur l’eau ». Il n’empêche, le Roi Jean ne part pas pour étalonner sa monture et n’a pas peur des trois nouveaux monocoques. La motivation se ressent et son bateau polychrome à tendance fuchsia est parfaitement au point. Idem pour son sistership rouge et bleu, aux mains de son ami Roland Jourdain (Sill et Veolia). Bilou n’est pas plus inquiet, mais il aurait préféré une météo un peu plus musclée au départ. « Cela aurait permis d’écrémer un peu. On n’aime jamais trop le vent fort quand on vient de mettre à l’eau un nouveau bateau ! Sur le papier, les nouveaux monocoques vont plus vite que nous, mais sur ce Rhum, on doit pouvoir s’en sortir. »

Ces fameux nouveaux qui suscitent autant de curiosité sont les deux plans Farr de Jérémie Beyou (Delta Dore) et Vincent Riou (PRB) et le plan Owen/Clarke du Suisse Dominique Wavre (Temenos). Des bateaux puissants aux allures et gréements bien différents. « C’est la simplicité qui a prévalu, déclare Vincent Riou. Je voulais un bateau volontairement puissant et surtout facile à manœuvrer. »  Si Jérémie Beyou découvre à la fois la Route du Rhum et le 60 pieds Open, Dominique Wavre et Vincent Riou possèdent tous les deux une très grande expérience du mono 60. Pas besoin de round d’observation. Ils seront dans le coup. Initiateur des plans Farr dans la classe Imoca, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) possède également un voilier capable de pointer le premier son étrave en Guadeloupe. Après trois saisons complètes à bord, Jean-Pierre connaît parfaitement sa monture. De son côté, le Britannique Brian Thompson (Artemis) a bourlingué sur toutes les mers du globe, et sur tous les types de bateaux, du Mini 6,50 au maxi-catamaran. A la barre de l’ancien Pindar, il espère créer la surprise.

Plus dure sera la tâche pour Armel Le Cléac’h (Brit Air), Marc Guillemot (Safran), Anne Liardet (Roxy), Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve Région Basse Normandie) et Philippe Fiston (Adriana Karembeu Paris). Les deux premiers ont loué deux  monocoques d’ancienne génération en attendant la mise à l’eau de leur nouvelle unité l’année prochaine. Anne Liardet, seule femme engagée dans cette classe, connaît déjà les difficultés qui l’attendent, même si sa première participation à la Route du Rhum remonte à 1990. Jean-Baptiste Dejeanty affiche comme objectif de s’étalonner lui-même et le bateau. « Je veux pouvoir faire un bilan complet à l’arrivée. Ce bateau a beau être de la dernière génération, il est encore loin de son potentiel maximum ».  Pour Philippe Fiston, à bord du plus vieux monocoque de la flotte, être le premier Guadeloupéen à terminer la Route du Rhum dans cette classe sera pour lui une bien belle récompense.

Source La Route du Rhum – La Banque Postale

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Jean Le Cam dans l´effervescence malouine

Jean Le Cam
DR

A trois jours du départ, Jean semble avoir plus que jamais resserré le cercle de ses préoccupations au périmètre restreint de la plateforme de son VM Matériaux. Mais la malice de son regard masque mal l´agitation d´un esprit en perpétuel bouillonnement entre impératifs du moment et construction mûrement fondée des projets d´avenir à court et long terme. La Route du Rhum excite le compétiteur Le Cam qu´habitent une confiance froide et une détermination à toute épreuve. La Classe Imoca des monocoques de 60 pieds a le vent en poupe et excellence et professionnalisme en sont les « devises". Raison de plus de vouloir s´y imposer.

Le Rhum, passage obligé vers le Vendée Globe ?
Les bateaux de course sont la grande passion de Jean Le Cam, et aucune unité, aussi moderne et sophistiquée soit elle ne semble trouver complètement grâce à l’inventivité de son esprit en constante recherche d’absolu. Cette Route du Rhum réjouit et excite un Jean Le Cam qui se présente cette année sur la ligne de départ à la barre d’un bateau en pleine maturation. Rapide à toutes les allures et dans toutes les forces de vent, VM Matériaux va pouvoir confronter sa technologie millésimée 2004 à l’inventivité plus contemporaine des dernières créations de la Classe. Jean s’en réjouit car il échafaude en permanence d’autres options pour sa plateforme. La confrontation tout au long des 3 650 milles de course lui donnera les meilleures occasions d’observer grandeur nature l’efficacité de telle ou telle idée. Alors, la Route du Rhum, laboratoire de validation d’avant le Vendée Globe ? « N’exagérons rien » répond Le Cam, dont le bon sens connaît la valeur d’un sacre à Point à Pître…

Une équipe structurée
Pour aborder dans les meilleures conditions son Vendée Globe 2004-2005, Jean Le Cam avait décidé de réunir autour de lui une équipe structurée et complémentaire. L’arrivée d’un nouveau partenaire, VM Matériaux, lui permet aujourd’hui de travailler dans la continuité avec une équipe complice, parfaitement en phase avec ses conceptions de la course, de la mer, de la vie…
« J’ai conservé la même équipe qui préparait le bateau à l’époque du Vendée Globe ; Michel Olivier est le directeur technique et plus encore de l’ensemble du projet. Frédéric Berrat s’occupe de tous ce qui est bouts et moteurs, ainsi que les voiles. Pascal Dourlen est notre spécialiste ès composite. Il s’occupe donc du carénage et de tous les travaux liés au carbone. N’oublions pas que ce bateau est construit pour 80 /% de carbone. Gérard « Gégé » Nigaud est en charge de la logistique. En plus de cette équipe fixe, notre voilier vient nous donner un coup de main. »

Gérard Nigaud, responsable logistique de Jean
Gérard Nigaud et Jean Le Cam travaillent ensemble depuis une douzaine d’années. Il va sans dire que les deux hommes s’apprécient et partagent de manière viscérale une même approche de la mer et des bateaux. Gérard va jusqu’au coup de canon du départ d’attacher à bichonner un VM Matériaux qu’il a vu naître. Le niveau de préparation et d’optimisation du bateau depuis ses 3 mois et demi de chantier printanier, ajoutées à la froide détermination de son skipper et ami incitent Gégé à un optimisme de bon aloi. « Je ne l’ai jamais vu comme cela ! » s’exclame-t’il. « Nos essais à Port la Forêt orchestrés par le centre d’Entrainement se sont merveilleusement déroulés. » Mais Jean ne s’endort jamais sur une satisfaction momentanée. C’est un fin technicien en perpétuelle réflexion qui déjà placé le curseur de ses ambitions sur 2008 et le Vendée Globe. Ce Rhum ne sera pas un galop d’essai car Jean est aussi un compétiteur et qu’il court pour gagner. Mais nul doute qu’il arrivera à Pointe à Pître riche de mille et une idées pour faire progresser toujours et encore son VM Matériaux.

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Stève ou la sérénité de l´outsider…

Ravussin Stève portrait 2006
DR

Des conditions cousues main pour les trimarans de la nouvelle génération, légers et aux carènes très « pincées » offrant un minimum de surface mouillée. Lancé en 2001 sous l´appellation de Banque Populaire III, le trimaran Orange ne présente pas de telles caractéristiques. Son poids et sa largeur appellent avec appétit vent fort et mer formée, l´exact opposé de la configuration attendue dimanche entre Pointe du Grouin et Cap Fréhel. Ravussin ne s´en émeut pas outre mesure : « La place d´outsider me va bien » déclare dans un haus sement d´épaule le Suisse Stève Ravussin. Il attend l´heure H, ce moment libérateur où toute supputation sombre dans la vanité et où seuls restent les hommes, leur bateau et leur conviction teintée d´humilité devant l´immensité à traverser.

Bon vent, belle mer…
« Il est vrai que j’aime le vent et les conditions musclées » avoue un Ravussin particulièrement détendu à trois jours du départ de la 8ème Route du Rhum. « Comprenez moi bien, je suis aussi très heureux de partir dans des conditions maniables, avec un risque de casse limité. » La ligne de départ unique d’où s’élanceront dimanche les 74 voiliers, maniés par des navigateurs solitaires, promet d’offrir non seulement un grand spectacle télévisuel, mais aussi un redoutable embouteillage de voiles et de carbone croisant et décroisant leurs routes approximatives. Le beau temps, s’il se confirme, encouragera de surcroît moult plaisanciers à investir les 18 milles qui séparent la pointe du Grouin, zone de départ, de la bouée mouillée sous le cap Fréhel et dernière marque de parcours obligé avant le grand large et la Guadeloupe. A l’anticipation de 3 600 milles d’Atlantique s’ajoute donc pour les solitaires et peut-être plus particulièrement pour les 12 pilotes de multicoques de 60 pieds l’inquiétude d’avoir à gérer un plan d’eau sillonné de centaines d’étraves.

Un départ pied au plancher …
Dans l’attente des certitudes météos que ne manquera pas de lui apporter dès aujourd’hui Roger Nilson, routeur-navigateur attitré du clan Orange, Stève Ravussin endosse avec un certain plaisir le costume de poursuivant : « Je pense que tout le monde va partir pied au plancher » explique Stève. « Il faut s’attendre à une surenchère de vitesse surtout dans les petits airs, et une position un brin en retrait dès le départ n’est pas pour me déplaire, à condition bien sûr de ne pas se laisser décrocher ». Le Suisse fourbit donc ses armes, au premier rang desquels la bonne lecture des prévisions météos, aidé en cela par l’inséparable Roger. « La course est longue et les occasions de perdre ou de gagner du temps nombreuses. Mon jeu consiste à trouver des trajectoires limpides et de les suivre le plus rapidement possible. Il faut ensuite compter sur le facteur mécanique. On a tôt fait de perdre plusieurs heures pour un simple changement de lattes brisées. Mais le trimaran Orange a surtout un immense potentiel de vitesse qu’il me faudra exploiter à chaque opportunité, car nous aurons aussi les moyens de creuser des écarts. »
Veille au matériel, lucidité à l’analyse météo, résistance au mal, endurance à l’effort…. bienvenue dans la course au large, version multicoque océanique.

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Vincent Riou, bizuth du Rhum…

Delta Dore au ponton avec PRB
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Comment juges-tu ton degré de préparation ?
Vincent Riou : « Si on m’avait dit que je serais aussi prêt que cela,  j’aurais signé tout de suite ! Sans vouloir trop nous vanter, je pense que nous sommes capables de traverser l’Atlantique sans trop de souci. Nous ne sommes peut-être pas suffisamment prêt pour une victoire mais ça va ».

A combien estimes-tu le pourcentage actuel de PRB par rapport à son rendement optimum ?
V.R : « C’est difficile à dire car j’ai trop peu navigué pour connaître son potentiel maximum mais je sais que dès maintenant, je suis capable d’aller aussi vite que Sill&Veolia ou Virbac. J’ai les moyens de jouer avec eux ».

Et toi comment juges-tu ta préparation ?
V.R : « Je ne suis pas préparé physiquement comme je devrais l’être. Nous n’avons pas chômé depuis quelques semaines. Mais depuis que je suis à St Malo, j’ai pu dormir ».

Ta préparation météo ?
V.R : « J’ai tout délégué à Jean-Yves Bernot. C’est sûr qu’avec du temps en plus, je me serais davantage impliqué mais il fallait faire des choix. Je sais quand même que les conditions seront clémentes au départ. J’aurais préféré un peu plus de vent mais bon… ».

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Carnet de Bord

Carnet de Bord Brossard
DR

A quelques jours du départ, impatience et sérénité pour Yvan Bourgnon.

Après un été de records, le skipper de Brossard s’attaque désormais à la légendaire Route du Rhum. A St Malo depuis la semaine dernière, il nous donne ses impressions avant un départ imminent et plus que jamais attendu :

Comment te sens-tu moralement et physiquement à moins d’une semaine du départ ?
Moralement, je n’ai jamais été aussi serein et calme. Le bateau est prêt et performant, capable de rivaliser avec les meilleurs, c’est donc plutôt réjouissant. Je fais confiance à l’équipe, je suis déchargé de toute angoisse, et j’avoue que c’est la première fois que je me sens aussi bien avant un départ. Physiquement, avec les entraînements de Jean-Claude Perrin, je suis plus que jamais prêt. J’ai notamment amélioré mes capacités de réaction après efforts, je n’ai ni blessure, ni traumatisme, donc tout va bien.

Tu reviens de 3 jours « off », qu’as-tu fait exactement ?
J’ai passé 3 jours sur Bréhat avec mon amie, sans TV, sans téléphone, coupés du monde, c’était vraiment agréable…

A quoi ressemblent tes journées ?
Elles sont rythmées de discussions avec l’équipe technique, le routeur et de rendez-vous avec des journalistes. Je vous assure que je n’ai pas le temps de m’ennuyer !

Comment ta famille vit ce départ de course ?
J’essaye de ne pas trop assommer mes enfants, de faire comme si c’était une course comme une autre. Je n’ai pas envie qu’ils s’inquiètent.

Comment sens-tu le départ ? Appréhendes-tu ?
Disons que ça sera sportif, avec 80 bateaux c’est tendu ! Mais bon, je pense surtout que ce sera très sympa. Cela promet un magnifique spectacle sur l’eau. Je n’ai pas d’appréhension particulière.

Quelle sera ta dernière pensée avant le départ ?
Je penserai à mes enfants, mais aussi à toute l’équipe. Elle a été très présente, ils se sont donnés à fond et j’ai envie de bien faire pour eux.

Qui crains-tu le plus ?
Je ne crains pas quelqu’un en particulier, je les crains tous… les 14 autres concurrents sont susceptibles de gagner.

Quand tu es en mer, qu’est-ce qui te manque le plus ?
Mes enfants, l’affection de mes proches… Mais bon, la course est quand même courte, donc ça va, je sais que je vais les retrouver assez rapidement.

Penses-tu déjà à l’après Route du Rhum ?
On pense forcément à l’avenir, même s’il est vrai qu’on est surtout concentré sur la Route du Rhum pour le moment. Il est clair qu’on a envie de continuer sur les bateaux Brossard, on espère que le projet du Vendée Globe aboutira. Pour le moment il nous manque toujours un sponsor. Des personnes de l’équipe et moi-même bossons en permanence dessus, c’est un travail de longue haleine.

Retrouvez le Team Ocean sur www.team-ocean.com

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Le routage, une prestation à la carte

trimaran Banque Populaire IV Bidégorry
DR

Il y a des courses avec et des courses sans routage. Cela dépend des règlements. Sur le Vendée Globe, tour du monde en solitaire, les marins doivent se débrouiller seuls. Ce qui implique de passer au moins deux-trois heures par jour à surfer sur internet pour récupérer des fichiers météo et les analyser.

24 heures sur 24
Sur la reine des transats, les engagés n’ont pas ce souci puisque l’aide extérieure à la navigation est autorisée. Et fortement conseillée. « Nous collectons et envoyons des informations météos et des recommandations au skipper : il les applique ou pas », explique Jean-Yves Bernot, métérologue-navigateur très courtisé. Sur le Rhum, ce Rochelais travaille pour huit skippers (1) mais sa prestation diffère selon ses clients : « Tous ne veulent pas la même chose ». Tous n’ont pas non plus les mêmes moyens financiers : « Certes, mais je considère que je suis un ingénieur de haut niveau, donc je facture ma prestation en conséquence ». Soit 10.000 euros hors taxes pour un monocoque de 60 pieds. « Nous serons trois à travailler sans relâche car un Rhum, c’est court et intense », ajoute Bernot. A la fin des années 1990, l’inflation était telle que certains sponsors acceptaient de payer 61 000 euros à l’année pour router leur skipper !

L’un propose l’autre dispose
Les bons routeurs ne se trouvant pas à tous les coins de rue, plusieurs marins choisissent maintenant de se faire router par d’autres skippers, parfois aussi très calés en météo. Pour cette raison, Roland Jourdain a choisi son copain Jean-Luc Nélias. Pascal Bidégorry mise sur le duo Charles Caudrelier-Sébastien Josse : « Lors de la dernière Transat Jacques Vabre, nous avions Vincent Riou et Jérémie Beyou et ça avait très bien marché (ndlr : victoire à Bahia). Hélas, ils sont au départ de la Route du Rhum donc on a cherché une autre équipe », explique le skipper du trimaran « Banque Populaire ». Le tarif tourne autour de 400-450 euros la journée « mais c’est du 24 h/24 : de plus, sur un multi en solitaire, on n’a vraiment pas le temps de potasser la météo : pour nous, le routage est in-dis-pen-sable ». A terre, le routeur propose et, en mer, le skipper dispose, voire compose avec dame nature.

Gildas et les femmes
Avec des budgets plus modestes, les 25 concurrents de la Classe 40 ont opté pour des aides peu onéreuses : ainsi, Gildas Morvan sera routé par… deux femmes, Jeanne Grégoire et Samantha Davies, elles-mêmes épaulées par un professionnel de l’isobare, Richard Silvani de Météo France. Guillaume Voizard parie sur les Brestois Gildas Mahé et Benoît Petit tandis que Philippe Legros joue la carte costarmoricaine avec Yann Eliès. Leur boulot à tous : trouver la meilleure trajectoire pour envoyer le plus rapidement possible leurs skippers de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre. (1) : Riou, Le Cam et Dick (monos 60 pieds), Desjoyeaux, Gautier et Koch (multis 60 pieds) et les deux Escoffier, Franck-Yves et Loic.

Philippe Eliès

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Thibault Derville, le sponsor devenu skipper

Cap Vad Class 40 Derville Portrait
DR

Si Thibaut Derville (« Cap VAD ») fait corps avec son sponsor, ce n’est pas un hasard. Cadre dirigeant dans une entreprise de vente à distance dans le Nord, mordu de voile, ancien sponsor de Marc Thiercelin, il vit sa Route du Rhum à cent à l’heure. Une façon de vivre, mais aussi une obligation, vu son agenda surchargé. « Je suis plus décontracté que quand j’étais sponsor, déclare-t-il à six jours du grand départ, parce que je maîtrise plus d’éléments, le bateau, le bonhomme. Mais le secret de la réussite tient dans le travail d’équipe, pas dans le solitaire. »

Fédérer les concurrents
A 48 ans, avec 25 ans d’expérience professionnelle, Thibaut Derville sait précisément comment mener sa barque. S’il est seul à la barre de son Jumbo40, construit à Trébeurden, son projet a fédéré une trentaine de sociétés nordistes de vente à distance (VAD, la nouvelle appellation de la vente par correspondance). « C’est fantastique ! s’exclame-t-il. Toutes les entreprises m’aident alors que, d’habitude, elles sont concurrentes. C’est aussi un défi professionnel. »

Le grand bain avec Thiercelin
Car, quand il aura raccroché le ciré et profité de la douceur des alizés, à la fin du mois de novembre, Thibaut Derville renouera avec sa garde-robe costume-cravate, toujours « Cap VAD » : « J’y retournerai avec plaisir car mon métier est ma deuxième passion.» C’est en rencontrant Marc Thiercelin que Thibaut Derville découvre la course au large en solitaire. « Je suis tombé involontairement dans le sponsoring, se rappelle-t-il. Marc a réussi à me convaincre de l’aider, mon entreprise s’est prise au jeu et m’a nommé responsable du projet. Mais je n’étais pas un sponsor normal car je faisais aussi la préparation du bateau et je naviguais sur le bateau lors des convoyages. » A tel point qu’on lui refuse, un jour, l’entrée à une soirée réservée aux sponsors, les organisateurs croyant avoir affaire au préparateur du bateau. L’aventure du sponsor dure cinq ans, jusqu’en 2000. Cette année-là, au départ de l’Ostar, alors que Marc Thiercelin met le cap sur Newport, Thibaut Derville se fait une promesse : « La prochaine fois, c’est moi ! » Un défi pour ce cadre dirigeant, père de quatre garçons, qui mettra six ans pour concilier travail, bateau et famille. « Les grands dirigeants ont leurs violons d’Ingres, conclue-t-il. Au niveau des cadres, c’est important de garder des soupapes de sécurité dans leurs vies personnelles. Le business peut être tellement violent qu’il faut des passions. »

Stéphanie Stoll

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Golding devrait repartir demain

Golding Ecover Velux 5 Oceans 2006
DR

Ils prévoient de faire quitter le ponton à Mike et ECOVER aux alentours de 11h00 du matin jeudi afin de faire une révision complète de l’inventaire des voiles avant que Mike ne rejoigne la Velux 5 Oceans. Les préparateurs ont réussi à dormir deux heures la nuit dernière et récoltent les fruits de leur travail en étant à jour dans leur liste, cochant les cases une à une.
 
« Ca va plutôt bien. La liste diminue de minute en minute. Nous attendons le retour de Vigo de la grand-voile qui devrait arriver entre 22h00 et minuit ici, et ensuite nous passerons la nuit à l’installer. » A expliqué le chef de projet Graham Tourell. Ils ont regardé de près les raisons possibles pour le problème de lashing de la grand-voile. « Nous sommes en pleine fiction. Il n’y a aucun signe de frottement ou de marque nulle part et il n’y a nulle part où ça a pû raguer. C’est un lashing en vectran très au-dessus des spécifications habituelles et le même que nous utilisons pour le gréement dormant. C’est impossible que le problème soit technique. » Explique Graham.
 
Le vérin du pilote automatique a été remplacé et des pièces de rechange ont été ajoutées à l’inventaire. Il y avait un léger dégât esthétique sur le roof qui a été réparé. Tout le matériel a été re-stocké en utilisant les boîtes en plastique qui servaient de boîtes à outils et de pièces de rechange dans le camion d’assistance.
 
Pendant ce temps-là, le skipper solitaire Mike Golding a récupéré sur son sommeil et a passé la matinée à étudier la météo pour prévoir sa stratégie afin de rattraper Bernard et Kojiro. Alex Thomson décidera ce soir de son départ quand il aura vu sa voile de remplacement. Sir Robin Knox-Johnston est à environ 9 milles de La Corogne et devrait y arriver en fin de journée. Enfin, l’organisation attend des nouvelles du skipper espagnol Unaï Basurko pour savoir ce qu’il prévoit de faire.

Source Ecover
 

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Monocoques classes 1, 2 & 3 : rêve de gosses et futurs “Pros”

Pierre-Yves Guennec / CJD
DR

l y a ceux pour lesquels la Route du Rhum était un rêve de gosse, un aboutissement. Pour d’autres, elle constitue un tremplin vers la course au large version pro. Dans tous les cas, ils seront sur la même ligne de départ que les champions, même s’ils arriveront de l’autre côté de l’Atlantique un peu plus tard. Le règlement précisant que la ligne sera fermée 10 jours après l’arrivée du premier monocoque, il leur faudra ‘mettre du charbon’, certains bateaux n’étant pas vraiment taillés pour la course. “ Le directeur de course peut décider de repousser cette limite, précise Sylvie Viant, présidente du comité de course. « Pour ces marins qui ont aussi traversé l’océan, c’est formidable de couper la ligne d’arrivée.”

Les bateaux de Classe 1 (de 50 à 58 pieds) et de Classe 2 (de 45 à 50 pieds) ont des vitesses relativement comparables. Les seconds, certes plus petits, sont en effet souvent de construction plus récente, ou ont été remis au goût du jour et équipés de matériaux plus modernes.
En Classe 1, parmi les coureurs, Pierre-Yves Guennec (Jeunes Dirigeants) et Bruno Reibel (Ville de Dinard), vainqueur en 2002, n’en sont pas à leur première Route du Rhum. Et si le patron de la marina de Pointe-à-Pitre, Philippe Chevalier (Antilles-Sail.com) affirme tranquillement n’être qu’un ‘skipper de série sur un bateau de série’, la majorité des skippers de cette classe rêve du podium. Cette année, le skipper de Jeunes Dirigeants, qui n’en n’est pas à son coup d’essai – il sillonne les océans depuis plus de 20 ans entre convoyages et courses au large – compte bien inscrire une victoire à son palmarès, tout comme Arnaud Dhallenne (TAT Express), qui affiche lui aussi de nombreuses transats à son actif ainsi que plusieurs expéditions (Groenland, Antarctique…)

« C’est mon Everest »
En Classe 2, même si l’expérimenté américain Kip Stone (Artforms) semble favori, il devra composer notamment avec la jeune Servane Escoffier (Vedettes de Bréhat Cap Marine) pour laquelle l’enjeu prend une ampleur supplémentaire. En effet, après deux Transat Jacques Vabre, la Malouine participe pour la première fois à la Route du Rhum – La Banque Postale et espère faire de la course au large son métier. Luc Coquelin, pour sa part, en sera à sa troisième participation sur la Route du Rhum. Si son ketch n’est plus tout jeune (1995), le Guadeloupéen d’adoption entend bien « finir à la meilleure place possible ». Enfin, le chirurgien-dentiste Denis Douillez, sur AOI-Solidarité Dentaire Internationale (l’ancien Branec III, de Roger Langevin) vient pour participer une unique fois à la Route du Rhum – La Banque Postale. « C’est mon Everest, mais je n’y monterai qu’une seule fois, si j’y arrive, parce que la passion peut être nuisible à la famille.»
 
Ils sont six inscrits en Classe 3 (bateaux de 40 à 45 pieds). Régis Guillemot (Régis Guillemot Charter Martinique), le cousin de Marc, vient défendre son titre de champion de la dernière édition sur le même bateau. Il sera confronté au ‘postier’, Alain Grinda sur Fantasy Forest et au Belge Michel Kleinjans (Roaring Forty), ancien concurrent de la Whitbread, qui connaît parfaitement son bateau. Le Néerlandais Jankees Lampe, lui, n’a jamais traversé l’Atlantique. En revanche, à la barre de son 45 pieds au nom plein d’espérance (La Promesse), il a accumulé un nombre de milles impressionnant. Didier Levillain (A fond contre la Spondylarthrite) prendra son troisième départ de la Route du Rhum. En 1998, il avait franchi une ligne d’arrivée fermée à la barre du plus petit bateau de la flotte. Pour la Route du Rhum – La Banque Postale, le skipper costarmoricain n’a pas le meilleur bateau. Il est ancien et peu puissant, mais la cause qu’il défend porte les espérances de 200000 malades atteints de Spondylarthrite. Le même projet de professionnalisation que celui de Servane Escoffier habite la jeune Anglaise, Aurelia Ditton, inscrite de dernière minute en classe 3, à ceci près qu’elle est également artiste et q’elle a prévu, à l’issue de la course, d’exposer une moitié (dans le sens de la longueur) de son Dangerous When Wet à Sao Paulo et l’autre à New York. Un projet à faire frémir bien des concurrents…

Source La Route du Rhum – La Banque Postale

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