Le routage, une prestation à la carte

trimaran Banque Populaire IV Bidégorry
DR

Il y a des courses avec et des courses sans routage. Cela dépend des règlements. Sur le Vendée Globe, tour du monde en solitaire, les marins doivent se débrouiller seuls. Ce qui implique de passer au moins deux-trois heures par jour à surfer sur internet pour récupérer des fichiers météo et les analyser.

24 heures sur 24
Sur la reine des transats, les engagés n’ont pas ce souci puisque l’aide extérieure à la navigation est autorisée. Et fortement conseillée. « Nous collectons et envoyons des informations météos et des recommandations au skipper : il les applique ou pas », explique Jean-Yves Bernot, métérologue-navigateur très courtisé. Sur le Rhum, ce Rochelais travaille pour huit skippers (1) mais sa prestation diffère selon ses clients : « Tous ne veulent pas la même chose ». Tous n’ont pas non plus les mêmes moyens financiers : « Certes, mais je considère que je suis un ingénieur de haut niveau, donc je facture ma prestation en conséquence ». Soit 10.000 euros hors taxes pour un monocoque de 60 pieds. « Nous serons trois à travailler sans relâche car un Rhum, c’est court et intense », ajoute Bernot. A la fin des années 1990, l’inflation était telle que certains sponsors acceptaient de payer 61 000 euros à l’année pour router leur skipper !

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L’un propose l’autre dispose
Les bons routeurs ne se trouvant pas à tous les coins de rue, plusieurs marins choisissent maintenant de se faire router par d’autres skippers, parfois aussi très calés en météo. Pour cette raison, Roland Jourdain a choisi son copain Jean-Luc Nélias. Pascal Bidégorry mise sur le duo Charles Caudrelier-Sébastien Josse : « Lors de la dernière Transat Jacques Vabre, nous avions Vincent Riou et Jérémie Beyou et ça avait très bien marché (ndlr : victoire à Bahia). Hélas, ils sont au départ de la Route du Rhum donc on a cherché une autre équipe », explique le skipper du trimaran « Banque Populaire ». Le tarif tourne autour de 400-450 euros la journée « mais c’est du 24 h/24 : de plus, sur un multi en solitaire, on n’a vraiment pas le temps de potasser la météo : pour nous, le routage est in-dis-pen-sable ». A terre, le routeur propose et, en mer, le skipper dispose, voire compose avec dame nature.

Gildas et les femmes
Avec des budgets plus modestes, les 25 concurrents de la Classe 40 ont opté pour des aides peu onéreuses : ainsi, Gildas Morvan sera routé par… deux femmes, Jeanne Grégoire et Samantha Davies, elles-mêmes épaulées par un professionnel de l’isobare, Richard Silvani de Météo France. Guillaume Voizard parie sur les Brestois Gildas Mahé et Benoît Petit tandis que Philippe Legros joue la carte costarmoricaine avec Yann Eliès. Leur boulot à tous : trouver la meilleure trajectoire pour envoyer le plus rapidement possible leurs skippers de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre. (1) : Riou, Le Cam et Dick (monos 60 pieds), Desjoyeaux, Gautier et Koch (multis 60 pieds) et les deux Escoffier, Franck-Yves et Loic.

Philippe Eliès