Thibault Derville, le sponsor devenu skipper

Cap Vad Class 40 Derville Portrait
DR

Si Thibaut Derville (« Cap VAD ») fait corps avec son sponsor, ce n’est pas un hasard. Cadre dirigeant dans une entreprise de vente à distance dans le Nord, mordu de voile, ancien sponsor de Marc Thiercelin, il vit sa Route du Rhum à cent à l’heure. Une façon de vivre, mais aussi une obligation, vu son agenda surchargé. « Je suis plus décontracté que quand j’étais sponsor, déclare-t-il à six jours du grand départ, parce que je maîtrise plus d’éléments, le bateau, le bonhomme. Mais le secret de la réussite tient dans le travail d’équipe, pas dans le solitaire. »

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Fédérer les concurrents
A 48 ans, avec 25 ans d’expérience professionnelle, Thibaut Derville sait précisément comment mener sa barque. S’il est seul à la barre de son Jumbo40, construit à Trébeurden, son projet a fédéré une trentaine de sociétés nordistes de vente à distance (VAD, la nouvelle appellation de la vente par correspondance). « C’est fantastique ! s’exclame-t-il. Toutes les entreprises m’aident alors que, d’habitude, elles sont concurrentes. C’est aussi un défi professionnel. »

Le grand bain avec Thiercelin
Car, quand il aura raccroché le ciré et profité de la douceur des alizés, à la fin du mois de novembre, Thibaut Derville renouera avec sa garde-robe costume-cravate, toujours « Cap VAD » : « J’y retournerai avec plaisir car mon métier est ma deuxième passion.» C’est en rencontrant Marc Thiercelin que Thibaut Derville découvre la course au large en solitaire. « Je suis tombé involontairement dans le sponsoring, se rappelle-t-il. Marc a réussi à me convaincre de l’aider, mon entreprise s’est prise au jeu et m’a nommé responsable du projet. Mais je n’étais pas un sponsor normal car je faisais aussi la préparation du bateau et je naviguais sur le bateau lors des convoyages. » A tel point qu’on lui refuse, un jour, l’entrée à une soirée réservée aux sponsors, les organisateurs croyant avoir affaire au préparateur du bateau. L’aventure du sponsor dure cinq ans, jusqu’en 2000. Cette année-là, au départ de l’Ostar, alors que Marc Thiercelin met le cap sur Newport, Thibaut Derville se fait une promesse : « La prochaine fois, c’est moi ! » Un défi pour ce cadre dirigeant, père de quatre garçons, qui mettra six ans pour concilier travail, bateau et famille. « Les grands dirigeants ont leurs violons d’Ingres, conclue-t-il. Au niveau des cadres, c’est important de garder des soupapes de sécurité dans leurs vies personnelles. Le business peut être tellement violent qu’il faut des passions. »

Stéphanie Stoll