Grosse fatigue lors de cette arrivée en Vendée pour les cinquante-trois Minis en lice sur ce retour au départ de l’Espagne : une petite brise de secteur Nord près des côtes ibériques, mais surtout une bulle anticyclonique s’installant sur la route en venant de l’Ouest. Il fallait donc partir en tête et privilégier la vitesse pour ne pas se faire rattraper par les calmes, ce qui firent avec succès Yves Le Blévec (Actual Intérim) et Peter Laureyssens (Ecover), laissant en plan le reste de la flotte mais surtout Isabelle Joschke (Degrémont Synergie) et Fabien Després (Soitec), respectivement première et second de la première étape. Car derrière cette zone de pétole qui a sérieusement ralenti les concurrents, voir même les a planté plusieurs heures durant dans la nuit de samedi à dimanche, un front venu de Bretagne apportait son lot de pluies… mais surtout de vent. Une brise de secteur Ouest à Nord-Ouest montant jusqu’à vingt nœuds et plus, permettait aux deux leaders de faire le break.
Speedy Le Blévec
Mais dans ces conditions qui devenaient idéales pour ces voiliers de 6,50 mètres affectionnant particulièrement les allures débridées, le futur vainqueur réussissait à distancer son compagnon belge : son plan Lombard semble très à l’aise dans ces situations climatiques… C’est donc avec plus d’une demie-heure d’avance qu’Yves Le Blévec s’imposait à Port Bourgenay devant Peter Laureyssens mais surtout, il reléguait Isabelle Joschke à plus d’une heure et demie, comblant ainsi largement son retard de la première étape. Le skipper d’Actual Intérim est donc le premier solitaire à remporter deux fois ce classique du circuit Mini après sa victoire en 2001. Une excellente saison pour le Trinitain qui est toujours monté sur le podium cette année et qui se prépare pour la prochaine Mini Transat 6.50, bien qu’encore sur liste d’attente.
Parmi les voiliers de série, Nicolas Bunoust (Un défi pour la terre) fait carton plein puisqu’il est arrivé en tête lors de ces deux étapes de 200 milles, rétrogradant à la seconde place à Santander suite à un départ anticipé (1h de pénalité). Le jeune solitaire n’a pas eu trop de mal à se débarrasser de Vincent Barnaud (STGS.fr), vainqueur de la première étape, quand le vent a joué au yo-yo et que la girouette a fait le coup de la roulette dans la nuit de samedi. Prenant la poudre d’escampette en compagnie d’un Koën van Esch (KLM Flying Dutchman) très accrocheur, Nicolas Bunoust termine cette deuxième étape à une très belle septième place au scratch devant nombre de prototypes ! Dernière course de la saison avant la Mini Transat 6.50, la Transgascogne a en tous cas permis à tous ces solitaires de parfaire leur préparation avant le grand saut atlantique avec des conditions météorologiques très dures à l’aller vers l’Espagne et très variées au retour vers la Vendée.
Yves Le Blévec (Actual Intérim)
« Les conditions météo ont été très variées pour remonter de Santander : ça a commencé par un petit bord de vent de travers sous gennaker assez tranquille pendant quelques heures, suivi par une petite molle pendant la nuit, histoire de ne pas dormir… Il a ensuite fallu sortir de cette dorsale sans savoir si on allait vers le vent ou vers le trou de vent ! Finalement, la brise est rentrée : j’étais au contact de Peter et on s’est échappé. En fait, cette seconde étape s’est jouée dès le départ où il fallait être en tête pour espérer toucher le nouveau vent en premier. Il fallait faire de la vitesse pour gagner dans le Nord et pour passer le plus rapidement possible au vent de la bulle anticyclonique. Avec Ecover, nous étions les deux seuls à viser non pas la route directe, mais cette sortie par le Nord.
J’ai ensuite réussi à distancer un peu Peter en vitesse pure parce que c’étaient les conditions idéales d’Actual Intérim : du reaching avec du Nord-Ouest 20 nœuds et des rafales. Isabelle Joschke n’a pas pris un bon départ et cela lui a été fatal ! Cette victoire me fait évidemment plaisir parce que je suis le premier à l’avoir gagné deux fois… Je suis super content parce qu’en plus, je pensais gagner la première étape ! Mais j’ai déchiré ma grand voile. Je suis heureux de rattraper le coup à la régulière. Le bateau est vraiment super : c’est impressionnant comme il va vite, et en restant confortable ! C’étaient des conditions idéales pour le bateau qui apprécie quand il y a de l’appui (du vent de travers ou de la brise) : il est plus difficile à mener par rapport aux plans Finot quand il faut descendre au portant, mais je pense que cela est aussi dû à la forme de mes spinnakers.
La Transgascogne est une superbe course et cette édition particulièrement, avec des conditions très différentes, très variées. Le parcours est toujours très intéressant et cette année, il fallait se pencher sur la préparation météo pour établir une bonne stratégie. La deuxième étape a été flagrante de ce point de vue… »
Arrivées de la seconde étape de la Transgascogne (prototypes solo) :
1- Yves Le Blévec (Actual Intérim) en 1j 06h 06m 54s
2- Peter Laureyssens (Ecover) 1j 06h 43m 37s
3- Isabelle Joschke (Degrémont Synergie) en 1j 07h 42m 03s
4- Ronan Deshayes (PCO Technologies) en 1j 08h 27m 33s
5- Fabien Després (Soitec) 1j 08h 32m 04s
6- François Duguet (Crédit Agricole skipper challenge) 1j 10h 16m 55s
7- Nicolas Bunoust (Un défi pour la terre) en 1j 10h 19m 56s (1er voilier de série solo)
8- Thomas Ruyant (Région Nord Pas de Calais-Faber France) en 1j 10h 22m 37s
9- Yannick Allain (Centifolia-Chaveta) en 1j 10h 23m 05s
10- Koën van Esch (KLM Flying Dutchman) en 1j 10h 52m 04s (2 ème voilier de série solo)
Classement général provisoire des prototypes (solo) de la Transgascogne :
1- Yves Le Blévec (Actual Intérim) 2j 15h 27m 17s
2- Peter Laureyssens (Ecover) 2j 15h 54m 14s
3- Isabelle Joschke (Degrémont Synergie) en 2j 16h 13m 33s
4- Fabien Després (Soitec) 2j 17h 27m 09s
5- François Duguet (Crédit Agricole skipper challenge) en 2j 20h 43m 00s
Classement général provisoire des voiliers de série (solo) de la Transgascogne :
1- Nicolas Bunoust (Un défi pour la terre) en 3j 00h 00m 21s
2- Koën van Esch (KLM Flying Dutchman) en 3j 03h 43m 44s
3- Mathieu Girolet (Le Roi du Matelas) en 3j 08h 10m 28s
4- Lucas Schröder (T-mobile One) en 3j 08h 30m 30s
5- Véronique Loisel (De l’espace pour la Mer) en 3J 12h 19m 04s
Classement général provisoire des voiliers de série (double) de la Transgascogne :
1- Laurence Château & Charlie Dalin (Okofen France) en 3j 02h 20m 13s
2- Bertrand Delesne & Erwan Sudrie (Legall-Menguy) en 3j 06h 15m 00s
3- Davy Beaudart & Sébastien Leforestier (Port à sec Guy Beaudart) en 3j 06h 27m 00s
4- Sébastien Rogues & Johan Cechosz (Kainos) en 3j 06h 58m 09s
5- Stéphane Le Diraison & Sébastien Marsset (Cultisol) en 3j 07h 27m 09s
Le beau doublé de Le Blévec
Interview de Nicolas Troussel, tenant du titre de la Solitaire !
Plus serein que lui, tu meurs. Depuis une semaine, Nicolas Troussel promène sa décontraction et sa bonne humeur sur les pontons. Il est prêt et ça se voit : "J’ai rarement été autant prêt. A vrai dire, j’ai peu navigué depuis le Trophée BPE, mais je me sens en forme physiquement. Oui, je suis bien". Il faut dire que le gars de la baie de Morlaix s’est entretenu tout l’hiver. Au programme : course à pied, vélo et séances de musculation.
"Je sais ce que j’ai à faire"
Vainqueur l’an passé grâce à une option radicale dans la deuxième étape, Troussel a rappelé que la Solitaire était parfois une course qui ne se jouait pas que sur les réglages et la vitesse. "C’est ma façon de naviguer et je ne changerai pas. Sur cette course, je sais ce que j’ai à faire mais ce n’est pas pour autant que tout va marcher".
Lors de la première étape entre Ouistreham et Crosshaven (Irlande), il y a, selon lui, peu de chance de voir des options radicales. En revanche, il ne se fera pas prier pour tenter des coups si l’occasion se présente : "En vitesse, je sais que je tiens la comparaison avec les plus rapides, donc si je vois une ouverture, je n’hésiterai pas".
Vendée Globe 2012
Mis en confiance par sa victoire de l’an passé et sa performance entre Belle-Ile et Marie-Galante, le Plouganiste est aujourd’hui respecté et craint par ses adversaires : "Aucun skipper ne me fait peur mais je sais que rien n’est jamais acquis. Surtout pas en Figaro où tu peux très bien te planter".
Troussel n’a pas peur de se planter et il sait qu’il a encore du chemin à parcourir pour s’aligner au départ du Vendée Globe : "Le Vendée Globe 2012, c’est mon objectif, donc cela passe forcément par des résultats. Ici, la seule pression est celle que je me mets sur les épaules".
En novembre prochain, il aura un avant goût de 60 pieds Open puisqu’il participera à la Transat Jacques Vabre en compagnie de son coapin de toujours Armel Le Cléac’h sur le nouveau plan Finot "Brit Air".
"Desjoyeaux au-dessus du lot"
Dans l’immédiat, il se concentre sur cette 38e édition. Où les vainqueurs potentiels sont légion : "Il y a Michel Desjoyeaux bien sûr qui est au-dessus du lot : il est revenu deux fois et s’est classé 3e et 2e". Et le tenant du titre de citer les noms de Christopher Pratt, Nicolas Lunven, Robert Nagy, Marc Emig, Thomas Rouxel, Jeanne Grégoire -"qui va vite"- et Thierry Chabagny "parmi les skippers à surveiller".
Sans oublier des marins comme "Drouglazet, Morvan et Pellecuer qui vont toujours bien. Et aussi Lebas et Thiercelin, des types capables de partir à droite, à gauche : eux, c’est clair, ils vont tenter des coups".
Des coups à La Troussel.
Philippe Eliès
Arrivée des premiers Mini de la Transgascogne
Du vent, pas de vent, puis du vent… La traversée du golfe de Gascogne entre Santander et Port Bourgenay aura mis sur les nerfs les cinquante-deux Minis partis samedi 28 juillet à 12h02 d’Espagne ! Une petite brise de secteur Nord d’abord dans l’après-midi, une belle zone de calme dans la nuit, et un front venu de Bretagne ce dimanche. Mais surtout, ceux qui ont été retardés au fil de cette remontée ont perdu beaucoup de terrain face aux leaders, qui avaient un système météo d’avance. Ainsi ce dimanche après-midi, pendant que les deux leaders en prototype, le Belge Peter Laureyssens (Ecover) et le Trinitain Yves Le Blévec (Actual Intérim), progressaient à près de dix nœuds dans une nouvelle brise de secteur Ouest à Nord-Ouest au passage du front, les derniers Minis peinaient encore sous le crachin et les vents erratiques à moins d’un nœud et à plus de cent milles des premiers !
Arrivée vers 22h00…
Rien n’est joué non seulement pour ce deuxième parcours de 200 milles entre Santander et Port Bourgenay, mais surtout au classement cumulé des deux étapes car en Espagne, Peter Laureyssens et Yves Le Blévec n’étaient arrivés qu’avec dix minutes d’écart… et concédaient une petite heure sur la victorieuse Isabelle Joschke (Degrémont Synergie) ! Or cette dernière était pointée à plus de dix milles derrière ce duo leader, ce qui correspond plus ou moins à une heure d’écart : le podium s’annonce donc très serré entre ces trois solitaires en prototype, Fabien Deprés (Soitec) restant lui aussi à l’affût grâce à sa seconde place à Santander… car il était dimanche après-midi à vue d’Isabelle ! Bref, il faudra attendre la tombée de la nuit pour juger des écarts qui devraient être extrêmement réduits à l’arrivée à Port Bourgenay entre ces quatre solitaires : les premiers arrivés vont bénéficier d’une brise portante de 15 à 20 nœuds alors que derrière le front, c’est du vent de secteur Nord mollissant et tournant au Nord-Est, soit pile dans le nez, qui va ralentir les poursuivants.
Du côté des voiliers de série, le vainqueur de la première étape, Vincent Barnaud (STGS.fr) concédait près de cinquante milles au leader, Nicolas Bunoust (Un défi pour la terre) qui naviguait à vue avec Koën van Esch (KLM Flying Dutchman) tandis que le gros de la flotte avait déjà plus de 25 milles de retard ! Sachant que les derniers Minis pointés à midi dimanche étaient encore dans la pétole et qu’ils avaient plus de 80 milles de différentiel par rapport aux premiers, il faut s’attendre à des écarts très importants, peut-être même à ce que certains soient déclarés « hors temps » puisqu’ils doivent franchir la ligne moins de 28 heures après le vainqueur… Quand les leaders auront déjà récupéré d’un sommeil profond, les retardataires auront encore plus de cent milles à parcourir, et probablement termineront en tirant des bords contre un vent de Nord-Est ! Cette onzième édition de la Transgascogne aura été très sélective…
Classement à 14h00 des prototypes (solo) de la Transgascogne :
1- Yves Le Blévec (Actual Intérim) à 61 milles de l’arrivée
2- Peter Laureyssens (Ecover) à 1,7 milles du leader
3- Isabelle Joschke (Degrémont Synergie) à 11,4 milles du leader
4- Fabien Després (Soitec) à 13,8 milles du leader
5- Ronan Deshayes (PCO Technologies) à 14 milles du leader
6- Thomas Ruant (Région Nord Pas de Calais-Faber France) à 16,7 milles du leader
7- Yannick Allain (Centifolia-Chaveta) à 16,8 milles du leader
8- François Duguet (Crédit Agricole skipper challenge) à 21,6 milles du leader
9- Nicholas Brennan (Rafiki) à 24,3 milles du leader
10- Raoul Cospen (Dalet) à 31,5 milles du leader
Classement à 14h00 des voiliers de série (solo) de la Transgascogne :
1- Koën van Esch (KLM Flying Dutchman) à 81 milles de l’arrivée
2- Nicolas Bunoust (Un défi pour la terre) à 1,3 milles du leader
3- Mathieu Girolet (Le Roi du Matelas) à 23 milles du leader
4- Hervé Piveteau (Jules) à 23,3 milles du leader
5- Véronique Loisel (De l’espace pour la Mer) 28,2 milles du leader
Classement à 14h00 des voiliers de série (double) de la Transgascogne :
1- Julien Barnet & Annabelle Boudinot (Art de vivre) à 93 milles de l’arrivée
2- Laurence Château & Charlie Dalin (Okofen France) à 1,9 milles du leader
3- Bertrand Delesne & Erwan Sudrie (Legall-Menguy) à 8,3 milles du leader
4- Sébastien Rogues & Johan Cechosz (Kainos) 12,7 milles du leader
5- Olivier Bond & Dee Caffari (Base Camp) à 14,6 milles du leader
Classement à 14h00 des prototypes (double) de la Transgascogne :
1- Olivier Lardeur & Valéry Ziegler (Poch’trot) à 118 milles de l’arrivée
2-Olivier Vigoureux & Stéphane Rouvillois à 5,8 milles du leader
Frédéric Duthil vainqueur d´un prologue musclé
« Je suis venu cette année pour faire de mon mieux à chaque bord, chaque manche. J’ai pris un départ assez lamentable mais finalement, je crois que j’ai une bonne vitesse. Je n’ai pas forcé pour gagner ce prologue, je suis resté zen tout le temps. Je suis content de voir que tout va bien à bord parce que les conditions étaient dures aujourd’hui » confie Fred Duthil après sa victoire devant les plages normandes.
Comme prévu en effet, c’est un vent de nord-ouest soutenu de plus de 20 nœuds, additionné à une belle houle d’1,50 m qui ont cueilli les 50 figaristes à la sortie du sas de Ouistreham. Sous la grisaille entrecoupée de timides percées de soleil, les concurrents ont « expédié » les 17 milles du parcours côtier en à peine plus de deux heures… non sans mal pour certains. De petites avaries et autres bobos sont à déplorer, provoquant l’abandon de deux concurrents : Marc Emig (A.ST Group) et Jean François Bulot (Crédit Mutuel de Normandie-Ville de Caen). De son côté, Robert Nagy (Théolia) s’est blessé au poignet lors de la rupture de son palan de grand-voile, et a du se contenter d’un « gentil convoyage » sans spinnaker, avant de filer à la clinique pour passer des radios. Les autres n’ont pas été épargnés par quelques figures libres sous spi, mais dans l’ensemble, tous les skippers étaient ravis de ce banc de test un peu rude, un tour de chauffe idéal pour se caler avant le départ de la première étape mardi. « J’ai été content de me faire rincer et de prendre quelques embruns après une semaine à trépigner sur les quais » confirme Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) qui avoue aussi avoir connu des problèmes de pilote automatique.
Côté stratégique, il fallait compter sur la bascule de vent annoncée au passage d’un front et partir à droite dès le coup de canon. Les partisans de cette option voient tout de suite leur choix récompensé : à la bouée de dégagement, Armel Tripon (Gedimat), le plus extrême du groupe, passe en tête devant Frédéric Duthil (Distinxion), Pietro D’Ali (Kappa), Franck Le Gal (Lenze) et Laurent Nabart (Corsica). Quelques poursuivants vont revenir dans le match en empannant rapidement après le dog leg pour filer au large sous spi. Ce sera le cas de Gildas Morvan (Cercle Vert), Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole), Gérald Véniard (Scutum), Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs), Michel Desjoyeaux (Foncia) et Eric Drouglazet (Luisiana) qui vont réintégrer la tête de course pour ne plus la quitter. Au pointage réalisé par le PSP Pluvier de la Marine Nationale à l’issue d’une longue cavalcade au portant, Duthil prend définitivement les commandes de la flotte. Le retour vers le port de Ouistreham va ensuite se jouer sur un long bord de près tribord amure avant que les solitaires n’envoient une dernière fois leur spi pour franchir la ligne d’arrivée.
Thomas Coville met le cap sur Les Seychelles, en solitaire
Arrivés à Bali il y a quelques jours, Thomas Coville et son équipage ont révisé le Maxi Sodeb’O (32 mètres de long et 16,55 de large) qui venait de parcourir 5300 milles depuis Sydney via Nouméa. Rappelons que le trimaran, dessiné par le tandem Irens – Cabaret, a été mis à l’eau en Australie le 21 juin dernier et que Thomas a choisi de revenir en France par une route inhabituelle : Nouvelle Calédonie, Indonésie, Seychelles, Mer Rouge, Canal de Suez, Méditerranée, Gibraltar et arrivée aux Sables d’Olonne à la mi-septembre. Les différentes escales permettent d’embarquer des professionnels chargés de valider les différents choix techniques.
Après Nouméa, Darwin et le détroit de Torres, voilà donc les Sodeboys et girls à Bali. Mais cette fois, l’équipe reste à terre et laisse Thomas naviguer pour la première fois en solitaire sur ce trimaran de 105 pieds. « Je souhaite découvrir en solitaire ce nouveau grand bateau, explique-t-il. Je voudrais prendre la mesure des efforts qu’il impose, notamment dans la manœuvre des voiles. » Un avant-goût de sa tentative de record autour du monde, prévue pour la fin de l’année.
« Difficile de comparer ce trimaran de 105 pieds avec les 60 pieds (18 mètres) » confie le skipper. « Ce n’est pas le même stress. Avec ce nouveau bateau, tout est plus facile, sa manipulation, son équilibre, son passage dans la mer, même dans la mer formée. Son comportement n’a rien à voir avec celui des tris ORMA. Le maxi Sodeb’O qui est relativement étroit pour sa longueur (32 m de long pour 16,50 m de large), monte vite sur une seule coque. Il faut que je me réhabitue à la gîte ! Avec un dièdre conséquent et en l’absence de foils, le flotteur sous le vent peut enfourner. Cela dit, je ne me suis pas encore servi des ballasts. Pour optimiser la marche de ce nouveau bateau, on doit travailler sur les polaires de vitesse, autrement dit sur les performances. Il faut apprendre ce qu’on gagne à être ou non très toilé, ballasté ou pas. C’est ce qu’on va faire en mer Rouge avec l’équipage de haut niveau que j’embarque après les Seychelles ».
« On peut , poursuit Thomas Coville, être un peu frustré devant les vitesses de pointe qui demeurent plus élevées avec un 60 pieds. En revanche, sur ce grand bateau, on va vite, longtemps, sans excès de vitesse. Dès qu’il est lancé, le bateau est sur des rails. C’est un trimaran bien né, vivant, facile à barrer. L’expérience du 60 pieds a été indéniablement précieuse. Réussir à parcourir plus de 5000 milles aussitôt après la mise à l’eau est pour nous le meilleur test qui soit. Cette navigation par tous types de temps nous a aussi permis de caler tout ce qui est vie à bord » conclut Thomas.
Desjoyeaux vise une troisième victoire dans la Solitaire
– Pourquoi ce retour en Figaro ?
"Ça toujours été dans l’air du temps : je l’ai déjà fait pendant mes années "Géant" avec deux participations en 2003 (3e) et en 2005 (2e). Mon sponsor "Foncia" était intéressé par cette course : on avait dit que si le monocoque de 60 pieds était à l’eau dans les temps, ça me laisserait le temps de me préparer pour la Solitaire. Oui, cette fois-ci, j’ai eu le temps de m’entraîner. Et puis, le Figaro, c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas… Non disons que le Figaro, c’est comme la respiration car le vélo en ce moment…"
– On imagine que ça ne vout déplairaît pas de rejoindre Philippe Poupon et Jean Le Cam dans le cercle fermé des triples vainqueurs ?
"Il y a une réalité mathématique : 3e en 2003, 2e en 2005 donc… en 2007 ? Non, ce sont les journalistes qui m’en parlent de ce record ! Moi, je suis là pour prendre du plaisir. Je suis là parce que j’en ai envie : c’est une course intéressante, avec 50 bateaux identiques, de bons skippers et des jeunes qui arrivent. Vous savez qu’on peut aussi d’endormir sur nos lauriers avec nos gros bateaux, donc il est important de revenir ici".
– Un mot sur ce parcours de cette 38e édition ?
"Tout le monde en fait un fromage de cette 3e étape de 762 milles alors que la première étape ne s’annonce déjà pas simple avec du petit temps les premiers jours, des vents instables en force comme en direction. Ceci dit, cette 3e étape me plaît bien car elle est jalonnée de marques naturelles. Au départ de Brest, il y a 250 milles pour monter au Fastnet, puis 500 milles de traversée jusqu’à La Corogne avec un terrain de jeu complètement ouvert. Là, on peut se marrer et il est à peu près certain qu’il y aura des skippers qui feront la gueule en Espagne.."
– Lorsqu’on a gagné deux Solitaire du Figaro, un Vendée Globe, une Route du Rhum et une Transat anglaise, qui peut-on craindre sur une course comme celle-là ?
– "Je ne crains personne mais je respecte tout le monde : dans ce circuit, on les connait les clients. Il y a Nicolas Troussel, un gars qui va au bout de ses options et un Gérald Véniard qui, l’an passé, n’a pas volé ses trois victoires d’étape. Après, il y a les Gildas Morvan, Eric Drouglazet, Thierry Chabagny, l’Italien Pietro d’Ali. En outsiders, pourquoi pas un Corentin Douguet : il va vite. Fred Duthil aussi est capable de jolis coups, tout comme Lebas, Pellecuer, Grégoire. Chez les plus jeunes, Thomas Rouxel a l’air d’aller bien".
Philippe Eliès
(1) : 4e, 2e, 1er, 12e, 2e, 5e, 1er, 3e et 2e.
Fabien Henri remporte le Tour de France 2007
Le Tour de France à la Voile 2007 s’est fini en beauté ce midi dans la rade de Marseille. De retour au Vieux-Port, les trente équipages ont été reçus par les ovations de la foule dans une ambiance de fête : des rires, du champagne et surtout beaucoup d’émotion. Si Toulon Provence Méditerranée – COYCHyères (Fabien Henry), vainqueur de l’édition 2005, était assuré de la victoire depuis hier soir, les places d’honneur étaient encore à distribuer dans les classements amateur et étudiant. La vingt-huitième et dernière manche de la course a donc été courue ce matin dans un vent de 17 à 18 nœuds ; une régate haute en couleur entre les Iles du Frioul et le château d’If.
Après un départ sur les chapeaux de roue, Val-Thorens a vite pris l’avantage sur ses adversaires, confirmant ainsi le potentiel exprimé lors des courses de la veille. De la prudence tout de même pour l’équipage amateur, qui a gardé un œil en permanence dans le rétroviseur pour marquer Bred (Sylvain Chtounder), son adversaire direct revenu hier dans le match. Ce dernier s’est cependant mis hors-jeu en touchant la bouée au vent, passant ainsi de la 7ème à la 21ème position.
A la fin du second bord de près, l’équipage de Ville du Port – Région Réunion (Marc Guessard, Gabriel Jean-Albert) revint à la charge en se plaçant devant les équipages de Tahiti et ses Iles et Val-Thorens pour le reste de la manche. Ce trio s’est livré une belle bataille, qui voit finalement la première victoire des Réunionnais devant leur adversaire ultramarin et l’équipage de Val-Thorens.
Cette seconde place de l’équipage bizuth de Teva Plichart lui vaut une médaille d’argent au classement général devant le vainqueur de l’édition 2006, Ile de France (Victor Lanier, Nicolas Pauchet). A l’issue de la manche d’hier, les deux bateaux n’étaient qu’à 0,25 points d’écart (sur 1012,5 pour Ile de France), mais les Tahitiens ont su s’imposer lors de la dernière manche en terminant deux places devant leur adversaire. Du côté des locaux, c’est la déception pour Elcimaï – Ville de Marseille (Dimitri Deruelle) qui reste cette année au pied du podium, après s’être classé trois ans de suite en seconde position.
Au classement amateur, Val-Thorens conserve donc la première place face à Bred et Saint-Malo Purflo Team SNBSM (Pierre Hingant, François Lebourdais), qui se maintient quatre points devant Ville du Port – Région Réunion malgré sa victoire d’aujourd’hui. Chez les étudiants, Caisse d’Epargne – HEC – Ecole Navale (Hervé Gautier) n’est pas parvenu à reprendre la première place qu’il occupait depuis le début de l’épreuve, avant que Les Saisies – INSA ne lui rafle la position de leader à la veille de l’arrivée. Derrière eux, l’équipage de Loïc Le Garrec, Brest – Grandes Ecoles ENSIETA ESC, garde la troisième place.
Du premier au dernier, les trente concurrents du Tour de France à la Voile 2007 ont su parcourir plus de 900 milles sur les littoraux français en trente jours. Bravo à tous d’être sortis vainqueurs de cette formidable aventure en équipage !
A Marseille, Ile de France revient dans le match
Le début de journée d’hier n’était guère prometteur pour les trente concurrents de l’épreuve. Partie de Port-Barcarès à 6h20 hier matin, la flotte a parcouru plus de 80 milles au moteur en attendant que le vent se lève enfin. Pas de temps à perdre pour rallier Marseille pourtant : il avait été décidé la veille par avenant aux Instructions de Course que la ligne d’arrivée serait fermée à partir de 2 heures du matin. Une contrainte qui a pesé comme une épée de Damoclès sur les concurrents, comme le raconte Victor Lanier, skipper d’Ile de France : « C’était très juste sur la fin car il y avait vraiment peu de vent, on a retouché de l’air qu’à un quart d’heure de la fermeture de la ligne. Ca a été éprouvant pour les nerfs ». Même pression pour Teva Plichart, skipper de l’équipage tahitien : « cela faisait quatre heures qu’on se battait dans trois nœuds de vent pour faire avancer le bateau à deux nœuds… on finit deuxième, et l’objectif d’ici samedi soir sera de rester sur le podium ».
Le vainqueur a finalement coupé la ligne d’arrivée à 01h43’40’’, soit moins de vingt minutes avant l’heure limite. Derrière lui, les écarts sont grands puisque Tahiti et ses Iles passe la ligne près de sept minutes plus tard, et Les Saisies – INSA plus d’un quart d’heure après. Le 16ème, Dieppe – Seine Maritime (Manuelle Adam) sera le dernier à couper la ligne, à 02h38’22’’. Tous les autres bateaux seront classés « hors-temps ». L’équipage de Dimitri Deruelle, Elcimaï – Ville de Marseille rate ainsi une arrivée triomphante à domicile en perdant la seconde place au classement général, tandis que le leader Toulon Provence Méditerranée – COYCHyères (Fabien Henry) conserve sa première place à deux jours de la fin.
La belle performance des Tahitiens et des Franciliens resserre tout de même les écarts sur le podium, et bien des surprises peuvent encore arriver avant le verdict final.
6 étrangers parmi les 50 solitaires au départ
Une fille tout d’abord et quelle fille : Liz Wardley sur Sojasun, un incroyable petit brin de femme. La papoue-guinéenne participe à sa 4ème Solitaire Afflelou Le Figaro et fait trembler plus d’un figariste : « Lorsque l’on quitte le ponton, nous sommes tous à armes égales, il n’est plus alors question d’être une fille ou un garçon ! Je fais cette merveilleuse course qu’est La Solitaire pour moi et pour mon sponsor, c’est tout. C’est une superbe aventure qui promet cette année d’être encore plus longue et plus dure mais je suis d’autant plus impatiente de partir. »
Pas facile n’ont plus de s’imposer sur un circuit Manche-Atlantique pour l’italien Pietro d’Ali sur Kappa « C’est vrai, ce sont deux systèmes de navigation totalement différents. En Méditerranée, tout est plus aléatoire, la direction, la force du vent, d’une heure à l’autre tout peut changer. En Atlantique et en Manche, les courants sont difficiles mais les conditions sont généralement plus stables ce qui permet de faire de vrais choix tactiques et stratégiques.».
Tandis que Pietro est toujours impressionné par le nombre de participant, pour James Bird, jeune bizuth anglais sur GFI GROUP, participer à La Solitaire Afflelou Le Figaro est une incroyable opportunité: « c’est une chance inouïe de pouvoir naviguer au milieu de skippers tels que Michel Desjoyeaux ou Marc Thiercelin », explique-t-il dans un adorable franglais. La Solitaire fait partie des plus grandes courses à la voile. Je découvre encore mais l’ambiance est fantastique. Il faut dire que je connais une partie des skippers car plusieurs ont participé en même temps que moi à la Transat 6.50 en 2003 »
Autre bizuth, autre anglais, Nigel King sur Nigel King Yachting est plus qu’enthousiaste de participer à la course « Cette course a une véritable histoire et je suis très heureux de pouvoir en faire partie. L’ambiance en France est géniale, les français et toute l’organisation sont très accueillants. C’est important pour moi de me savoir entouré car c’est ma première saison en Figaro Bénéteau. »
Cette année, la course accueille également un Irlandais : Paul O’Riain sur City Jet. A 39 ans, le navigateur réalise son rêve de solitaire. Le solitaire qui est pour lui synonyme de Liberté, Egalité, Fraternité « C’est incroyable pour moi d’être ici, d’autant plus que la course passe par l’Irlande, je pense qu’il va y avoir beaucoup d’émotions à l’arrivée à Crosshaven. Mon objectif est avant tout de finir mais c’est déjà une grande fierté de pouvoir naviguer parmi ces marins professionnels. »
Enfin, Antonio Pedro Da Cruz, capverdien de 41 ans, participe à sa 2ème Solitaire Afflelou Le Figaro à bord de Baïko. Il a effectue sa 1ère Transatlantique à 14 ans et n’a depuis jamais quitté la mer. Aujourd’hui, c’est avec détermination qu’il revient sur la course.
La Solitaire Afflelou Le Figaro, c’est 50 skippers, dont 14 bizuths, 2 femmes et 6 étrangers qui auront à cœur de porter au plus haut, le plus loin et le plus vite, les couleurs de leurs pays.
Beau temps pour les vikings au Grand Prix du Danemark
Organisateur de ce quatrième Grand Prix de la saison 2007, l’équipage Danois de GP Covers, Flemming en tête, avait assurément a cœur de briller sur leur plan d’eau d’entraînement. La magnifique baie de Sonderborg s’est montrée à la hauteur de ses espérances, même si Eole s’est un peu relâché en milieu d’après-midi.
Au petit jeu du « petit ou grand gréement ? », les décisions se sont fait attendre jusqu’à la dernière minute, 18 nœuds étant globalement la limite d’utilisation du plus puissant des deux (110 m2 tout de même…). C’est finalement fortement toilé que 12 bateaux sur 14 se sont mis à l’eau, prêts à fendre les eaux danoises, pour la deuxième fois seulement depuis la création du circuit européen.
Auteurs d’un très beau départ, Flemming et ses hommes prenaient d’emblée la tête de la première manche pour ne plus la lâcher. Il était assez impressionnant de voir avec quelle aisance ces solides gabarits de bons pères tranquilles s’accommodaient de la violence que représente la navigation sur 18 pieds dans ces forces de vent. Il faut dire que l’équipage danois ne débute pas vraiment dans la discipline. Parfaitement coordonnés, lourds, ils gèrent avec finesse et expérience l’inhabituelle puissance que développent ces skiffs surtoilés.
Derrière, les hommes de Pindar – Radii, en pôle position pour le titre européen, s’accrochent et parviennent à suivre le rythme, juste devant Ed Brown et son vert Gill/Wet & Wild, de plus en plus régulier aux avant postes. Dans son sillage, Mason Woodworth (GE Commercial Finance), très à l’aise dès qu’il s’agit de faire glisser son bateau dans des vents consistants. Le deuxième équipage danois, partis avec deux minutes de retard pour cause de remplacement de spi, accrochait une belle 5ème place après une spectaculaire remontée.
Suivaient deux équipages suisses, UTI d’abord, emmené par la fine lame Stefan Rüeger, de plus en plus à l’aise avec son nouveau gréement et Naef, skippé par le jeune Cyril Peyrot, accompagné de son jumeau Patrick et de Simon Monnin. L’équipage anglais de Pica (James Mears), enclin à de petits soucis matériel, terminait 8ème devant le premier bateau allemand, Wet Protect (Werner Gieser). Le reste de la flotte, formée d’équipes teutonnes débutante, ne parvenait pas à finir le parcours.
La deuxième manche, toute aussi ventée, donnait une fois de plus l’avantage aux locaux jusqu’au dernier bord de portant où un empannage un peu lent de GP Covers offrait l’opportunité aux hommes de GE Commercial Finance de franchir de quelques secondes la ligne en vainqueurs, devant le malheureux Flemming donc et Stefan Rüeger (Uti). Suivaient dans l’ordre Gill/Wet & Wild, les Danois de Bodotex et Pindar – Radii.
Plus légère, la troisième et dernière manche voyait l’Anglais James Mears, son frère Stuart et Matt Gill (Pica) triompher après deux manches médiocres. Wet & Wild maintenait une belle régularité en finissant second devant les Suisses d’Uti, auteurs d’une belle fin de journée. Pindar – Radii accrochait une quatrième place devant Jesper Broendum, Jesper Holst et Martin Friderichsen (Bodotex), une nouvelle fois 5èmes. Handicapés par la brise mourante, Flemming et ses hommes terminaient 6 èmes seulement.
Cette belle première journée se terminait dans les bleus bâtiments en bois du Club House du Sonderborg Yacht Club. Au menu de ce « petit apéritif dînatoire », hot dog danois et bière a volonté. De solides (et liquides) substances qui ne seront pas de trop pour alimenter aujourd’hui les muscles de nos valeureux marins. La journée s’annonce en effet copieuse, avec des vents qui pourraient atteindre les 30 nœuds…un temps de vikings on vous dit !
Classement : (après 3 manches, 14 partants):
1er GP : Covers (DEN) : 9pts
2nd : Gill / Wet and Wild Graphics (GBR) : 9pts
3ème : Pindar Radii (GBR) : 12pts
4éme : UTI (SUI) : 12 pts
5ème : GE Commercial Finance (GBR) : 13 pts
6ème : Bodoted (DEN) : 15pts

















