Après la pétole du premier jour et la brise soutenue d’hier, les 20* concurrents en lice bénéficiaient aujourd’hui de conditions intermédiaires propres à compléter le tableau météorologique proposé par la Vendée depuis mercredi. Un vent au Nord Est soufflant 10 à 15 nœuds permettait au comité de course de lancer un premier parcours « banane » de deux tours et demi à 11 heures. Le casting changeait assez peu du côté des premiers rôles et dès les premiers bords, les Gildas Morvan (Cercle Vert), Frédéric Duthil (Distinxion), Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) ou Armel Tripon (Gédimat), pointaient aux avant-postes. Sur un plan d’eau toujours aussi partagé et laissant finalement le jeu assez libre, le skipper de Cercle Vert creusait une belle avance, confirmant l’adage selon lequel il est toujours plus facile d’être devant. A l’issue des deux tours et demi, l’arrivée était jugée au vent et couronnait Gildas Morvan qui s’imposait devant Gildas Mahé et Eric Drouglazet (Luisina).
Les jeunes loups en forme Dans la foulée de la première course et sur un parcours identique, les 20 solitaires allaient à nouveau en découdre. Si le vent se maintenait au Nord Est, il avait par contre sérieusement tendance à faiblir, offrant alors une nouvelle gestion tactique aux marins. Après un tour, la bonne surprise venait de la jeune génération qui trustait les premières places. Ainsi trouvait-on dans le peloton de tête Ronan Treussart (Groupe Céléos), Thomas Rouxel (Défi Mousquetaires), Frédéric Rivet (Ti Waï), Nicolas Lunven (Bostik) et Jean-Charles Monnet (Dregrémont – Suez – Source de Talent). Les jeunes loups tenaient parfaitement la distance et à l’arrivée, Thomas Rouxel s’imposait devant Nicolas Lunven et Ronan Treussart. La quatrième position revenait à Gildas Mahé devant Nicolas Troussel (Financo).
Au classement général provisoire avant jury, Gildas Mahé reprend les commandes devant Nicolas Troussel et Gildas Morvan. Les trois premiers se tiennent en huit points. Derrière, tout reste jouable d’autant qu’à une journée de la fin, deux manches restent à courir et que toutes seront retenues. La flotte au grand complet a rendez-vous demain matin à 10h30 au large de Port-La-Vie pour le dénouement du Grand Prix de Vendée.
Le premier à la bouée de dégagement sera Italienne avec le passage en tête d’Andrea Carracci (Speedy Bonsai) suivi d’Adrien Hardy, d’Yves Le Blevec, Fabien Desprès (Soitec), Sime Stipanicev (Marina Tribunj), Hervé Favre (TeamWork) et François Duguet (Crédit Agricole Skipper Challenge). Côté bateaux de série, Francisco Lobato (BPI) passe en tête suivi par Vincent Barnaud (Stgs.fr) et Matthieu Sannié (Orange Mini). Isabelle Joschke passera la bouée de dégagement en milieu de flotte. Choc pour Andraz, fissure sur le mât pour Alex Andraz Mihelin (Adria Mobil Too) se fait percuter – refus de priorité – quelques minutes après le départ par David Le Carrou (Le Tréport). Si David n’a pas de dégât important à constater, ce n’est pas le cas du Slovène qui ne peut que les constater : un choc important qui a causé un important impact sur le franc bord bâbord à environ vingt centimètres de la cadène. Andraz est d’autant plus dépité qu’il avait été également percuté par un bateau au départ le 18 septembre dernier. Un choc qui ne l’avait pas empêché de terminer 5e de la première étape. Revenu rapidement au port, Andraz avec l’aide de son préparateur a diagnostiqué le choc. Il pense pouvoir rapidement repartir après avoir séché, nettoyé et re-stratifié l’impact. Juste une question d’heures… Problème plus sérieux pour Alex Pella (Generalitat Valenciana) qui a constaté juste après le passage de la bouée de dégagement une fissure très importante sur son mât carbone, juste en dessous du rail de grand-voile. Alex inspecte pour le moment son mât.
Tous les acteurs étaient pourtant ponctuels samedi matin sur le plan d’eau vendéen pour disputer la dernière journée de ce premier acte. Dans un vent certes faible, le comité de course trouvait tout de même de quoi lancer un parcours « banane ». Dans des conditions très sensibles, c’est Corentin Chenais (Scutum) qui s’en sortait le mieux, prenant l’avantage sur ses concurrents et démontrant ainsi qu’il avait eu raison de passer du monde des préparateurs à celui des coureurs. Malheureusement, à peine une dizaine de Figaro Bénéteau parvenait à passer la marque avant que le vent ne déserte définitivement la zone de navigation. Après l’annulation de la course, marins et organisateurs s’armaient alors de patience, espérant de meilleures dispositions. Peu après 14 heures, il fallait se rendre à l’évidence et accepter d’en terminer à ce stade avec le Grand Prix de Vendée.
C’est donc sur une journée blanche de régate que s’achève le Grand Prix de Vendée 2007, première partie de la Finale du Championnat de France de Course au Large en Solitaire. Les 21 concurrents auront au total disputé six courses au large de Port-La-Vie dans des conditions de vent très variées allant de la pétole à la brise soutenue. Cinq marins se seront illustrés par une victoire ; Gildas Mahé, Gildas Morvan, double récidiviste, Armel Tripon (Gédimat), Nicolas Troussel et Thomas Rouxel (Défi Mousquetaires). La présence aux avant-postes des ténors de la série, confirme une fois encore la polyvalence des figaristes qui s’expriment aussi bien sur des courses au large que sur des parcours « banane », exercice imposé cette semaine par le comité de course dirigé de main de maître par Jean Coadou. Les concurrents de la Finale du Championnat de France de Course au Large en Solitaire retrouveront ces parcours techniques sur la Côte de Granit Rose à l’occasion du Grand Prix Veolia – Perros Guirec la semaine prochaine. Mais d’ici là, et après une journée de repos bien méritée, les solitaires auront à en découdre sur la Route du Ponant, course de ralliement de 232 milles entre la Vendée et la Bretagne.
Après un match de rugby très attendu ce soir et une journée de demain consacrée à la récupération et à la remise des prix du Grand Prix de Vendée, la course reprendra donc ses droits dès lundi matin 9 heures pour le départ de la Route du Ponant, course dotée d’un coefficient 2.
Vivre entre 20 et 30 jours, seul en mer, ne pas avoir de communication satellite avec la terre ou avec ses proches, ne pas avoir de routage, réparer les éventuels problèmes techniques par soi-même, organiser sa vie dans 4 m2 et tirer le meilleur parti de son coursier : une équation à de multiples entrées qui rend l’aventure et la course diablement passionnante. Et la tension monte petit à petit sur les pontons de la marina de Funchal. Les voitures commencent à se succéder sur le quai et les coffres déchargent les litres d’eau et les kilos de nourriture tendance sucreries et produits frais en complément des incontournables lyophilisés. 21, 22, 23, 24, 25 jours de nourriture embarqués, 120 litres d’eau imposés, les tee-shirts manches longues remplacent les polaires, les familles commencent à s’activer autour de leurs poulains, les regards commencent à se perdre dans le lointain. On répare les derniers affres de la première étape et certains courent encore un peu après le temps, pour ne pas louper le rendez-vous et tenter de présenter le couple skipper/bateau en pleine forme. Les différences de budget se font aussi sentir et certains se saignent pour remettre les bateaux en état. Stephan Bonvin (Fondation Theodora) court pour récupérer son bout-dehors et ses outrigers cassés, ses deux spis déchirés, a changé ses bastaques et pense qu’il va falloir aussi qu’il s’occupe de sa nourriture, lui qui est allergique à la protéine de lait. Pour Stephan, ce sera l’équivalent d’un équipier supplémentaire qu’il aura à son bord. Et là, où certains embarqueront environ 30 à 40 kilos de nourriture, le proto de Stephan affichera un surpoids de 70 kilos avec conserves et autres paquets de riz. Pour d’autres, c’est l’aéroport qui est sous haute surveillance. Laurent Bourguès sur Adrénaline attend toujours ses lyophilisés qui auraient dû être là avec ses proches, arrivés quelques jours plus tôt. Seul hic, le bagage, lui, n’est jamais arrivé… Lui qui travaille au contact de plus gros budgets avait réussi à récupérer des lyophilisés pour sa Transat. Pas de chance, il attend toujours le colis… Sinon, ce sera la débrouille et la solidarité entre marins qui jouera. Raoul Cospen (Dalet Digital Media Systems) son voisin de ponton, lui en a déjà proposé. Et puis, comble de tout, vendredi est jour férié à Madère. Une grande partie des magasins sera fermée, ce qui n’arrange pas nos marins qui courent après les derniers achats quand ce n’est pas une voiture pour aller les faire…
En 20 jours?
Et si certains courent ou complètent l’avitaillement, d’autres sont déjà dans la course. Bon nombre sont allés crapahuter dans les hauteurs de l’île pour changer d’air et oublier un tant soit peu ce qui les attend. Ce genre de pression qui dit « enfin, j’y suis » ou « non, pas déjà ». Toujours est-il que les discussions sont moins acharnées autour des cafés ou autres bières. Dans quelques heures, il faudra larguer les amarres pour traverser l’Atlantique. D’ailleurs certains commencent à faire tourner les routages. 20 jours ? 21 jours ? « Cela devrait aller assez vite » lâche Peter Laureyssens (Ecover) « Il y a plus que vent que prévu et cela a changé déjà depuis hier ». « Cela devrait passer par l’ouest » concède Seb Gladu (Clichy sous bois, Clichy sur l’eau). Entendez par l’ouest des Canaries. Car en effet, la première difficulté à passer sera l’archipel espagnol. Et il y a quelques jours, il n’y avait pas de pression au large des Canaries, l’alizé revenant tranquillement, dans un premier temps, le long des côtes africaines. Et là, les derniers fichiers sont assez formels : il y aura de l’air, même pas mal d’air au large de l’archipel volcanique. « Cela va être long quand même » souffle David Sineau (Bretagne Lapins) « Une fois aux Canaries, on va se dire que c’est comme si on repartait pour la deuxième étape avant ». C’est vrai que la course avec ses 250 milles de plus au compteur prend une petite tournure différente avec son terrain de jeu plus grand, ses options à tenter dans les îles ou à l’est pour trouver plus de pression… Et demain, gageons que beaucoup seront les yeux rivés sur les ordinateurs pour traquer les derniers fichiers météo du moment. En attendant, c’est la course, les courses et certains semblent déjà au-delà de tout cela. Ils déambulent mains dans les poches, la tête ailleurs. Ils sortent un téléphone portable et donnent des nouvelles aux proches. Oui, on y est, l’Atlantique est là, juste dans leurs dos…
« Il est temps qu’on parte. Cette escale commence à être limite un peu longue ! » A moins de 48 h du coup d’envoi du deuxième acte de la Transat 6.50 Charente-Maritime – Bahia, Isabelle Joschke ne cache pas son impatience. Victorieuse avec panache du premier round entre La Rochelle et Madère, elle trépigne aujourd’hui sur les pontons de Funchal à l’idée de reprendre la mer. Cette première étape n’était finalement qu’une sérieuse mise en jambes. « La vraie transat commence à Madère », confiait la navigatrice à son arrivée dans l’archipel portugais. Quelque deux semaines plus tard, bien reposée, son proto Degrémont-Synergie révisé minutieusement, l’avitaillement bouclé : Isabelle est prête à s’attaquer à l’assaut de l’Atlantique.« Je suis hyper concentrée. Pour moi, la course a déjà commencé. Sur la Transgascogne, j’ai perdu ma première place joliment lors de la seconde étape. Alors, là, pour moi, il n’y a vraiment rien rien qui est acquis. C’est clair que j’ai envie d’y aller, de me battre et que l’on puisse compter les points à l’arrivée. Je sais que cela ne va pas être facile. Et notamment à la fin, où les conditions météos sont favorables à certains bateaux, notamment à ceux de Sam Manuard et d’Yves Le Blévec, qui sont des bateaux de reaching (vent de travers). C’est sûr, pendant quelques jours, ils vont aller plus vite que moi. Rien n’est donc acquis ». Comme à son habitude, et forte déjà d’une participation en 2005 à la Transat 6.50, Isabelle, a travaillé, beaucoup travaillé, potassé la météo, étudié le parcours, s’est préparée physiquement et mentalement à ce grand saut de 3100 milles nautiques en solitaire. Elle sait qu’elle ne devra compter que sur elle-même, le routage et toute aide extérieure étant interdits par le règlement de la course. Elle compte maintenant les heures jusqu’au départ samedi à 12 h 02 locales devant Funchal. Au menu météo : des petits airs pour le départ avant que l’alizé ne revienne s’installer progressivement sur la route des ministes. La route, justement, la navigatrice la connaît par cœur. Plusieurs passages clés seront à négocier : les îles Canaries, où aucune marque de parcours n’étant imposée, plusieurs options tactiques seront ouvertes ; puis les îles du Cap Vert, avant d’attaquer le redouté Pot au noir, célèbre pour ses périodes de grand calme et ses grains soudains à 50 nœuds.« Cinq jours de galère ! », résume la navigatrice. Puis passé l’équateur, la flotte, poussée par l’alizé du sud-est, fera route, au près bon plein, vers le Brésil. « C’est un passage inconfortable parce qu’il y a de la mer. L’avantage, c’est que l’on peut se mettre sous pilote et dormir un peu plus. L’inconvénient, c’est que l’on est souvent mouillé et que l’on commence à être mangé par l’humidité. C’est assez dur physiquement ». Puis arrivé à Fernando, à l’approche du Brésil, le vent passera de travers. « C’est le dernier sprint final où il ne faut rien lâcher ». C’est promis, Isabelle, elle, ne lâchera rien jusqu’à la ligne d’arrivée…
Isabelle a un bonus de plus de 4h sur son plus proche adversaire, Yves le Blévec. C’est un atout mais pas une garantie de victoire finale…
Près de 30 milles de régate musclée, tant la Méditerranée n’a pas son pareil pour prendre dès 10 nœuds de vent des allures revêches, avec, compliment de Georges Kohrel, directeur de course, une arrivée commune aux Classiques et aux Modernes à la tour du Portalet. C’est donc dans un vilain clapot croisé que les 158 voiliers Modernes se sont élancés peu avant midi, dans le sillage des grands IRC A et des « frères ennemis », les deux J Class « Ranger » et Velsheda » ou les maxi yachts « Morning Glory », insolent leader, bord à bord avec « Rambler ». La fête à terre, les exigences du sport de voile en mer, les quelques 3 000 marins des Voiles de Saint-Tropez 2007 sont d’ores et déjà comblés.
Les Modernes tout en puissance… Le vent plus soutenu de cette journée de vendredi, 12 nœuds allant fraîchissant pour atteindre 15 noeuds bien établis à l’Est, a fait les affaires des grandes unités Modernes qui ont pour la première fois de cette semaine tropézienne, trouvé le carburant propice à débrider enfin la puissance de leurs carènes dont certaines dépassent les 35 mètres. Ainsi a t’on pu admiré lors du franchissement de la bouée au vent du long parcours côtier les 25 à 30 hommes d’équipage nécessaires pour assurer les manoeuvres et la navigation des maxi-yachts ou des super-yachts, très à l’ouvrage lors des envois des 300 m2 de spis. De jolies figures de style étaient alors offertes sous les hurlements des skippers tentant de se faire entendre de leurs équipiers N°1 mais aussi de leurs adversaires parfois très pressants à la bouée. Au fil des deux tours imposés, les écarts se faisaient plus conséquents. « Morning Glory » à l’Allemand Hasso Platter poursuit son cavalier seul, malgré un « Rambler » très entreprenant mais un peu moins bien aux allures portantes. Dans l’ombre du Maxi, le Swan 601 Cuordileone de l’italien Leonardo Ferragamo se devait, compte tenu de son différentiel de jauge, d’éviter de trop perdre en temps réel face au redoutable « Titan », plan Reichel-Pugh, seul un moment capable d etenir le rythme imposé par les maxi yachts. Autre duel tout en élégance, celui qui met face à face les deux Super Yachts, le grand ketch Sojana à Pete Harrison, et Hamilton II, élégant sloop signé Philippe Briand et propriété de Charles Dunstone. A signaler le parcours sans faute du Swan 601 « @robas » skippé par Gérard Logel et qui tutoie les « géants » dans cette classe décidément aussi variée que spectaculaire, à l’image de cette autre lutte, celle des deux répliques de Classe J « Ranger » et « Velsheda » très à l’aise sur mer formée.
Les Classiques en mode compétition Terminée la belle parade d’hier sous les murs de la Cité tropézienne. Avec le retour du vent au large de Saint-Tropez, forte était chez l’ensemble des voiliers de tradition, la tentation d’aller en découdre dans du vent frais et soutenu. 15 milles de régate en triangle aux abords du golfe étaient au programme et une fois encore à saint tropez, les grands Classiques ont offert le spectacle rare de leur vélocité, toutes voiles dehors, aux allures portantes. Léger et presque aérien sur une mer désordonnée, Tuiga (Fife 1909) s’est permis un dernier bord de portant tout à fait étonnant pour conforter son leadership dans sa classe. Pourtant, en temps réel, c’est bien du côté des grands Marconis qu’il fallait chercher les plus véloces du jour ; Savannah et Shamrock V se jetait littéralement sur la ligne au terme d’une traversée express du golfe. Savannah l’emportait d’une longueur. Le grand (27 mètres) sloop et ses lignes fluides, ses boiseries précieuses et son pont élégant semble tout droit sorti des cahiers d’un maître Fife ou Nicholson. Pourtant, son acte de naissance n’avoue que 10 années d’existence. Son propriétaire, amoureux de l’art de vivre et de naviguer du début du 20ème siècle a demandé au cabinet Britannique John Munford de créer pour lui un Class J "authentique", de moins de 100 pieds. Avec l’aide de la Class J, le cabinet de Southampton et le chantier Américain Pedrick ont produit une merveille de machine à régater avec style.
Le deuxième de cette étape de portant n’est autre que Jean-François Quelen qui termine 2 heures et 36 minutes dans le sillage de Stéphane. C’est Vincent Barnaud qui complète le podium à… 5 petites minutes de Jean-François. Une navigation à vue qui montre à quel point les bateaux sont proches en terme de performances. Six Pogo 2 trustent les premières places, la place de 7e revenant à Bertrand Castelnérac sur un… Pogo mais, 1. « J’avais vraiment à cœur de bien attaquer d’entrée et comme tous je savais que cela allait creuser par-devant. Je ne voulais pas commencer la course en ayant un retard à combler. Je voulais essayer d’imposer à mes concurrents, un rythme, une pression. J’ai commencé par mettre du charbon pendant trois jours, j’ai vraiment attaqué et j’ai beaucoup barré pour gagner des petits milles qui font au final la différence. » déclare Stéphane Le Diraison sur son Cultisol – Institut Curie à l’arrivée devant Funchal. Simple comme une déclaration à une arrivée direz-vous. Maintenant, effectivement il y avait plus de pression devant et les premiers à passer le Cap Finisterre étaient les premiers servis. Si cela se révèle vrai pour Stéphane et Jean-François Quelen (Galaz) qui sont les premiers à passer le Cap Finisterre, la suite du calssement au cap espagnol est bien différent. Le futur troisième de l’étape est 4e et le futur 4e, David Krizek (Atlantik FT) est 9e… Autant dire qu’il y a eu de sacrés bouleversements dans la grande descente vers Madère. Jeu des empannages mal gérés, départs au tas nombreux, réductions de voile trop rapides, phases de sommeil trop profondes après un golfe de Gascogne difficile à gérer… Les quelques 600 milles restants vers Madère ont amené leur lot de surprises, la plus belle étant tout de même la superbe performance de Bertrand Castelnérac sur As de cœur qui pointe en 3e position sur son Pogo 1 après le virage espagnol. Superbe !
Les décalés dans l’ouest à l’image de Bertrand vont commencer alors à souffrir et trouver moins de pression. David en glissant plus Est va alors grappiller d’importantes places. Vincent Barnaud sur STGS.fr reste également décalé dans l’Est et contient le retour de David. C’est ce qui va les sauver et leur permettre de se décoller du peloton derrière Stéphane et Jean-François qui font alors cavaliers seuls. Hervé Piveteau (Jules Imprimerie Cartoffset) tient la pression sur une route plus directe et s’intercale en troisième position, Bertrand en se recalant, se fait irrémédiablement croqué au portant. L’entonnoir commence à œuvrer et tout le monde se retrouve sur un cap au 200°. Stéphane est en tête, Jean-François le suit mais lâche du terrain, derrière la bagarre fait rage entre Vincent et David qui reviennent par l’Est.
7,13 noeuds de moyenne
Stéphane continue d’accélérer, trois garçons sont alors susceptibles de remporter la deuxième place mais David va mettre du temps à se recaler sur la route et parcourt plus de milles que les autres. Il laisse filer le podium, Vincent se battant jusqu’au bout pour gagner la deuxième place. Le chronomètre donnera le mot de la fin : 5 minutes et 14 secondes les séparent à l’arrivée. Côté temps, il faut noter l’arrivée d’Hervé Piveteau 1 petite minute derrière Lucas Schroder (T Mobile One) ou celle de Jean-Claude Guillonneau (Zerline) qui termine à 1 minute et 40 secondes derrière Matthieu Sannié sur son Orange Mini. Serrés…
Au final, on remarque que Stéphane Le Diraison a navigué un cran au-dessus en terme de vitesse sur l’eau en affichant un beau 7,13 nœuds de vitesse moyenne. Vite mais en plus au bon endroit ! Même s’il n’intercale que 2 petites heures 30 d’avance sur ses proches poursuivants, ces derniers affichent 7,01 de vitesse moyenne tous les deux. Ensuite, cela se joue par dixièmes de nœuds de vitesse soit des écarts qui n’excédent jamais plus de 2 heures 20 jusqu’à la 11e place. Il faut attendre la 23e place pour voir un écart d’arrivée de 7 heures entre Dominique Barthel (Conseil Général de l’Isère) et Sigrid Longeau (2B Consulting). Autre chiffre intéressant, il faut attendre la 25e place au classement pour compter plus d’une journée de mer de retard, soit David le Carrou sur Le Tréport. Autant dire rien ou pas grand-chose quand on voit ce qui attend ces 43 bateaux de série dans quelques jours maintenant…
Que dire des moyennes réalisées maintenant ? Le jour du départ, soit le mardi 18 septembre, c’est Véronique Loisel sur De l’espace pour la mer qui parcourt le plus de milles en une demi-journée avec 102,6 milles à la vitesse moyenne de 4,3 nœuds. Le lendemain, on trouve Stéphane Le Diraison avec 154,4 milles à 6,4 nœuds de moyenne. Le 20 septembre, c’est Bertrand de Castelnérac qui remporte la palme du nombre de milles parcourus avec 180,7 milles à la vitesse de 7,5 nœuds. Le 21 septembre, re-Stéphane avec 229,7 milles (9,6 nœuds). Le 22 septembre, Matthieu Sannié avale le plus de milles avec 198,5 milles (8,3 nœuds) et Francisco Lobato (BPI) le 23 septembre avec 210 milles (8,8 nœuds) et le 24 septembre avec 225,9 milles (9,4 noeuds). (source PG/GPO)
Dans la catégorie des Trimarans 60 pieds open, Pascal Bidégorry, skipper du Trimaran Banque Populaire IV est un marin accompli et comblé. Vainqueur de la dernière Transat Jacques Vabre, Champion du Monde des multicoques Orma en 2005, et deuxième de la Route du Rhum en 2006, Pascal a choisi le suisse Yvan Ravussin pour courir cette 8e édition de la Transat Jacques Vabre. Dimanche 4 novembre, il s’élancera pour sa quatrième participation (*). Après un beau début de saison pendant laquelle il remporte plusieurs manches et épreuves du Championnat du Monde des Multicoques Orma, dont le Trophée SNSM, Pascal, le « Defender » de la Transat Jacques Vabre est impatient de remettre son titre en jeu et de faire cap sur le Brésil. Défi relevé par Yvan Ravussin qui sera donc son coéquipier. Si Pascal et Yvan sont amis à terre, ils ont aussi navigué l’un contre l’autre notamment lors de la dernière édition de la Transat Jacques Vabre. Très complémentaires, les deux marins se connaissent bien, bénéficient d’une grande complicité, qui facilite ainsi leurs échanges en mer. De plus, Yvan navigue au sein du Team Banque Populaire pour la 3ème année consécutive avec un poste de barreur/régleur pour toutes les courses en équipage. Pour les multicoques, le top départ de la Transat Jacques Vabre 2007, sera donné le 4 novembre prochain au Havre. Basque et breton, duo gagnant? Le jeu est ouvert…
Interview croisée
Que représente la Transat Jacques Vabre pour toi ?
Pascal Bidégorry : « C’est l’objectif principal de la saison. C’est la plus longue transat qu’on dispute en trimaran, ce qui en fait une épreuve pas évidente à gérer. »
Yvan Ravussin : « C’est un peu la course marathon des multicoques 60 pieds. C’est une course en double, donc humainement, c’est intéressant, avec un parcours varié et tactique. »
Comment définir votre duo ?
P.B. : « Construit, car Yvan navigue sur le bateau depuis sa mise à l’eau. Humainement, c’est un duo avec de grosses valeurs, car dans la vie nous sommes des amis proches. »
Y.R. : « C’est la troisième saison que je navigue avec Pascal. On se connaît bien. On a du plaisir à naviguer ensemble au large. »
A bord, quelle différence cela fait-il d’être à deux plutôt qu’en solo?
P.B. : « A mon avis pas grand-chose, à part qu’on a tendance à aller un peu plus vite. Ce n’est pas plus rassurant d’être à deux car on a tendance à pousser les bateaux très fort. »
Y.R. : « A deux, il y a toujours quelqu’un à l’écoute, ce qui est très positif sur ce genre d’oiseau. C’est plus relaxant que le solitaire, mais le rythme est plus élevé. Il y en a toujours un pour pousser l’autre à manœuvrer. »
Pascal, pourquoi avoir choisi Yvan Ravussin comme co-skipper ?
P.B. : « Parce que c’est un monsieur que j’apprécie énormément. Un super marin. On a beaucoup d’expérience partagée. Il est un excellent barreur. Il va très vite, de manière très régulière, avec un toucher de barre de qualité tout en douceur. C’est un régal de le regarder barrer. »
Les qualités humaines d’Yvan selon Pascal et de Pascal selon Yvan ?
P.B. : « C’est un amour de garçon. Gentil, disponible, abordable. Le gendre idéal, quoi ! (rires) »
Y.R. : « Il est perfectionniste, comme moi. Il a du caractère, comme mon frère Stève. J’ai toujours navigué avec des gens avec du caractère. Je connais le fonctionnement de ce genre de personnage. Il est toujours à bloc. C’est une locomotive. »
Qualités nautiques ?
P.B. : « Yvan a beaucoup d’expérience en multicoque et un bon sens marin, comme son frère d’ailleurs. »
Y.R. : « C’est son palmarès qui en parle le mieux. Il gagne le Figaro, passe du mono au multi avec une grande facilité. C’est un grand metteur au point de bateau. Au niveau tactique, il sait faire du combat rapproché. C’est un excellent barreur. »
Défauts ou points faibles ?
P.B. : « Il n’est pas Basque ! (rires) Non, honnêtement, il n’a aucun défaut. En plus, il s’occupe de la nourriture. Il apporte de la viande séchée, des petits fromages de chez lui, du chocolat… »
Y.R. : « Son caractère fort de Basque peut blesser certaines personnes. C’est un point positif qui peut parfois être négatif. En dehors de ça, il s’investit beaucoup dans les projets Banque Populaire (la construction du maxi multicoque en ce moment, ndlr), il ne faudrait pas que cela le fatigue ou le stresse trop. »
Alors, complémentaires?
P.B. : « Techniquement peut-être, car sinon on est assez proches dans notre manière de concevoir la navigation en multicoque. Yvan a un véritable savoir-faire en matière de composite. C’est rassurant de l’avoir à bord pour ça. De mon côté, je me concentre plus sur l’électronique. »
Y.R. : « Pascal est excellent en navigation et dans la connaissance de son bateau. De mon côté, je sais faire aller vite un bateau. »
Pascal, tu as remporté la dernière édition. Difficile de faire mieux. Comment te motives-tu ?
P.B. : « C’est une autre course, avec un autre plateau, une autre météo. C’est sûrement une autre façon de gérer l’épreuve vis-à-vis de la concurrence même si le plateau reste composé des meilleurs bateaux, … Chaque course est différente, surtout avec ces bateaux-là. Je ne repense pas à ce qu’il s’est passé il y a deux ans. Les compteurs sont remis à zéro. »
(*)Participations de Pascal Bidégorry à La Transat Jacques Vabre : 2005 Trimaran Banque Populaire IV avec Lionel Lemonchois 2003 Trimaran Banque Populaire III avec Lalou Roucayrol 2001 Trimaran 60 pieds Covefi de Bertrand de Broc
Arrivé en troisième position de la première étape, 5 heures 43 minutes et 4 secondes après le premier concurrent Isabelle Joschke, et un peu plus d’une heure après le deuxième, Samuel Manuard, Yves le Blevec se plait dans cette position de poursuivant : "Je peux observer et décider, c’est plus facile que de se sentir poursuivi" lâche-t-il. En effet, si Yves marquait un peu de déception à son arrivée à Madère il y a 10 jours, il juge aujourd’hui son écart très surmontable avec un bateau est en parfait état. Samedi 6 octobre, la flotte des 89 concurrents s’élancera de Funchal pour 3100 milles, soit près de 3 semaines à passer seul, sans routage et sans information, sur l’Atlantique. Après quelques jours de repos et de marche sur l’île de Madère, le skipper de GROUPE ACTUAL se dit "ressourcé et concentré après avoir bien respiré". Il est de nouveau près de son bateau et a repris la préparation de cette deuxième étape décisive. Et voici ce qu’il en pense : "Cette étape va se courir sur un autre rythme, en mode sprint. Elle sera très variée avec beaucoup de passages différents. D’ici jusqu’aux Canaries, nous devrions trouver un peu d’alizés mais peu établis. Ensuite nous serons au portant jusqu’au Pot au Noir, qui se situe aux deux tiers du parcours. Là, impossible de savoir ce qui nous attend, ce peut être rapide ou long et fastidieux … Puis ce sera à nouveau les alizés qui nous conduiront vers la côte du Brésil, où ils seront bien établis. Il faudra savoir s’adapter et manoeuvrer souvent."
Si la journée de mercredi avait débuté par un retard à terre faute de vent, ce jeudi bénéficiait de meilleures dispositions météorologiques. C’est donc comme prévu, peu après 10h30, que débutait la procédure de départ de la troisième course du Grand Prix de Vendée. Un vent au Nord Est entre 15 et 18 nœuds offrait de quoi disputer un premier parcours « banane » composé de trois tours avec une arrivée sous le vent. Bien décidé à briller dans les eaux ligériennes, Armel Tripon, le régional de l’étape, prenait les devants et menait la flotte au bout d’un tour. Derrière suivaient le jeune Ronan Treussart (Groupe Céléos), Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), l’incontournable Nicolas Troussel (Financo) et Thomas Rouxel (Défi Mousquetaires). Ces trois derniers, actuels trois premiers du classement du Championnat de France de Course au Large en Solitaire, donnaient alors le ton de ce que risque fort d’être cette Finale du Championnat de France de Course au Large en Solitaire à leur niveau : une bagarre à couteaux tirés pour un titre ! A l’arrivée, dans des conditions toujours favorables au spectacle, Armel Tripon (déjà 2e de la première course mercredi) décrochait la victoire dans la première course du jour, devant les décidément très en forme, Nicolas Troussel et Gildas Mahé.
Troussel en patron
Pas de répit pour les solitaires qui enchaînaient une trentaine de minutes plus tard avec un deuxième round toujours soutenu par une bonne brise vendéenne. Après un rappel général marquant une montée en puissance de la tension du côté des concurrents, la deuxième procédure était la bonne pour une course qui s’annonçait à nouveau tactique et éprouvante physiquement. Cette fois c’est sur un parcours « banane » de deux tours et demi avec arrivée au vent que s’expliquaient les 21 concurrents en lice. Répartie au gréé des oscillations de vent sur les deux côtés du plan d’eau, la bataille faisait rage au sein de la flotte. Au bout d’un tour, le « patron » Nicolas Troussel pointait en tête, devant Frédéric Duthil (Distinxion) et Franck Le Gal (Lenze). Le leader du Championnat de France coupait la ligne d’arrivée en vainqueur devant Eric Drouglazet (Luisina), Gildas Morvan (Cercle Vert) et Franck Le Gal.
Ce soir et après quatre courses dans ce Grand Prix de Vendée, le skipper de Financo prend la tête du classement général provisoire avant jury. Il devance Gildas Mahé et Gildas Morvan. Demain, deux courses sont au programme.
Les commentaires du jour :
Nicolas Troussel (Financo) – Vainqueur de la deuxième course du jour et leader au classement général provisoire :« Une belle journée ! Tout me sourit en ce moment. J’ai de la réussite donc j’en profite. C’est très agréable dans la mesure où ça me fait faire des régates sur lesquelles je m’amuse, sans bord obligatoire et avec du bon niveau. Tout va bien, pourvu que ça dure !"
Armel Tripon (Gedimat) – Vainqueur de la première course du jour et quatrième au classement général provisoire :« C’est la deuxième « banane » que je gagne en Figaro Bénéteau mais la première que je gagne aussi proprement. Je suis très content. J’étais serein. J’ai bien négocié mes choix. J’ai essayé de m’appliquer. J’étais venu à Saint-Gilles-Croix-de-Vie avec l’idée de gagner une ou deux courses… en voilà déjà une ! Je veux finir cette saison en beauté et pour le moment ça se passe bien."
Franck Le Gal (Lenze) – Quatrième de la deuxième course et onzième au classement général provisoire :« Après une mauvaise première manche, j’en ai fait une belle deuxième dans plus de vent que prévu. C’est plus drôle d’être devant parce que tu fais ce que tu veux et tu ne te retrouves pas dans la fumée des autres. Cette journée me rassure pour la suite !
Alexis Loison (All Mer – Ineo Suez) – Neuvième de la deuxième course et treizième au classement général provisoire :« Je n’étais pas trop mal sur la première manche, avant de casser mon hale bas de bôme et de voir tout le paquet me rattraper. Sur la deuxième, j’ai pris un bon départ et j’étais bien inspiré au niveau du vent. Il faut encore que j’améliore mes enroulés sous le vent mais je vois qu’il y a des progrès par rapport à l’année dernière ».