« Il est temps qu’on parte. Cette escale commence à être limite un peu longue ! » A moins de 48 h du coup d’envoi du deuxième acte de la Transat 6.50 Charente-Maritime – Bahia, Isabelle Joschke ne cache pas son impatience. Victorieuse avec panache du premier round entre La Rochelle et Madère, elle trépigne aujourd’hui sur les pontons de Funchal à l’idée de reprendre la mer. Cette première étape n’était finalement qu’une sérieuse mise en jambes. « La vraie transat commence à Madère », confiait la navigatrice à son arrivée dans l’archipel portugais.
Quelque deux semaines plus tard, bien reposée, son proto Degrémont-Synergie révisé minutieusement, l’avitaillement bouclé : Isabelle est prête à s’attaquer à l’assaut de l’Atlantique.« Je suis hyper concentrée. Pour moi, la course a déjà commencé. Sur la Transgascogne, j’ai perdu ma première place joliment lors de la seconde étape. Alors, là, pour moi, il n’y a vraiment rien rien qui est acquis. C’est clair que j’ai envie d’y aller, de me battre et que l’on puisse compter les points à l’arrivée. Je sais que cela ne va pas être facile. Et notamment à la fin, où les conditions météos sont favorables à certains bateaux, notamment à ceux de Sam Manuard et d’Yves Le Blévec, qui sont des bateaux de reaching (vent de travers). C’est sûr, pendant quelques jours, ils vont aller plus vite que moi. Rien n’est donc acquis ».
Comme à son habitude, et forte déjà d’une participation en 2005 à la Transat 6.50, Isabelle, a travaillé, beaucoup travaillé, potassé la météo, étudié le parcours, s’est préparée physiquement et mentalement à ce grand saut de 3100 milles nautiques en solitaire. Elle sait qu’elle ne devra compter que sur elle-même, le routage et toute aide extérieure étant interdits par le règlement de la course. Elle compte maintenant les heures jusqu’au départ samedi à 12 h 02 locales devant Funchal. Au menu météo : des petits airs pour le départ avant que l’alizé ne revienne s’installer progressivement sur la route des ministes.
La route, justement, la navigatrice la connaît par cœur. Plusieurs passages clés seront à négocier : les îles Canaries, où aucune marque de parcours n’étant imposée, plusieurs options tactiques seront ouvertes ; puis les îles du Cap Vert, avant d’attaquer le redouté Pot au noir, célèbre pour ses périodes de grand calme et ses grains soudains à 50 nœuds.« Cinq jours de galère ! », résume la navigatrice. Puis passé l’équateur, la flotte, poussée par l’alizé du sud-est, fera route, au près bon plein, vers le Brésil. « C’est un passage inconfortable parce qu’il y a de la mer. L’avantage, c’est que l’on peut se mettre sous pilote et dormir un peu plus. L’inconvénient, c’est que l’on est souvent mouillé et que l’on commence à être mangé par l’humidité. C’est assez dur physiquement ». Puis arrivé à Fernando, à l’approche du Brésil, le vent passera de travers. « C’est le dernier sprint final où il ne faut rien lâcher ». C’est promis, Isabelle, elle, ne lâchera rien jusqu’à la ligne d’arrivée…
Isabelle a un bonus de plus de 4h sur son plus proche adversaire, Yves le Blévec. C’est un atout mais pas une garantie de victoire finale…