Mini Transat. Le grand saut : le premier arrivé a gagné !

La Boulangère Mini Transat 2025

Depuis 48 heures, la Marina de Santa Cruz de La Palma a vibré de cette atmosphère si particulière qui accompagne les grands départs. C’est ce samedi 16h que les 89 concurrent s’élancent pour l’unique étape de la Boulangère Mini Transat.

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La Mini Transat, ce sont les candidats à la grande aventure qui en parlent le mieux… Sur le départ de cette étape « avec un grand E puisque c’est sur celle-ci que tout repose ! », Thaïs Le Cam (1068 – Frérots AD) exprime bien sur ses réseaux toute l’essence de ce défi océanique – « une ode à la simplicité qui te ramène à l’essentiel ». Elle en décrit aussi les enjeux – « le suspense est à son comble. Les compteurs à zéro ! » – alors qu’elle s’apprête, pour sa deuxième participation, à disputer une course avec de solides ambitions sportives dans la catégorie des protos.

« Comme une grande première »
« Franchement, j’ai envie de partir en mer. Dans des conditions qui ne sont pas hyper simples au début, il y aura de la stratégie. Mais je me sens bien sur mon bateau. Il est prêt. Et je suis en pleine forme après une escale qui m’a permis de faire beaucoup de sport », confie Alicia De Pfyffer (1051-Wallabys). La navigatrice suisse qui cumule les traversées ne cache pas la pointe de trac qui s’invite pour cette nouvelle transat en solitaire version Mini Transat, se disputant sans aucun contact direct avec la terre. « C’est comme une grande première avec beaucoup de questions qui te passent dans la tête… À chaque traversée que j’ai faite, je me suis projetée, me demandant comment je me sentirais toute seule sur mon petit bateau. »
« C’est un grand saut dans l’inconnu, qui me tente depuis longtemps. Je vais découvrir des systèmes météo que je n’ai jamais rencontrés, à part dans les livres », confie Quentin Mocudet (986 – Saveurs et Délices) « Et l’échiquier n’est pas si clair à lire. En mer, on aura encore moins d’informations », ajoute celui qui a désormais digéré l’annulation de la première étape qu’il avait pourtant menée avec engagement et réussite dans des conditions musclées. « J’étais en bonne position pour assurer une place sur le podium. Mais je ne n’étais pas premier non plus. Je gagne donc une nouvelle chance de gagner. »

Dernier briefing, ultimes conseils
Devant les 89 étraves des 6.50 : 2 613 milles théoriques pour rallier la Guadeloupe sur un parcours d’abord rythmé par le passage d’une marque virtuelle à laisser à tribord dans le sud de l’archipel canarien, sur l’Atlantique perturbé par les dépressions automnales le traversant d’Ouest en Est. « On a mis un waypoint supplémentaire à une centaine de milles dans le sud pour éviter que certains partent trop au nord comme certains routages le suggèrent, avec le risque de se retrouver au près dans 30 nœuds de vent », détaille Denis Hugues. « Je n’ai pas envie de devoir envoyer les bateaux accompagnateurs là-dedans. Cela reste un tout, et le plus important, c’est de sécuriser l’ensemble du dispositif ».
Le temps d’un dernier briefing ce vendredi après-midi, le directeur de course a pu livrer d’importantes recommandations. « Mon premier conseil, c’est de s’attacher et de le rester tout le temps ! Et de faire attention aux grains, de surveiller les nuages pour anticiper ce qui t’arrive dessus », ajoute celui qui orchestre la partie maritime des 89 minis voiliers. Demain à 15 heures, la flotte larguera les amarres dans des vents très légers, avec une première difficulté à gérer : les célèbres dévents canariens.

« On piétine de retourner en compet’ », indique Adrien Marchandise (754-MiniLab), skipper d’un foiler, véritable laboratoire flottant pour tester des innovations à valeur environnementale. Le skipper-ingénieur se prépare néanmoins à passer plus de jours en mer que prévu « On va avoir du vent relativement léger ou médium, ce n’est pas si mal. J’espère que les foils vont être utiles. J’ai chargé un peu plus de bouquins dans la liseuse, un peu plus de musique dans le MP3, et un plus de victuailles. Le début s’annonce ultra-light. Je pense qu’on a 36 heures de méga pétole pour aller chercher le waypoint. »
Quid des alizés ?
Puis viendra alors la promesse de toucher les vents d’alizé. « Ils ont l’air plutôt établis, sur une régime de 15-20 nœuds, mais ça peut vite monter à 30 nœuds avec des franches bascules, et d’inévitables lignes de grains », avertit Denis Hugues qui envisage une traversée de 10-11 jours pour le plus rapide d’entre-eux : le 1067-Nicomatic-Petit Bateau de Benoît Marie. D’autant que le skipper du mini foiler capable de surpasser les meilleures projections de vitesse, jeune papa d’un nouveau né, pourrait avoir des ailes pour avaler l’Atlantique à grandes enjambées. Cette Boulangère Mini Transat 2025 lui permettra-t-elle d’affoler les compteurs ? Réponse sur les chemins qui mènent en Guadeloupe et balisent une aventure humaine XXL pour les 89 skippers au saut de ce grand départ…

Les mots de skippers

Hiroky Nakayama (1034 – Clochette) : « C’est un défi pour moi ! »

« Je fais cette course car j’aime l’aventure. Je n’étais pas très content de ma course mais je sais faire avec. Il n’y a pas le choix ! J’ai eu de la casse comme le bout dehors, que j’ai changé. J’ai aussi cassé mon spi medium. Maintenant, tout est réparé donc je suis impatient de prendre le départ. C’est un défi pour moi de partir sur cette traversée. J’ai débuté la voile il y a quatre ans. J’ai pratiqué deux ans au Japon et deux ans en France. Je partais de rien. J’ai suivi le Vendée Globe en 2020 / 2021. Kojiro Shiraishi, le skipper japonais était engagé. Je l’ai suivi à la télé et j’ai trouvé ça très cool. Je me suis dit : je veux le faire ! J’ai d’abord regardé les budgets du Vendée Globe mais c’était beaucoup trop cher ! Alors, j’ai décidé de faire la Mini Transat et j’espère passer en Class40 ensuite. Au Japon Kojiro Shiraishi est une légende. Il inspire beaucoup de monde. »

Juliette Bataille (800-Métier Interim) : « Ce ne sera pas facile, mais je suis préparée pour »

« C’est une traversée de l’Atlantique, mais c’est juste un peu plus long que d’habitude. On est prêts pour cette traversée. On a fait beaucoup de milles sur ces bateaux, on sait réparer ce qui peut casser. Je ne dis pas que ce sera facile, mais je suis préparée pour ça.
Je ne suis pas très rapide dans le vent fort, je ne tire pas le maximum du bateau. J’aborde donc l’étape avec prudence. Si j’ai de bonnes conditions, je donnerai tout, mais si c’est fort, je jouerai la prudence avant tout. »

Loïc Guyader (1055 – Kirby) : « La bonne surprise de vivre un beau volet aventure »

« La première étape a été un peu particulière. J’ai abimé le bateau assez rapidement, surtout mon spi medium. J’ai basculé assez rapidement en me disant que ça n’était pas l’étape que j’aurais rêvé faire en termes de performance. Heureusement, j’ai eu la bonne surprise de l’annulation de la course qui a permis de remettre les compteurs à zéro et de vivre un beau volet aventure. C’est quand même bien sympa. J’étais soulagé et cela fait partie du côté mythique de cette course. Il se passe toujours des petits trucs et maintenant on espère qu’on a eu notre dose et qu’on peut filer vers la Guadeloupe. Ça va être chouette, on traverse l’Atlantique. »

Arthur Cabié (993 – Rastapopoulos) : « Se remettre dans l’idée de la compétition »

« Il faut se remettre dans l’idée de la compétition (…) Sur la première étape, j’ai eu un peu de mal à gérer la prise de risque. Je me suis dit que ce serait dommage de tout casser dès le départ. Il faut savoir jauger où l’on met le curseur entre la prise de risque et la performance. On a beaucoup travaillé pendant les 48 premières heures, et après, ça allait mieux : j’ai repris plaisir à faire de la régate.
Après l’annulation, le passage en mode aventure a été intéressant. On se rend compte qu’on fait un sport dangereux. Faire une arrivée tous ensemble, dans un port qu’on ne connaît pas, de nuit, dans le brouillard et à la voile, c’est une expérience dont je me rappellerai toute ma vie. »