Le Suisse Mathis Bourgon réalise un bel exploit en s’imposant sur la Mini Transat avec un bateau de 2017, sans réelle préparation. Ses premiers mots à terre :
« J’ai un bateau de 2017, le 934. Ce n’est pas le bateau le plus récent, mais il fonctionne super bien. Il est d’ailleurs à vendre ! On a très bien préparé le bateau. Mon père m’a aidé, c’était assez cool comme histoire. Je ne suis pas passé par les centres d’entraînement : on l’a préparé dans le jardin familial, à l’ancienne, comme il y a 30 ans. Petit budget, petite équipe. Mon père me donne du temps quand il peut, pour me conseiller. Il m’a aussi formé un peu à la météo. C’est magique que ce projet soit gagnant.
J’avais dit : Objectif 1, gagner. Objectif 2, faire podium avec Benoît et Alex. Ça a l’air de se profiler, donc c’est génial.
J’ai croisé Benoît qui m’a fait signe, en me disant que c’était fini pour lui, qu’il arrêtait, qu’il ne pouvait plus. Il m’a vu passer à 10-12 nœuds quand lui était à 5 nœuds, ça a été dur pour lui. Il m’a dit qu’il avait déjà vécu une arrivée victorieuse et qu’il était content. S’il y avait une personne autre que lui qui pouvait gagner, il aurait aimé que ce soit moi. C’est sympa. »
« Gagner, c’est magique »
« Depuis la moitié de la course, j’ai eu peur de perdre un safran. Heureusement, j’étais bien équipé, j’avais tout ce qu’il fallait à bord pour réparer et faire en sorte que cela tienne. Mais jusqu’à la fin, je ne pouvais pas tirer sur le bateau. Pour moi, la première place et Nicomatic, c’était loin, et je savais qu’il y avait Alexandre (Demange) qui marchait fort derrière.
Gagner, c’est magique. Je suis encore un peu tremblotant. Il y a plein de trucs… Je n’ai pas dormi depuis longtemps, je n’ai fait que barrer, barrer… Je me suis mis minable. J’ai eu quelques soucis de GPS, et je n’avais pas de spi médium. Je suis vraiment allé dans mes retranchements, avec beaucoup de stress : le stress de naviguer tout le temps sous spi max, les craquements du safran que je craignais de casser. Le manque de sommeil, c’était le plus dur : j’ai vraiment tiré. »
Rencontre avec une baleine
« J’ai même croisé une baleine ! J’ai pris un coup de queue sur tribord. J’étais en train de manger tranquillement à l’arrière quand j’ai entendu un énorme bruit, et j’ai vu surgir un dos immense, large comme le bateau. J’ai tremblé pendant deux minutes… »
« Vive la Suisse, et vive l’Atlantique ! »
« J’ai beaucoup pensé à la victoire de mon père, qui a gagné quand je n’étais pas encore né. J’avais conscience de faire une très belle course, même en terminant deuxième. Quand j’ai entendu à la vacation que j’étais devant Alex et Julien (Letissier), qui naviguent tous les deux sur des super bateaux, c’était incroyable. Et cette nuit, quand j’ai croisé Benoît, on a parlé à la VHF : on a eu des mots forts. On était à 55 milles de l’arrivée. Il m’a dit que c’était fini pour lui, qu’il avait beaucoup de dégâts à bord. Il y a beaucoup de respect entre nous. On a beaucoup travaillé la météo ensemble.
Quand je pars, je me dis toujours que je veux gagner, et je fais tout pour y arriver. J’avoue que c’est un peu insolent (rires). J’ai un bateau de 2017, ce n’est pas le plus récent, mais il fonctionne super bien. Papa m’a beaucoup aidé à bien le préparer. C’est aussi ce qui est beau dans cette histoire : on a préparé le bateau ensemble, dans le jardin familial, à l’ancienne. Petite équipe, petit budget… Il m’a donné beaucoup de conseils et m’a formé sur la météo. C’est magique que ce projet soit gagnant ! Vive la Suisse, et vive l’Atlantique ! »

























