
Les arrivées se succèdent à St François en Guadeloupe. Quentin Mocudet et Amaury Gérin ont pris la 2e et 3e place en série après une belle bataille à 4 à l’approche de l’arrivée avec Antonin Chapot et Joshua Schopfer.
À 26 ans, Quentin Mocudet (986) (Saveurs et Delices ) termine deuxième dans la catégorie série, au terme d’une lutte acharnée avec Amaury Guérin jusqu’aux derniers instants. « Depuis trois jours, nous nous croisons sans cesse, parfois on se perd de vue, puis on se retrouve », raconte Quentin, exténué mais radieux sur le ponton de Saint-François. « Jusqu’à cette nuit, alors que je sortais d’une sieste, j’ai revu mes concurrents à l’AIS et il a fallu continuer à contrôler. Cela ne s’arrêtait jamais. Des grains sont arrivés et tout est devenu incertain : un coup Amaury Guérin reprenait l’avantage, un coup je revenais. Il fallait rester patient et surtout ne pas commettre d’erreur. J’étais soulagé que ça se termine sur une deuxième place plutôt qu’une quatrième. »
La route vers ce podium a été semée d’embûches. En 2022, une blessure à l’épaule avait compromis sa saison. Quelques mois plus tard, c’est un incendie sur son bateau qui a mis un terme définitif à sa participation à la dernière édition. Et comme la fatalité s’acharne parfois, il a cette année heurté un bateau de pêche et manqué plusieurs courses capitales, ajoutant un nouveau chapitre à une série de mésaventures qui aurait découragé beaucoup d’autres. « Ça fait cinq ans que je prépare ce projet et j’en ai ch… J’y pensais tout le temps sur l’eau et je me disais que je n’avais pas le droit de lâcher. Je voulais finir sur le podium, en ayant tout donné, au meilleur de moi-même », confie-t-il.”
” On a longtemps cherché Paul Cousin, sans jamais le trouver, et on a vite compris que ça allait être compliqué. On se croisait souvent à l’AIS avec les autres concurrents, et pendant cinq jours, c’était toujours la même dynamique : on ne se voit pas pendant une journée et demie, puis on se retrouve. À chaque fois, c’est hyper stressant. Pendant une journée et demie, tu te demandes si tu vas gagner ou perdre des places. Je suis vraiment content d’arriver, je n’en pouvais plus. C’était trop de stress de ne pas savoir… Et à la fin, avec les grains, tu ne sais jamais à quelle sauce tu vas être mangé. Tu peux très bien avoir dix milles d’avance et tout perdre. »
« Nous étions souvent en petit groupe, avec au moins une personne par jour à l’AIS. C’était bien, mais parfois ça parlait un peu trop ! Le meilleur moment, c’est quand on a commencé à toucher les alizés après le waypoint… Les surfs étaient juste magiques. Sur les derniers bords, la houle était plus difficile à gérer. Ça tapait, ce n’était pas toujours agréable. Cette Mini Transat, c’est avant tout pour traverser l’Atlantique en solitaire, et peut-être le début d’une carrière. Depuis le début, le projet ne s’est jamais déroulé comme prévu. Ça fait cinq ans que je me bats pour cette transat. Je suis super heureux de finir deuxième, je n’aurais pas pu rêver mieux ! Tous les jours sur l’eau, je pensais aux difficultés que j’ai traversées pour être là. Je me disais que je n’avais pas le droit de lâcher. À un moment, j’ai même cru que je pouvais gagner. Quand j’ai compris que ce n’était pas possible, je me suis accroché pour finir deuxième, avec la conviction que je ne pouvais pas finir ailleurs que sur le podium et que je devais tout donner. J’étais heureux en mer, mais sur la fin, un peu triste de terminer ce projet de cinq ans avec ce bateau. En 2022, j’avais un super bateau, je me suis blessé en mai et le bateau a brûlé en fin d’année, ce qui m’avait fait perdre toutes mes chances de participer à la Mini Transat. Cette année, alors que j’étais deuxième derrière Amaury, j’ai percuté un bateau de pêche et je n’ai pas pu disputer toutes les courses d’avant-saison face à lui et Paul Cousin. C’est toujours très disputé entre nous trois. Aujourd’hui, après cette belle Mini Transat, j’ai envie de continuer sur un autre circuit, Figaro ou Class40. J’espère que c’est le début d’une carrière qui durera longtemps. »
Les chiffres de la course de Quentin Mocudet, 2è série (avant jury)
Temps de course : 15j 05h 12min 52s
Écart au premier : 05h 33min 28s

Amaury Guérin a reçu lui aussi un accueil aussi joyeux que chaleureux, de la part du public venu nombreux et de ses amis Ministes au rendez-vous. Le skipper de 23 ans n’a pas ménagé ses efforts après un début de course en demi-teinte au départ des Canaries. Mais le skipper du Maxi Groupe Satov s’est accroché, en dépit de la perte de son spi max, pour remonter la flotte et décrocher la troisième marche d’un podium très convoité. Un bel accomplissement pour celui qui n’a découvert la course au large qu’il y a trois ans à peine, et qui compte désormais parmi les valeurs sûres du circuit Mini. « C’était une arrivée magique, le long des îles vertes, le bateau sous spi à 15 nœuds, avec le coucher du soleil… Tout était parfait. Je promets que je n’avais pas calculé le timing, mais c’était idéal. J’ai eu du mal sur la première moitié de la course : je me suis fait piéger dans la molle de l’anticyclone. Je suis parti trop vite vers l’ouest, et ça m’a coûté cher pour la suite. À mi-parcours, mon objectif était de remonter dans le top 3, mais ça a été compliqué… Quatre jours avant l’arrivée, j’ai déchiré mon spi max. Je l’ai retrouvé enroulé dans les safrans, dans 25 nœuds d’alizé. J’ai dû faire marche arrière pour essayer de le dégager. J’étais accroché à mon harnais, la tête dans l’eau, le couteau à la main pour le découper. Après ça, j’ai dû finir la course avec le spi médium. J’ai tout donné pendant quatre jours pour essayer de recoller, mais j’avais un déficit de vitesse. Je n’ai pas réussi à rattraper Quentin (Mocudet), mais j’avais Antonin (Chapot) et Joschua (Schopfer) à portée — on s’est bien battus. Depuis 24 heures, j’étais à la barre non-stop pour garder la meilleure vitesse possible, mais avec la fatigue et les sargasses, c’était vraiment dur. Ce que je venais chercher en participant à cette Mini Transat, c’était de progresser en course au large. Et ça, je l’ai vraiment trouvé en trois ans de projet. J’ai l’impression d’avoir énormément progressé. Quand je suis arrivé, quand j’ai débarqué en Mini, je ne savais même pas prendre un ris en mer, j’étais un peu à l’arrache. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être à l’aise en mer. Si la course avait continué encore quinze jours, ça ne m’aurait pas dérangé. Et j’ai aussi trouvé plein de copains ! Avant la suite du programme — ramener le bateau à la voile jusqu’en Vendée en juin prochain —, on peut dire que la partie sportive de mon projet est terminée. Et c’est un vrai bonheur d’arriver ici ! »
Antonin Chapot termine 4ᵉ de La Boulangère Mini Transat 2025. À quelques milles seulement des autres leaders. “ Je suis arrivé avec les dernières lumières du jour, c’était assez fou. Le plus dingue, c’est que j’étais tout le temps en train de grappiller les deux, trois, quatre premières places. J’ai enfin réussi à m’immiscer dedans et à doubler Joschua au dernier moment. C’est un peu un finish de rêve. Je savais que Paul était inatteignable, mais avec Amaury (Guérin), Quentin (Mocudet), Joschua (Schoppfer) et moi, on se tenait tous dans un rayon de dix milles. C’était un truc de ouf ! On se disait : « Ouah, ça va être dur jusqu’au bout. J’ai pris les choses au jour le jour. Je ne comptais pas les jours, je faisais ce que j’avais à faire et, quand le travail était fini, je recommençais. C’est passé assez vite au final, même si, à certains moments, je me demandais ce que je foutais là. Mon cas est particulier, car j’ai toujours eu quelqu’un à l’AIS avec Blaise Ribon. Ça nous a tirés vers le haut et c’est sans doute pour ça qu’il va faire sixième. Sportivement, je voulais faire un top 5 et je termine 4e, donc la case est cochée. Émotionnellement, j’ai bien fait le plein : d’énervement contre moi-même, de rage, mais aussi d’émerveillement. C’est l’accomplissement de deux années de travail. »
Joshua Schopfer, 5e, souvent pointé dans le premier wagon de cette étape entre les Canaries et la Guadeloupe, a su tirer son épingle du jeu dans les rangs compacts de la flotte des bateaux de série. « À l’arrivée, c’était vraiment sympa de revoir le spi bleu d’Antonin (Chapot) de plus en plus proche, mais pas assez proche, malheureusement ! J’ai eu une super belle approche de la Guadeloupe avec les îles… et le ti punch à l’arrivée ! Le bateau va bien, il a quelques petits bobos, mais ce n’est pas trop grave. De cette transat, je retiens beaucoup de mer et de ciel… et beaucoup de poissons volants ! Je ne pensais pas en voir autant. Plus sérieusement, il faudrait un livre pour décrire la Mini Transat. Il y a tellement d’émotions, de vécu, d’expériences magnifiques… Et les copains, la famille qui sont là à l’arrivée, cela fait trop plaisir. Apparemment, il y a un Suisse qui a gagné la Mini Transat… Bravo Mathis ! Deuxième Bourgnon qui gagne, cela montre que la Suisse est bien présente dans la course au large, cela fait bien plaisir. Dans l’immédiat, je ne sais pas trop ce que je souhaite : une bière, les résultats du foot (rires)… »



















