La progression vers l’Equateur est cependant à ce prix et Francis Joyon y souscrit d’autant plus volontiers qu’il sent proche la délivrance avec cette très attendue adonnante. En abordant les régimes d’alizés d’Est, Francis va en effet peut-être dès demain soir sentir le vent tourner doucement sur sa droite. Travers au vent, IDEC retrouvera alors un confort de route propice à une plus grande vitesse vers l’Equateur…
"Des grains très violents"
"Je souffre de voir souffrir mon bateau…" Joyon le marin est tout entier résumé dans cette phrase. Sans égard pour sa personne est limité quant il s’agit de multiplier changements de voiles et virements de bord. Le skipper d’IDEC grince des dents et souffre en silence à chaque creux dans lesquels les 9 tonnes de son trimaran viennent brutalement s’enfoncer. "J’ai eu toute la nuit des grains très violents sous de sombres nuages, et l’allure du bateau était très inconfortable, avec de très gros chocs dans les vagues." On le voit, la froideur des chiffres de sa progression au large du Brésil masque la dure réalité de cette phase si cruciale d’un tour du monde où, aux vitesses débridées du grand Sud, le marin supplée par la stratégie et l’intelligence de course. Alors que la chaleur se fait durement ressentir dans l’habitacle peu ventilé du trimaran, Francis se montre aux petits soins pour son grand voilier qui compte déjà plus de 21 000 milles réellement parcourus au compteur.
"J’ai perdu mon aiguillon"
Le retrait sur avarie de Thomas Coville, lui, laisse un grand vide dans l’esprit de Francis Joyon qui, depuis la genèse d’un projet indirectement partagé, a toujours composé avec les choix architecturaux et technologiques du trimaran Sodebo. "En battant mon record des 24 heures, Thomas a prouvé tout le potentiel de son bateau. Il est certain que de ne plus le savoir sur l’eau enlève un peu de pression. Il était mon "incitateur de performance". Mais je demeure complètement en recherche d’efficacité, à me battre pour chaque minute…"