Ne pas confondre vitesse et précipitation…
C’est la plus longue étape de la Velux 5 Oceans. Le départ sera donné demain, à 15 heures (local), soit à 7 heures du matin en France. C’est aussi le plus long parcours jamais réalisé par Bernard Stamm en course et en solitaire. Hier, lors de la cérémonie de remise des prix de la première étape au Musée Maritime de Fremantle, Bernard Stamm a souhaité à tous ses adversaires d’arriver vite à Norfolk, «quickly and safety», à l’instar de Peter Blake qui recommanda au départ d’une course « go fast, but be save ». Et c’est bien de cela qu’il s’agira durant ce demi-tour du monde en course, trouver le juste équilibre entre la vitesse et la sécurité, une gymnastique difficile et contraignante pratiquée par tous les navigateurs. «Mais c’est la mer qui décide » rappelle le leader de la course, qui a préparé son bateau avec une précision d’horloger suisse. « L’essentiel pour moi, c’est de faire avancer le bateau au plus près de ses vitesses cibles. Mais cet objectif peut me trouble et m’amener à faire des erreurs. Par exemple, quand tu es à la barre, sous spi, pleine balle et que le bateau glisse bien, il peut arriver que, comme la vitesse du bateau réduit celle du vent, si tu es amené à faire une manœuvre, et donc à ralentir, du coup tu es trop toilé. Et là, tu dis que ça ne va pas si bien que ça et qu’on ne serait pas trop de 10 pour faire la manœuvre… ».
Ni faim, ni froid cette fois…
À bord de Cheminées Poujoulat, tout est à poste, la nourriture est embarquée. «J’ai préparé de quoi le nourrir 55 jours, j’ai bien caché deux ou trois jours de nourriture en plus » explique Catherine la compagne de Bernard. « Pour lui, il y en a toujours trop. Résultat, sur la première étape, il a eu faim! . Cette fois-ci, j’en ai mis plus que ce qu’il demandait ». Au menu, du lyophal, bien entendu, « c’est plus léger », de la viande séchée, des céréales et quelques gourmandises comme des fruits secs et des bonbons. «C’est facile à manger et c’est surtout réconfortant ». Bernard part avec 45 litres d’eau, c’est une obligation de course. Il en consomme environ 5 litres par jour, notamment pour hydrater sa nourriture lyophilisée. Le complément, il le fabrique lui-même avec un désalinisateur. Un chauffage vient d’être installé à bord de Cheminées Poujoulat. «C’est une nouveauté, j’ai longtemps pensé que si on naviguait avec trop de confort, on hésitait à sortir manœuvrer sur le pont, dans le froid et l’humidité. Comme derrière ce tour du monde, j’en ai deux autres (Barcelona Race et Vendée Globe), j’ai décidé d’essayer de nouvelles choses. Le chauffage en fait partie, tout comme les panneaux solaires que nous venons de poser. O! n produit l’électricité du bord avec l’alternateur du moteur. Si celui-ci tombe en panne, ça signifie plus de pilote, plus d’appareils électriques, la galère quoi ! Ces panneaux ont un rôle d’appoint. Mais à terme, ce serait pas mal qu’ils deviennent le producteur principal ».
A quelques heures du départ, Bernard a consacré sa journée à la météo. Il laisse filtrer peu d’information. «Il va faire chaud ». Avec 35° aujourd’hui, il fait déjà très chaud à Fremantle.