La magie des coques à trois pattes fonctionne à plein. Avec 13 nœuds de vent de nord-est, ils filent tout simplement leur 20 nœuds, comme c’était le cas de Groupama 2 lorsque Franck Cammas a répondu à la vacation. « Le vent est portant, assez chaud, plus fort que prévu. C’est sympa et on est assez confiant pour la suite ». La moindre erreur de trajectoire se paye cash. Gitana 11 (Lemonchois/Guichard), qui a visé un temps l’île de Madère pour effectuer son « pit stop », a perdu près de 30 milles avec son décalage ouest. C’est finalement à Las Palmas, sur l’île de Gran Canaria, qu’il effectuera dans la soirée son escale technique pour récupérer un foil neuf. La sanction est encore plus sévère pour Brossard (Bourgnon/Vincent). Leader hier à la mi-journée de la classe ORMA, le voilà relégué à 107 milles du leader. Une addition salée.
Sans battre des records de vitesse, les multicoques devraient passer sans encombre cette délicate partie du parcours et rejoindre d’ici demain le régime salvateur nommé alizé. Pour les monocoques de la classe IMOCA, la situation est plus tendue. Plus on est derrière, plus le risque de se faire engloutir par une grande zone de molle en cours d’installation au large de Gibraltar existe. « C’est un peu laborieux, poussif, le vent est très instable, il passe de 3 à 11 nœuds en permanence, explique Michel Desjoyeaux (Foncia) qui voit filer inexorablement Safran. Ce dernier vient, d’après son skipper Marc Guillemot, de contourner la dorsale anticyclonique, celle qui risque de bloquer ses concurrents. « Les quarts de bannettes sont perturbés car on est très souvent aux manœuvres. On vient de faire une route stratégique, on va voir si cela paye lors des prochains flots ».
Crêpes Whaou ! (Escoffier/Fauconnier), logiquement impérial, glisse maintenant au milieu de la flotte des IMOCA. Son but au Havre était simple : les mettre tous derrière. S’il ne se fait pas bloquer dans les prochaines heures, son pari sera sans doute réussi. En classe 40, Télécom Italia (Soldini/Pietri), le plan Guillaume Verdier (architecte de Safran et Groupe Bel) continue sa lente marche vers le but en pole position. Pour lui et ses 29 camarades de jeu, le vent a tourné ! Il vient du sud-est et non plus du nord-est. Soit une navigation au près serré bien moins amusante. On ne prête qu’aux riches !