Autre hémisphère

Marc Thiercelin avec Eric Drouglazet sur ProForm
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Les multicoques (Banque Populaire, Géant, Gitana 11) sont au près dans des alizés encore variables en direction mais qui ont pris leur souffle à une quinzaine de nœuds ; les monocoques (Virbac-Paprec, Sill & Veolia, Bonduelle) sont au débridé, eux aussi dans des alizés mais plus stables (du moins pour le leader) d’une quinzaine de nœuds en route directe vers le Brésil. Nouveau départ ? En partie seulement, car « l’effet Jockari » (dixit Loïck Peyron) a bien fait son office à la sortie du Pot au Noir : les écarts acquis à la latitude du Cap Vert sont approximativement identiques au niveau de l’équateur. L’élastique a compressé la flotte en ralentissant d’abord les leaders qui, sortis les premiers de ce « ventre mou » entre les deux alizés tropicaux, ont repris leur avantage. Mais avec un peu moins de différentiel, ce qui laisse cette fin de course (1000 milles pour les monocoques, 1800 milles pour les trimarans) encore très ouverte. Pour les trimarans, le jeu consiste à effectuer une trajectoire « brisée » pour gagner contre le vent afin de contourner l’île d’Ascension (14°20 Ouest-8° Sud) : Pascal Bidégorry et Lionel Lemonchois (Banque Populaire) ont réalisé un joli coup en se recadrant devant la route de Gitana 11 et c’est désormais Géant qui profitait ce mercredi matin, d’une bascule du vent pour se recentrer par un contre bord vers l’Est. A 400 milles à vol d’oiseau d’Ascension, ce rocher isolé au milieu de l’anticyclone de Sainte Hélène, les trimarans en ont jusqu’à jeudi midi au moins à « planter des pieux » contre une mer courte et à chercher à gagner vers l’Est par de petits recadrages : le timing des virements de bord peut permettre à Banque Populaire de s’échapper mais la seconde position était très incertaine ce mercredi matin entre Géant et Gitana 11. « Nous sommes au près, en tribord amure pour profiter d’une petite rotation du vent et pour aller voir où se trouve Gitana 11. On va peut-être revirer avant de croiser sa route. Ici, il y a quelques nuages, la lune est belle, on se rapproche de l’arrivée et c’est toujours aussi plaisant de naviguer sur ces machines. Le bonheur ! » s’enthousiasmait Michel Desjoyeaux (Géant) à la vacation de 5h00. Côté monocoques Imoca, le déroulé est un peu similaire à celui d’il y a trois jours : le duo Jean-Pierre Dick-Loïck Peyron (Virbac-Paprec) a toujours une quinzaine de milles d’avance depuis la sortie du Pot au Noir sur le tandem Roland Jourdain-Ellen MacArthur (Sill & Veolia). « Les conditions sont superbes avec des alizés agréables, pas trop puissants, une route éclairée, en T-shirt, au débridé à 70° du vent et à 13 nœuds de moyenne… Même si nous sommes un peu fatigués et un peu stressés par cette course au contact permanent. On passe l’équateur dans quelques heures ! » précisait Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec). « C’est génial : on sort avec des alizés bien orientés. D’habitude, on fait du près serré pendant un paquet de milles à la sortie du Pot au Noir. Cette fois, c’est déjà du débridé, pour un long bord de vitesse pure vers Bahia. Il faudra dire aux navigateurs que l’archipel de San Pedro et San Paulo n’est pas à sa place : sur la carte, nous sommes plantés sur l’île alors qu’elle est à quelques milles de nous… Il y a encore de la route et il faut se souvenir que la dernière fois avec Mike Golding, la première place s’est jouée le long des côtes brésiliennes. A bord, nous sommes un peu déconnectés du monde des terriens : on rêve beaucoup avec Ellen et on se souvient mieux de nos rêves qu’à terre. En fait, on est vachement bien en mer… » s’enflammait Roland Jourdain (Sill & Veolia). Pas de changement pour les 50 pieds puisque, malgré une baleine percutée par le puits de dérive, la famille Escoffier (Crêpes Whaou !) continue son cavalier seul en multicoque et devient même de plus en plus pressant sur les leaders en monocoque 60 pieds qui n’ont plus que 140 milles d’avance… Et chez les monocoques 50 pieds, le danger vient de Artforms qui est revenu en troisième position et par sa route très Ouest, pourrait sérieusement inquiété Vedettes de Bréhat… Légères fluctuations des écarts sur le plan d’eau mais stabilité météorologique : les différentiels se jouent en vitesse pure pour les monocoques, à l’occasion de virements de bord pour les trimarans Orma. Source Pen Duick

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