Une ouverture se présente pour tenter le record de la traversée de la Méditerranée entre Marseille et Carthage en moins de 24 heures, ce qui serait une superbe performance puisque, à ce jour, seuls quatre multicoques menés en équipage ont réussi à descendre sous la barre d’une journée de mer. Mais en solitaire, Thomas Coville a aussi mis la barre haute avec 25 heures 38 minutes 36 secondes, soit une moyenne de 17,77 nœuds…
Habituellement, ce parcours de 458 milles est avalé grâce à un coup de Mistral qui souffle sur la rade de Marseille et se maintient au minimum jusqu’à la pointe Sud de la Sardaigne, mais il faut alors une configuration particulière pour que le vent ne s’essouffle pas complétement en abordant la baie de Tunis. C’est pourquoi avec son routeur à terre Marcel van Triest, Armel Le Cléac’h a opté pour une situation météorologique originale afin que le final soit extrêmement rapide !
« Une dépression arrive sur le Sud de la France, ce qui va générer du vent d’Est d’une vingtaine de nœuds tournant rapidement au Sud-Est, avant de basculer franchement à l’Ouest : il va donc falloir virer de bord dans un vent plutôt mou au large de la Corse. C’est un « trou de souris » météorologique mais si ça s’enchaîne bien au moment du virement de bord, les routages donnent une vingtaine d’heures pour arriver dans la baie de Tunis ! Je rejoins La Ciotat ce samedi soir pour affiner l’heure de départ (à l’aube) et puis route sur Marseille… » indiquait Armel Le Cléac’h ce samedi midi.
Un rythme très élevé
« Nous ne sommes pas dans un système simple de Mistral où il n’y a qu’un bord à faire dans un vent fort et une mer hachée. Là, il va falloir négocier le centre de la dépression avec une brise de 20 nœuds mollissant et basculant, puis forcissant à 16 nœuds de travers pour finir. L’état de la mer ne sera donc pas extrême mais il va falloir être très attentif pendant une journée. C’est une situation météo originale pour un record, mais c’est aussi cela qui est intéressant avec une transition très tranchée quelques heures après le départ. Il va me falloir exploiter l’énorme potentiel du trimaran sans phase de relâchement car c’est dans le vent médium que les multicoques sont les plus difficiles à gérer ! » précisait le skipper.
La mer sera donc nettement moins agitée qu’avec un coup de Mistral, mais Armel Le Cléac’h va tout de même avoir trois heures très actives au départ de Marseille, puis deux manœuvres (renvoi de toile et virement) à enchaîner qui vont s’avérer le point clé de cette tentative de record.