50 noeuds de vent : Joyon frôle le chavirage en plein Pacifique

Idec
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Avec un ton étonnamment serein, Francis Joyon est revenu sur ses dernières 24 heures de course, les plus dures de son propre aveu depuis le départ de Brest voici un peu plus de 33 jours.  "Je ronchonne un peu après les grains mais tant que le bateau avance, je suis satisfait, poursuit le skipper du trimaran géant.

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Toujours en alerte…
L’alerte n’est pas encore totalement passée. IDEC va dès demain retrouver un épisode à grains, avant d’entrer enfin dans la partie la plus clémente de la dépression et d’envisager, samedi matin peut-être, un atterrissage sous le fameux rocher du cap Horn… La grosse (960 hpa) dépression qui a enflé sur la route du trimaran géant IDEC n’aura donc laissé d’autre choix à Francis Joyon qu’un affrontement direct au plus fort du vent de Sud Ouest. Victime relative de ce combat de géant, la performance chiffrée ; IDEC a dû naviguer un cran en deçà de ses possibilités face à une mer démontée. Les 500 milles journaliers se sont réduits à 450, grâce à la réactivité permanente aux réglages d’un Francis Joyon dont on se demande quand il trouve depuis 33 jours le temps de se reposer. Ballasté à fond, IDEC a en effet réduit régulièrement la voilure pour ne plus à deux reprises, progresser que sous tourmentin seul, et ce pendant 8 heures. "Je me suis rendu compte qu’il ne servait à rien de toiler le bateau dans le très gros temps" explique Francis. "Dans les grains à 45 noeuds, le bateau filait ses 20 noeuds avec la grand voile totalement affalée".

La cabane sur le chien…
A peine sorti des affres du champs d’iceberg, Francis aura aussi connu la frayeur de la sortie de route ; "Les déferlantes malmenaient le bateau et j’ai bien failli mette la cabane sur le chien…" En d’autres termes, chavirer. La fatigue commence aussi à prélever son écot. Joyon n’en fait pas mystère. "Renvoyer cette immense grand voile après l’avoir totalement affalée est un énorme boulot et c’est là que je me rends compte de la fatigue "explique t’il. "Je ne suis qu’à 80% de ce que je pourrai faire!" Désarmant! Et de repousser à des jours plus ensoleillés les travaux du bord, au premier rang desquels le changement des billes du chariot de grand voile. "Le bateau est en bon état car je répare au fur et à mesure les petites avaries…"

Samedi au Cap Horn ?
A 1 100 milles du cap Horn, Francis Joyon trouve malgré les heures difficiles le loisir d’apprécier la magie des contrées inhospitalières traversées. Un coin de ciel bleu, une lumière plus vive entre les grains, une houle qui s’apaise et Francis reprend son rêve éveillé, sa  inextinguible quête aux Merveilles…