Plus que jamais le combat des premiers monocoques de tête tient de la régate atlantique. Sept bateaux sont ramassés en 47 milles. Les quatre premiers se tiennent en quatre milles alors qu’il reste 2 600 milles à parcourir. Brit Air (8ème) a recollé par l’Ouest : joli coup. Groupe Bel renifle Safran. Mais la polissonnerie du jour est à mettre de Michel Desjoyeaux et Emmanuel Le Borgne (Foncia). Les deux gars sont allés vers l’Est chercher du vent qui pourrait revenir vers le Nord et tournerait Est. Faut voir quand même. Un coup à l’ancienne mais qui pour le moment écarte Foncia de la route directe d’où sa rétrogradation au général (5ème).
Mich’ et Manu sont à l’attaque. On leur demandait s’ils étaient crevés, tout ça, épuisés, enfin bref on prenait de leurs nouvelles. Et qu’est ce qui dit le Michel ? Que tout va bien, qu’ils dorment comme dans anges dans une couette en plumes d’oie. Insurpassable sur l’eau comme en intox, le Mich’ Desj’. On dit bravo. Alors ça peut payer ou pas, ce coup ? Disons que si le vent rentre, Foncia va le toucher avant les quadruplés : Safran, Groupe Bel, Ecover, Gitana Eigthy. On verra demain si Foncia a croisé devant ou pas. Safran ne bouge pas une oreille pour l’instant. Y a trop rien à tenter et ça serait un peu sot de tout foutre en l’air. Alors Safran, suivi des triplés, fait simple : il descend, mais ça sent quand même le brûlé car les gars de Bel sont remontés comme des ressorts de montre. Ca va se jouer à la vitesse.
En Orma, Groupama 2 (544 milles en 24 heures !) avait encore creusé l’écart qui se portait à 16 heures à 300 milles sur Gitana 11. Groupama 2 rentrait dans le Pot au Noir « étalé et épais » selon Stève, sur le coup de 17 heures, heure de Paris, selon les infos recueillies du bord. On verra demain midi si tout cela ressemble à une fière marche en avant vers Salvador, marche d’autant plus vraie que Banque Populaire est en escale technique à Sal depuis le tout début d’après-midi. Les travaux des professeurs Cammas et Ravussin, sauf avaries, pourraient être alors publiés dans la nuit de mardi à mercredi, au mieux selon Jean Maurel Directeur de Course. Cela dit nous sommes encore loin du but mais disons que la chose prend une tournure favorable pour Groupama 2.
Du côté des Multis 50 Crêpes Whaou ! fanfaronne et fait le beau. Son objectif était de passer la flotte Imoca. C’est fait : à 16 heures le trimaran avait deux milles d’avance sur Safran. Les premiers Class 4O ont passé Madère. Seront en approche des Canaries demain. Des options vont alors se dessiner. On s’en frotte les mains de plaisir.
IMOCA : Nouveau départ après le regroupement aux Canaries
C’est une vraie régate, et elle est belle et passionnante. Depuis le passage des Canaries, les pendules sont remises à l’heure et la bagarre fait rage à la fin de cette deuxième semaine de mer. « A vivre de l’intérieur, c’est un réel plaisir avec du beau jeu, si, depuis la terre, c’est la même chose, tant mieux pour l’image de la voile » résumait Michel Desjoyeaux (Foncia) à la vacation de la mi-journée. Pointé à 30 milles de Safran, toujours en tête, Foncia est parti tout seul jouer du côté des côtes africaines tandis que les quatre bateaux qui le précèdent au classement (en moins de 5 milles à 16 heures) enquillent la route directe.
Les multicoques ont ouvert la route. Leurs trajectoires montrent que le bon axe de descente semble se situer entre la côte africaine et 100 milles au large de celle-ci. Les monocoques suivent, pour l’instant, des routes similaires à la Classe ORMA, avec, à la clef, de nombreux empannages à passer pour rester dans ce couloir où l’alizé souffle entre 15 et 20 nœuds. Mais celui-ci, au gré des fichiers de vent et donc des prévisions météos, est très variable en direction. Il fluctue entre le nord-nord-est et est-nord-est. D’évidence, être dans le bon timing de ces rotations, ce que l’on appelle être sur le bon bord, va être plus important que la vitesse pure des bateaux. Ce qui signifie nombre de manœuvres et de changements de voile. Enfin, comme dit Jean Le Cam (VM Matériaux) : « la Transat Jacques Vabre n’a jamais été de tout repos de toutes façons. C’est du bateau à voile, il faut être dessus, tout le monde est à fond, les bateaux sont proches en potentiel et les gars ont un sacré niveau ».
ORMA. Banque Populaire toujours en stop au Cap Vert. Groupama rentre dans le Pot au Noir
Lionel Lemonchois disait que, selon lui, la messe était dite : « Groupama, sauf avarie (s), ben, ça va être fait… Ensuite ça va se jouer entre Banque Pop’ et nous. Les cartes vont être redistribuées et je pense que tout va se jouer lors du passage du pot au noir », expliquait le dernier vainqueur de La Route du Rhum La Banque Postale.
Lemonchois, alors que Yann Guichard, était sur le pont, racontait que la nuit dernière il avait éprouvé des sensations analogues à celles ressenties sur la Route du Rhum : « Le bateau volait ! ». Quelques mots de Grégory Gendron à bord de Sopra (4 ème), qui a joué le coup avec finesse en passant à l’Est : « On a eu du vent en allant à la terre. On est assez content nous… On attend une rotation du vent Nord-Nord-Est pour faire du tribord dans la nuit. Tout va bien », a conclu Gendron.
Le bord de Brossard, qui avait surmonté sa déception des dernières 72, saluait la navigation de Groupama 2 : « Ils sont forts pour fermer la porte derrière eux », expliquait Yvan Bourgnon, très détendu.
Joint par le PC parisien à 14H30, Pascal Bidégorry, était, lui, très abattu : « On a un bateau nickel et ça fait vraiment chier ce safran qu’a pété. Je ne voulais pas trop en dire… Ca fait 50 heures qu’on essaie de réparer… C’est le palier haut du safran tribord qui est complètement arraché… Fallait qu’on s’arrête. » Le bateau n’était toujours pas reparti à 16 heures.
50 Pieds Multi : Entre le Cap Saint-Vincent et le sud de Madère
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la flotte 50 pieds est étalée ! Entre Crêpes Whaou ! qui file à 200 milles au sud est des Canaries et Victorinox et DZ energy, qui n’ont pas encore passé le détroit de Gilbratar et sont à 700 milles plus au nord, il s’agit d’une toute autre course. Qu’importe, les 7 tandems encore en lice se font plaisir. A chacun sa course, à chacun ses objectifs : Crêpes Whaou ! veut caracoler devant les Imoca et voilà que Laiterie de Saint-Malo aspire à la même chose. Sauf que, si c’est chose faite pour Franck Yves et Karine, Victorien et Fred ont encore du pain sur la planche avec 10 monocoques 60 pieds devant eux. Croisières A. Caseneuve poursuit, imperturbable sa route, toujours en troisième position, tandis que Négocéane qui comptait bien lui faire la peau voit Nim Interim Management revenir dans son tableau arrière. Victorinox, avant dernier, réussit toutefois à creuser avec son poursuivant DZ energy.com
Class40 : Les Canaries en vue demain pour la tête de flotte
Les leaders de la flotte Class40 ont dépassé Madère cet après-midi. Si la majorité d’entre eux a choisi de passer au vent de l’archipel, certains ont préféré tenter leur chance sous les îles mais, pour chacun des 30 duos, la prochaine véritable échéance est pour demain. En effet, dans 24 heures, les équipages atteindront les Canaries, un passage toujours délicat, en raison notamment des risques importants de dévent. Dès lors, on pourrait voir se dessiner les premières grandes options. Côté classement, le duo Giovanni Soldini et Pietro d’Ali sur Telecom Italia est toujours aux commandes, 34 milles devant Mistral Loisir – Elior de Thierry Bouchard et Oliver Krauss.