Derniers instants à terre
On comprend dès lors pourquoi les veilles de départ de tour du monde ont une saveur particulière. Tandis que les pontons du vieux port s’animent en ce week-end espagnol, que les équipes techniques s’affairent autour des machines, que les derniers sacs trouvent leur place dans les sommaires aménagements des 60 pieds, les skippers, eux, continuent de répondre aux sollicitations des journalistes et des partenaires, tout en préparant leur stratégie pour les premiers milles de course. Il faut penser aux derniers détails, ne pas « oublier l’huile d’olive », débarquer des voiles à la dernière minute pour alléger le bateau, comme nous le confie Guillermo Altadill (Estrella Damm), finir d’emballer les produits frais (Delta Dore), et surtout, garder un peu de temps pour soi et pour les siens.
« Ma famille vient visiter le bateau pour la première fois, confie Albert Bargués (Educacion Sin Fronteras), et après, je disparais ! ». Sidney Gavignet (Delta Dore), suivi comme son ombre par ses deux filles, évoque la frustration de ces (maigres) ultimes moments passés en famille. « On entre doucement dans notre coquille, on quitte peu à peu le monde des terriens » prévient Michèle Paret (Temenos II). Servane Escoffier (Educacion Sin Fronteras), aspire elle aussi à passer ces derniers instants à terre avec le siens et à prendre un peu de repos : « cela fait deux nuits que je ne dors pas. Je pense à trop de choses : est-ce que je n’ai rien oublié, est-ce que tout est OK à bord, est-ce que je vais être capable ? ». A bord de PRB, Vincent Riou, entre deux interviews, affiche une certaine sérénité. « La journée est bien remplie mais on aura tout le temps de penser à la course une fois sur l’eau. D’autant que ce ne sera pas la kermesse ». Autrement dit, les conditions de navigation seront excellentes sur le plan d’eau pour le départ de cette première Barcelona World Race.