Stamm pique au sud

Bernard Stamm sur Poujoulat
DR

Conversation depuis les antipodes
C’est toujours exceptionnel d’entendre un skipper parler depuis les mers du sud et cela devient extraordinaire quand deux navigateurs échangent tranquillement leurs impressions respectives sur ce qu’ils vivent. L’un file vers l’est au portant, en course et en solitaire, l’autre, seule aussi, affronte les vents et les courants contraires pour gagner La Réunion… Bernard Stamm et Maud Fontenoy se sont parlés ce matin grâce à une vacation organisée depuis le Musée National de la Marine à Paris.
Morceaux choisis : Maud Fontenoy «Je suis contente de t’entendre, toutes mes félicitations pour la première étape »
Bernard Stamm « Bravo à toi, Maud, ce que je fais est bien loin de ce que tu réalises, je tourne dans le bon sens, alors que toi tu vas contre. Quand les conditions sont bonnes pour moi, elles sont dures pour toi, je t’admire."
M F : « J’ai signé et j’assume, cela dit, je suis presque à la fin, alors que toi tu commences. Dis-moi, je vais bientôt voir un peu de soleil ? »
B S : « Attends, je regarde. Oui, quand tu auras passé le Cap Leewin, ça va te changer la vie, tu pourrais même toucher du portant. Tu fais route vers le soleil. »
M F : « Merci, je rêve d’une douche chaude et d’un vrai lit. A l’occasion, donnes moi l’adresse du fabriquant de la boule de cristal dans laquelle tu lis la météo ».
B S : « Demain, on devrait se croiser, mais alors que nos longitudes seront identiques, nos latitudes seront éloignées, il n’y aura pas de collision… »

- Publicité -

Plonger au sud
Cheminées Poujoulat est actuellement dans les 40èmes rugissants (!  46 S), il bénéficie de 25 nœuds de vent portants qu’il devrait!  conserv er jusqu’au sud de la Nouvelle Zélande. Les conditions sont parfaites pour le moment, les températures de l’eau et de l’air étant tout à fait clémentes et la mer ‘bien rangée’. Cet état de grâce n’aveugle pas le leader de la flotte qui reste extrêmement concentré sur sa navigation et sur celle de son poursuivant, le Japonais Kojiro Shiraishi, à 165 milles dans son sillage. «Il faut que je garde le contrôle et pour cela ne pas mettre trop d’écart entre lui et moi. Là, je vois qu’il ne descend pas au sud, il fait un cap différent, c’est dangereux parce qu’il ne sera plus dans le même système et deviendra incontrôlable ». Pour autant, Bernard ne changera rien à sa stratégie, c’est à dire, plonger au sud et aller flirter avec les 60èmes en descendant 58 sud. «Je vais passer très au large de la Tasmanie pour crocher le train de dépressions beaucoup plus bas. Après, !  à cause de la marque des îles Campbell (52 Sud), il faudra remonter. L’inconvénient, c’est qu’à cet endroit, c’est un véritable champ de mines, il y a la remontée des icebergs au sud de la Nouvelle Zélande. On le sait, donc, c’est sans surprise, mais il n’empêche que c’est rock’n roll ! ». Bernard Stamm commence à bien entrer dans le rythme de la course en gérant son sommeil et son alimentation pour préserver toute son énergie sur ce long run de 13 000 milles encore à courir. « En début de course, j’ai mis tout dessus pour creuser l’écart, maintenant, j’entre dans une perspective de plus long terme. »

Source Cheminées Poujoulat