– Vous étiez coureur il n´y a pas si longtemps. N´avez- vous pas de regret d´avoir tourné la page et de rester à terre ?
” Il y a un temps pour tout. Il faut regarder la réalité, cela se rajeunit bien du côté des coureurs. Je n´ai ni regret, ni amertume mais plutôt des bons souvenirs. J´ai commencé très tôt dans ce métier . J´ai fait ma première course en multi en 1983 et j´ai terminé au Mondial Assistance en 2003. 20 ans c´est un bail avec de vraies joies et quelques peines aussi…””
– Directeur de course c´est une première pour vous, comment appréhendez- vous votre nouveau rôle ?
“” J´ai beaucoup travaillé au sein de Pen Duick avec Gérard Petitpas qui était patron de tout en même temps. La notion de directeur de course spécifique est un peu nouvelle. On me demande de gérer la partie maritime. J´ai vu les commandants de ports, les gens qui posent les corps morts, les nombreux intervenants qui sont autour des courses. On parle le même langage avec ces gens là. C´est totalement mon univers.””
– Le fait d´avoir été acteur il n´y a pas si longtemps est- il un plus dans vos relations avec les coureurs ?
“” Avec les coureurs c´est parfois plus difficile. Le fait d´avoir de nombreux copains parmi eux est un plus à 90%. Ils savent que je suis à l´écoute de leurs problèmes. C´est un moins pour 10% parce qu´à l´affectif , il peut y avoir une certaine pression. Cela peut ponctuellement poser problème. Mais je crois que c´est positif d´avoir fait ce métier là pour être directeur de course. J´ai une légitimité aux yeux des coureurs. Je suis à même d´appréhender des choses qu´on ne peut pas comprendre si on a pas couru “” .
– Le plateau de cette septème édition est alléchant , votre regard d´expert sur les engagés?
“” Par rapport à la dernière édition il y a un peu moins de multicoques mais on retrouve toutes les têtes d´affiche avec des bateaux de plus en plus au point. Le vrai changement , c´est l´arrivée de gens nouveaux, plus jeunes Je pense à des marins comme Bidegorry, Caudrelier qui viennent du Figaro. Du côté des monos, le plateau est homogène et cela s´annonce très ouvert. On observe aussi une féminisation avec de nombreuses femmes en duo ou associées à un skipper “” .
– Le parcours prévoit que les multis iront virer l´île de l´Ascension et que les monos et 50 pieds multis qui partiront 24 heures plus tôt feront route directe. N´y a t´il pas un risque que les multis de 50 pieds arrivent les premiers à Bahia et que cela induise une certaine confusion ?
“” C´est un cas de figure qui peut arriver compte tenu du parcours différent des 60 pieds multis. Le détour par l´île de l´Ascension représente deux jours de course en plus. Le nouveau 50 pieds de Franck Escoffier a le potentiel pour arriver le premier en réel à Bahia. Je sais que cela inquiète quelques skippers. Mais ce n´est pas grave, cela peut s´expliquer.””
– Avec cette Jacques Vabre on est dans un format de transat en double. A titre personnel avez vous une préférence pour cette formule par rapport aux transats en solitaire ?
“” J´ai toujours adoré le double. Les courses que j´ai gagnées , c´était souvent en double. C´était le cas de la Twostar avec Michel Desjoyeaux ( ndlr sur le trimaran Elf Aquitaine 1990). C´est un format que j´aime vraiment bien mais c´est très dangereux. Les bateaux sont menés à 90% de leur potentiel C´est très chaud , il y a souvent eu des chavirages en double *. Le risque est tout aussi important qu´en solitaire, peut être même plus “”.
Gilbert Dréan
* En 1999 , Paul Vatine a disparu dans cette transat Jacques Vabre suite au chavirage de Haute Normandie. Son équipier était Jean Maurel.Il se trouvait à l´intérieur au moment où le trimaran avait chaviré.”