A 18h hier soir, les calculateurs ont délivré un nouveau verdict : vingt-quatre heures à 31,9 nœuds de moyenne… 766 milles parcourus, soit 60 de plus que l’ancien record déjà détenu par Orange II et 14 de plus que celui, déjà historique, de la matinée d’hier. En tombant le même record deux fois dans la même journée, on ne pourra pas dire que l’équipage de Bruno Peyron a manqué son entrée en scène dans cette tentative 2006 sur l’Atlantique Nord. « 766 milles, c’est un joli chiffre non ? » a souri ‘le boss’ ce midi à la vacation avec Jean Maurel, avant d’expliquer : « nous sommes en permanence au-dessus des polaires du bateau prévues pour ce record. Je ne vous dirai pas lesquelles, mais je crois qu e nous avons encore trouvé quelques petites recettes. On apprend en permanence à bord de ce bateau, c’est ce qui est passionnant ».
Et à force de battre des records sur 24 heures, ce qui était l’objectif numéro deux affiché avant le départ, Orange II est évidemment en avance sur son but principal et ce record de Steve Fossett à aller chercher en moins de 4 jours, 17 heures et 28 minutes. Au point de comparaison numéro deux, après les bancs de Terre Neuve, le maxi catamaran de Bruno Peyron et ses onze hommes d’équipage avait engrangé 199 milles d’avance par rapport à la route de PlayStation, soit 66 milles de plus qu’au point numéro un. A mi-parcours (à 13h42 aujourd’hui, il restait 1380 milles à parcourir avant la ligne du Cap Lizard) la donnée est prometteuse.
Approche de l’arrivée via l’Irlande
Ce n’est évidemment pas gagné pour autant. En effet, « le vent doit mollir aujourd’hui, même si on a encore 30 nœuds au moment où je vous parle », mais surtout « il y a des incertitudes sur le front qui peut nous rattraper. Voilà pourquoi, il faut qu’on gagne à la fois dans l’est mais aussi en latitude (vers le nord, NDLR) et voilà pourquoi on ‘grimpe’ car l’approche va se faire par le Fastnet, par l’Irlande, pour fermer l’angle si le vent mollit (et donc conserver de la vitesse) ».
Au moment de la vacation, Pascal Bidégorry était à la barre d’Orange II et la vitesse ne faiblissait pas. Bruno Peyron, lui, tentait de décrire les sensations du bord et racontait un premier petit incident: « nous sommes à 30, 32 nœuds, avec un ris dans la grand-voile, la trinquette et le gennaker, un peu surtoilés. Il faut faire attention car on a peut-être perdu un petit bout de safran : en fin de nuit on a fait une pointe à 38 nœuds et on a touché quelque chose. Depuis, il y a une petite anomalie et on n’arrête pas de tout surveiller, mais pour l’instant ça va. En restant bien concentrés à la barre, ça passe. On a eu droit à deux petits départs au lof, pas méchants mais il faut être vigilant, car quand on passe quelques secondes sur une seule coque, on voit tout de suite ce que ça peut donner ».
Alors que la brume tenace des premières 24 heures de course semble vouloir se diluer – « on a environ 3 milles de visibilité maintenant, dans une mer un peu courte » – Orange II continue de foncer vers le record mythique. Au pointage de 13h42, le monstre était flashé à 32,2 nœuds de vitesse instantanée et sa moyenne depuis le départ de New York dimanche frôlait encore les 31 nœuds. Pour battre le Steve Fossett, il faudra couper la ligne du Cap Lizard avant vendredi matin, à 6h28 heure française. Le suspens sera donc entier jusqu’à l’arrivée…
Ils ont dit :
Gilles Ollier (architecte de Orange II) : Le Gilles Ollier Design Team et toute l’équipe de Multiplast sont très fiers d’avoir contribué à la performance accomplie par Bruno Peyron et son équipage et les félicitent chaleureusement. En effet, nous savions qu’Orange II avait un potentiel de 750 milles par jour. La performance réalisée hier le confirme avec brio. Enfin, le Gilles Ollier Design Team croit très fermement que l’objectif des 800 milles par jour peut être atteint dans un futur proche.
Source Orange 2