Vendée Arctique. Retour dans le grand nord pour Guirec Soudée

Guyader Bermudes 1000 Race - Runs © Bernard Gergaud

Le marin-aventurier breton Guirec Soudée retrouvera des terres connues dans quelques jours en prenant le départ de la Vendée Arctique. celui qui a hiverné 130 jours sans assistance, en total autonomie, dans les glaces du Groenland ne sera pas dépaysé au passage de l’Islande.

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Il est à parier que l’émotion sera forte à bord de Freelance.com lorsqu’il atteindra le large du Groenland pour enrouler l’Islande. Comment ne pas se remémorer ce moment fort de sa vie quand, à 23 ans, Guirec Soudée s’était lancé dans un tour du monde en solitaire par les 2 pôles, épopée qui l’amena notamment au large du Groenland avec une idée bien précise en tête : se laisser emprisonner par les glaces afin d’être seul au monde, dans une nature vierge de toute empreinte de l’Homme… « Je voulais faire quelque chose qui me faisait rêver, me retrouver seul, isolé de tout, vivre un moment marquant pour le reste de ma vie » se remémore Guirec. « Je suis resté un an là-haut, là où la mer est gelée 70% de l’année. Je suis resté 130 jours bloqué dans la banquise, sans moyen de communication, en totale autonomie, avec 70 jours dans la nuit noire, sans que le soleil ne se lève jamais. La température pouvait descendre jusqu’à – 60°C » précise-t-il. « C’était une aventure hors-normes, j’en garde de très bons souvenirs, mais aussi des moins bons car j’ai connu quelques péripéties et de grosses frayeurs ! Il y a notamment eu des conditions très dures, des tempêtes qui s’enchainaient rendant la banquise très instable. » Mer figée, bateau échoué, Guirec se retrouve « dans un immense puzzle avec des morceaux de banquise les uns sur les autres, compressant le bateau sous la pression de la glace. C’était puissant, j’ai vraiment failli perdre mon bateau. » Tout en savourant l’essentiel. « C’est assez fou d’être sur ton bateau et d’en sortir pour aller marcher sur la mer devenue banquise. »

Après ce long hivernage, Guirec réussit à rejoindre le Pacifique et devient le plus jeune marin à réussir le passage du Nord-ouest entre les glaces du nord du Canada et du Groenland. De ces périples, Guirec évoque avec émerveillement les ours polaires, les narvals, les caribous, les loups, qu’il rêve d’apercevoir à nouveau.

« Continuer dans la même lignée, aller au bout, ramener un bateau propre. »

Aujourd’hui, c’est l’esprit toujours aussi aventurier que Guirec Soudée envisage son retour dans le Grand Nord, à bord de Freelance.com. Toujours en quête de poursuivre son apprentissage sur son IMOCA de 60 pieds (18,28 mètres), l’intrépide marin souligne un paramètre important de cette course. « Contrairement à l’hiver où j’avais eu 70 jours sans soleil dans des nuits sans fin, ce sera l’inverse. Les nuits seront très très courtes et c’est bien mieux lorsqu’on navigue en solitaire, on ressent moins la fatigue. Les lumières vont être fabuleuses, la faune marine est très dense en Islande à cette saison, ça va être magique. Mais il va falloir aussi être vigilant pour les éviter.»
Les 3 500 milles (soit la distance d’une transatlantique) de cette course polaire seront difficiles et intenses pour Guirec qui reste en phase de découverte de sa nouvelle monture qu’il appréhende depuis peu. Il va acquérir de nouveaux automatismes, améliorer les manœuvres et découvrir tout le potentiel que peut déployer son IMOCA, Freelance.com, un bateau fiable et éprouvé. Rappelons qu’il s’était magnifiquement illustré lors de la Guyader Bermudes 1000 Race en terminant 16ème sur 24 bateaux engagés et devant des marins plus expérimentés.
Dimanche 12 juin à 17h00, Guirec Soudée et Freelance.com s’élanceront donc pour un parcours inédit, engageant et exigeant, une course qualificative pour le Vendée Globe 2024. « Je continue à accumuler de l’expérience sur ce bateau, j’ai travaillé la météo, la stratification. Ces deux premières courses de la saison sont assez rapprochées. L’idée est toujours la même, continuer dans la même lignée, aller au bout, et ramener un bateau propre. »

Il y aura évidemment une grande part d’émotion pour Guirec Soudée, marqué à jamais par l’expérience fondatrice hors-norme qu’il a vécu dans les glaces du Nord. « Là-haut, c’est vraiment imprévisible. C’est la nature qui te dit ce que tu vas faire, tu ne décides pas de ce qu’il se passe. Même les jours un peu plus calmes, il ne faut pas faire n’importe quoi. J’ai énormément appris. » conclut l’aventurier breton, devenu skipper de bateau de course de large.