. Trois jours et trois nuits de météo très instables ont obligé Ellen à repousser ses limites : “ces trois derniers jours ont vraiment été les pires de ma carrière. Jamais je n’avais rencontré de vents aussi instables, aussi agressifs, aussi imprévisibles. Je suis sûre que je n’ai jamais été aussi fatiguée de ma vie””. . Un répit de courte durée : “”le vent a commencé à rentrer et même si tout va bien pour le moment, je sais que ce ne sera pas le cas dans 24 heures. J’aurais bien voulu avoir un peu plus de temps pour me reposer. Le problème, c’est qu’après ce coup de vent, nous allons nous retrouver de l’autre côté de la dépression avec un flux de sud-ouest et donc à nouveau des conditions instables. J’espère que ce ne sera pas aussi mauvais que ces derniers jours””.. Un coup de vent prévu pour les prochaines 24 heures. Le front froid de la dépression située à environ 500 milles dans le sud-ouest d’Ellen va générer des vents très forts jusque demain midi. Le baromètre commence déjà à chuter et le vent de nord ouest est monté à plus de 25 nœuds. Les prochaines 24 heures s’annoncent musclées avec des vents entre 35 et 40 nœuds et des vagues pouvant dépasser les 25 pieds (8 mètres). D’ici demain après midi, le front froid va perdre de la vitesse et se dissiper autour de 125 degrés ouest. Ellen va donc devoir mettre un peu de nord dans son cap pour rester à l’écart du centre de la dépression où règnent des vents faibles et variables et une mer désordonnée et forte. Vraiment pas l’idéal !. Encore une semaine avant le Cap Horn. “”Je n’arrête pas de me dire “”une semaine”” ! Dans une semaine, nous devrions passer le cap Horn””. Bien que la vitesse moyenne de Castorama ait chuté ces derniers jours, Ellen est parvenue ce matin à enregistrer la plus haute pointe de vitesse du bateau, avec 33,6 nœuds. Elle compte désormais près de 3,5 jours d’avance sur le record de Francis Joyon. Ellen doit aussi recharger ses propres batteries, même si elle est parvenue à accumuler 7 heures de sommeil depuis hier : “”on est dans les Mers du sud, il fait super froid et je suis fatiguée …””. . Message envoyé par Ellen le 6 janvier 2005 :””Salut à tous… Aujourd’hui, j’ai un peu l’impression de me réveiller dans un nouveau monde… J’ai d’abord très faim, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. La mer et le ciel, si agressifs dernièrement, sont maintenant plus calmes. Mer plate, ciel gris. Ces trois derniers jours ont vraiment été les pires de ma carrière. Jamais je n’avais rencontré de vents aussi instables, aussi agressifs, aussi imprévisibles. Tout l’air froid s’est concentré vers le nord pour former une dépression dans notre nord-ouest en nous balayant sur son passage. Mon corps a vraiment été poussé au delà de ses limites. Je suis sûre que je n’ai jamais été aussi fatiguée de ma vie. Dormir – c’est tellement facile à dire, et si dur à faire dans des conditions météo instables. Le vent arrivait de toutes parts, avec des bascules de 50 à 60 degrés et des rafales à 30 nœuds en quelques secondes. En fait, je crois que ce sont les pires conditions pour un multicoque, car le chavirage devient tout à fait possible. Malgré tout, sous un ris solent dans 44 nœuds de vent, je continuais de me dire qu’on allait s’en sortir. La journée d’hier a sans doute été la pire, avec d’énormes grains et un vent imprévisible. Cela a commencé avec 30 nœuds établis et une rafale à 47 nœuds. J’étais sous trois ris trinquette à manœuvrer sans cesse. Je m’excuse d’ailleurs auprès des albatros qui se sont approchés du bateau en se demandant pourquoi je pleurais. J’étais complètement hors-service, vidée, épuisée. Mais dans ces cas là, on ne peut pas appuyer sur un bouton pour que tout revienne à la normale… On ne peut pas empêcher les alarmes de sonner et de nous réveiller en permanence. J’ai essayé de regarder la météo, mais le fichier que j’ai pris était périmé de 6 jours. Je ne m’en suis pas rendue compte et cela m’a complètement perturbée. Je n’en voyais pas la fin. Par contre, ce qui me motive vraiment, c’est de lire les emails de soutien. Hier, j’en ai en reçu un d’Oli, qui fait partie de notre équipe. Le genre d’email incroyable qui vous remonte le moral aussitôt. De même pour tous les emails qui arrivent par le site Internet. J’étais assise pour lire les encouragements que m’ont envoyés les gens, et pour tout dire, je me suis mise à pleurer. Ca fait tellement chaud au cœur de voir ces messages qui affluent de tant d’endroits différents. J’ai parfois l’impression qu’ils sont destinés à quelqu’un d’autre qui réalise quelque chose d’extraordinaire. Hier soir la situation a commencé à s’améliorer. J’ai pu le sentir juste après la dernière averse de grêles. Et ce n’était pas une simple averse. On a eu plus de 3cm de neige fondue dans le cockpit. J’avais encore les yeux rougis par les pleurs et je ne sais où j’ai trouvé l’énergie mais je me suis mise à faire un bonhomme de neige. Et petit à petit, les conditions se sont améliorées. Maintenant je suis sous grand voile haute et génois dans un vent assez faible, mais dieu merci plus prévisible !””(Source Team Ellen)”
Un peu de répit avant la tempête …
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