Déjà 23 jours en mer et le skipper qui se dit "vivre au service du bateau et à la disposition des conditions météo", n’a même pas pris le temps de réparer son petit chauffage qui refuse de démarrer. Hors, dans les contrées éloignées où se trouve actuellement Thomas, il faut se dire qu’il fait très, très froid. Là bas, dans ce no man’s land glacé, les vents du Sud viennent tout droit de l’Antarctique. L’inconfort provoqué par le froid et la mer ronge le physique du marin et entame son moral. "Ces conditions, on ne peut pas s’y habituer. Il faut vivre avec, beaucoup manger et beaucoup boire," raconte–t-il comme pour ne pas oublier.
Après l’Archipel mal famé des Kerguelen et les images de vents violents et de fortes vagues qui s’y rattachent, Tom a pu lâcher un peu les voiles et accélérer pour retrouver des conditions moins inconfortables que ce près et ce reaching inhabituels dans l’Indien et contre lequel il luttait depuis Bonne Espérance.
Du Sud encore, jusqu’au 55e, avant de remonter
Sachant que "le meilleur moyen d’en sortir, c’est d’aller vite," Tom est pour le moins motivé. D’ailleurs, dans moins de 20 heures, soit en fin de nuit pour nous, il devrait mettre un peu de Nord dans sa route. "Les vents devraient adonner encore et je devrais toucher de l’air plus chaud, des vents d’Ouest-Nord Ouest qui me permettraient d’empanner. Ce sera un bon moment !" confiait-il avec soulagement et sans chercher à dissimuler son impatience d’arrêter de faire du Sud "une route contre nature !"
Ce matin, on sentait bien la tension du bord, où le stress était mêlé au plaisir de gagner contre une nature hostile et sauvage : "Une fois que tu as remporté un combat comme celui que j’ai mené hier sans dommage pour le bateau au Sud de l’Ile Heard quand le vent passait sans prévenir de 0 à 45 nœuds dans un effet de Foehn aussi impressionnant que superbe, tu es seul au milieu de rien et tu souris. La puissance de la nature à ces latitudes Sud est proche de la science fiction. La glace a une dimension extranaturelle," poursuivait le marin solitaire qui a repéré ce matin à l’œil nu deux petits morceaux de glace de 20 ou 30 mètres qu’il ne voyait sur le radar.
Retard à 14h45 : 1220 milles par rapport à la route de Francis Joyon