Ultim. François Gabart passe la barre de son trimaran à Tom Laperche

LS

C’est désormais officiel. Tom Laperche prendra la barre du trimaran SVR-Lazartigue pour le tour du monde en Ultim. François Gabart l’accompagnera sur la Transat Jacques Vabre. Le Trophée Jules Verne sera au programme fin 2024.

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C’était un secret de polichinelle dans le milieu. C’est désormais officiel. Tom Laperche est maintenant le skipper du trimaran SVR-Lazartigue. Tout juste rentré de The Ocean Race et de la grande étape du sud à bord de Holcim-PRB, le jeune skipper de 25 ans, vainqueur de la Solitaire va devoir se préparer à ce défi de taille : le tour du monde en solitaire en Ultim. Une décision évoquée il y a 2 ans et mûrement réfléchie par François Gabart qui souhaite naviguer en équipage et travailler sur d’autres projets notamment au sein de sa structure Mer Concept.

Les deux marins ont participé à la dernière Transat Jacques Vabre avec un bateau tout juste mis à l’eau et terminant 2e. Ils ont un bateau capable de gagner et qui a bien progressé. Une bonne préparation juste avant le tour du monde en Ultim. François Gabart fera partie de la cellule de routage. Ce dernier entend bien continuer à naviguer en équipage et a évoqué une tentative de battre le Trophée Jules Verne fin 2024.

François Gabart. « J’ai eu la chance de rencontrer Tom et de naviguer avec un talent extraordinaire, justifie le skipper. C’était une évidence de pouvoir confier le potentiel d’un tel bateau à un marin exceptionnel comme Tom et de lui permettre d’aller lui aussi explorer cette facette de la navigation en solitaire sur un multicoque. Avant une telle course, quel que soit l’âge, il y a toujours un petit saut dans le vide et c’est ça qui est génial. Mais il ne faut pas sauter dans le vide n’importe comment. Avec Tom, nous ne sommes pas des fous, nous sommes des marins réfléchis, nous nous préparons sérieusement. Nous mettons en place une équipe pour partir sereinement. Aujourd’hui Tom a la maturité nécessaire, je n’en ai aucun doute. Quant à son envie… c’est aussi une évidence. A nous, l’équipe, de lui apporter notre expérience pour l’accompagner avant et pendant la course. »
Encore stagiaire il y a quatre ans chez Mer Concept, la société de François Gabart, pour son stage de fin d’études en école d’ingénieur, le Trinitain se retrouvera aux commandes de ce géant des mers. « C’est une chance incroyable d’avoir cette reconnaissance, commente Tom Laperche. Cela fait un moment que nous avons commencé à discuter de cette possibilité. Quand François m’en a parlé, il y a deux ans, j’ai pris du temps pour réfléchir. Mes doutes étaient sur ma capacité à gérer un tel bateau. Pendant deux ans, j’ai pris la mesure du bateau. Depuis pratiquement toujours, je rêve de ces multicoques et de ces courses océaniques. Le solitaire implique forcément de l’appréhension, plein de découvertes et de choses à mettre en place tant sur le physique que sur le mental. C’est un exercice très complet. Finalement, il y a peu de gens qui l’ont fait en solitaire et en multicoque ce tour du monde. François était convaincu que j’étais la bonne personne et que j’étais capable de le faire. Le challenge est grand, la route est longue et difficile. Mais je sais que François et toute l’équipe sont à mes côtés. C’est très rassurant et ça fait qu’aujourd’hui je me sens capable de partir dans cette épreuve. »

De retour il y a quelques jours seulement du Brésil après avoir disputé les trois premières étapes de l’Ocean Race à bord de l’IMOCA Holcim/PRB, skippé par Kévin Escoffier (tour du monde, en équipage et avec escales), Tom a pu découvrir l’atmosphère si particulière des mers du sud qu’il devra affronter l’hiver prochain. « Faire en trois mois les trois quarts du tour du monde a été une superbe expérience. C’était une belle opportunité de naviguer dans le sud dans des systèmes météo qui sont un peu différents, des dépressions et du vent fort sur des durées plus importantes que ce que l’on connait chez nous. C’était important pour mon expérience. Il y a plein de moments où je me disais que c’était des vagues que j’aimerais surfer en multicoque et vivre sur un grand bateau encore plus rapide et avec des sensations encore plus incroyables. J’ai pu ressentir tout ça et je me rends davantage compte de ce qui m’attend l’année prochaine. »

François Gabart : « Un choix réfléchi depuis longtemps »
« C’est un choix réfléchi depuis longtemps et qui est dans mon esprit depuis de nombreuses années, explique François. J’ai envie de naviguer en équipage, avec deux objectifs forts : la Transat Jacques Vabre et le Trophée Jules Verne l’an prochain qui est un challenge fabuleux (tour du monde en équipage, record : 40 jours, 23 heures, 30 minutes, 30 secondes). J’ai aussi envie de transmettre. J’ai eu la chance de faire un tour du monde en solitaire en 2017. Ça reste une expérience incroyable. Naviguer en solitaire sur ces bateaux est un privilège. Je suis convaincu que je pourrais prendre encore beaucoup de plaisir. Mais j’ai aussi beaucoup de plaisir à exercer mon métier de façon différente. J’aime vivre ce métier sous toutes ses facettes. J’ai aussi envie de vivre cet aspect de la transmission. J’ai cette conviction que je peux apporter beaucoup dans la globalité du projet. Il y aura une cellule de routage, je n’en serai pas très loin. Je veux aider à délivrer de la performance en accompagnant un marin. »

Les dernières courses ont montré tout le potentiel du bateau. De quoi nourrir de légitimes ambitions. « Honnêtement, nous allons essayer de gagner, avance Gabart. On ne part pas sur une telle course avec juste l’envie de traverser l’Atlantique et de terminer. Le bateau a progressé en deux ans mais nous sommes encore loin d’avoir exploité toutes ses qualités. Nous avons encore beaucoup à apprendre sur ce bateau, beaucoup à explorer pour continuer à progresser. Le niveau global est super élevé. Chaque bateau a ses qualités et nous sommes quelques-uns à avoir cette ambition. Mais aujourd’hui, nous avons tous les ingrédients pour tenter d’aller chercher la victoire C’est passionnant et ça va être top. On va s’éclater. »