Suspense sur la Transat

Athema BPE 09
DR

La nuit est calme, agréable et le ciel dégagé. 15 à 20 nœuds de nord-est portent haut les spis des solitaires et permettent au pilote de faire son office, laissant ainsi quelques plages de récupération, afin de tenter d’effacer les séquelles occasionnées par les premiers jours de navigation. Le décor est posé par les marins au dixième jour d’une course qui, si elle tient les observateurs en haleine, passionne au moins autant ses principaux protagonistes. L’atmosphère relativement sereine et définitivement plus appréciée que l’instabilité des jours précédents par les concurrents, pourrait prêter à confusion. Mais qu’on ne s’y méprenne pas, à bord des Figaro Bénéteau 2, l’heure est à la tempête sous les crânes. Au centre, on goûte avec prudence le classement et la « virtualité » des places aux avant-postes. Au sud, on s’inquiète de sa vitesse qu’on aimerait plus marquée. Au dessus de l’ensemble de ces interrogations, plane toujours ce qui dans quelques heures n’aura plus rien d’une ombre.

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C’est en effet aujourd’hui que la bulle anticyclonique va se matérialiser et gageons que les répercussions se feront sentir différemment en fonction du nord, du centre ou du sud. Une tendance devrait pourtant s’imposer, celle d’un ralentissement général des troupes. En s’étant donné bien du mal pour gagner dans le Sud et s’éloigner le plus possible de la zone sans vent, Gildas Morvan, Erwan Tabarly et François Gabart récolteront-ils les fruits de leur investissement à moyen terme ? Seront-ils récompensés pour avoir accepté de « perdre » pendant dix jours pour mieux prendre le dessus dans quelques heures ? Qu’en sera-t-il des centristes ? Le tenant du titre, Nicolas Troussel pourra-t-il maintenir son leadership et garder dans son sillage un Gérald Veniard (Macif) bien décidé à afficher un franc sourire jusqu’à Marie-Galante et un Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) dont il faut saluer un repositionnement qui le maintient plus que jamais dans le match? La liste des questions est longue en ce mercredi matin et les réponses ouvertes pour tous ou presque… Qu’adviendra-t-il en effet à Adrien Hardy (Agir Recouvrement) désormais très isolé sur une option nordiste qu’il aura maintenu au bout de son intuition ? Difficile à dire, mais les sens du benjamin de la course doivent bouillonner et celui qui fût, plusieurs classements durant, leader de la flotte est certainement entrain de mobiliser tous ses talents de stratège pour trouver une issue à cette situation et gagner dans le sud.
 
Le dixième jour de cette Transat BPE Belle-Île-en-Mer – Marie-Galante 2009 s’annonce donc placé sous haute tension et chaque classement fera à n’en pas douter, à terre comme en mer, l’objet d’un décryptage à la loupe. Mais à 1 900 milles de l’arrivée, l’épilogue n’est pas écrit et les prétendants à la victoire finale le savent bien…
 
Ils ont dit…
 
Erwan Tabarly (Athema) – 7ème au classement de 8 heures
 
« La nuit a été plutôt tranquille. Là le ciel est couvert et on a eu un grain ce matin qui m’a ralenti. On a en moyenne 20 nœuds de vent et c’est plutôt du vent d’est entre 30° et le 60°. Ceux du nord sont obligés de faire du sud – sud ouest et on est tous obligé de passer sous la bulle donc nous sommes tous en bâbord. Ce qui m’intéresse c’est de savoir si je suis allé plus vite que les autres car normalement j’ai plus de vent là où je suis. Adrien (Hardy) a ralenti, mais Suzuki va vite lui, mais je pense qu’il ne devrait pas tarder à ralentir. La bulle va arriver dans la journée, et c’est vraiment aujourd’hui qu’on verra si les nordistes sont ralentis ou pas. Moi il va falloir que je me recale dans l’ouest à un moment donné, je ne sais pas encore quand. Malgré tout ça je dors bien, car dans tous les cas on ne peut pas barrer des heures et des heures donc je me prends du repos, d’autant que le bateau est calé et les voiles sont pleines, donc c’est les conditions idéales pour mettre le pilote. »
 
Gildas Morvan (Cercle Vert) – 6ème au classement de 8 heures
 
« La nuit est calme, on a environ deux mètres de houle mais nous n’avons pas de grain. C’est assez dégagé, on voit la lune, les étoiles et les nuages mais par contre le vent étant très faible il faut être tout le temps sur le bateau pour faire les réglages. On a entre 10 et 14 nœuds, ça varie. En début de nuit on avait un peu plus mais ça a molli depuis 3 heures à peu près. Le vent c’est du 40° / 70°. Avec tout ça en début de nuit j’ai pu dormir trois fois 20 minutes. Nous, au sud, on devrait choper la pression en premier, ce qui nous permettra de décoller. Vivement le pointage, qu’on ait la tendance, car là, jusqu’à ce soir, ça va être très mou. »