Morvan : “un final de match-race !»

Morvan gagne BPE 2009
DR

Il était 5h24 à Paris – six heures de moins à Marie-Galante – quand Gildas Morvan a pu enfin serrer le poing sur la ligne d´arrivée. A 40 ans, le Champion de France de Course au Large remporte ainsi sa première grande victoire transatlantique en solitaire, au terme d´une trajectoire irréprochable tout au long des 3 436 milles du parcours, bouclé en 19 jours 14 heures 24 minutes et 12 secondes, soit une moyenne de 7,29 noeuds. Surtout, « le géant vert » du pays des Abers remporte – pour moins de 5 minutes-  un duel final d´anthologie au suspense insoutenable contre son complice Erwan Tabarly. Au dernier pointage connu avant l´arrivée, celui de vendredi soir, c´était même Erwan Tabarly qui menait la danse pour un demi-mille d´avance sur Gildas, personne ne pouvant alors deviner qui sortirait vainqueur de cette bagarre rapprochée. Au final, grâce à la meilleure négociation d´un grain et un angle au vent un peu plus favorable, Cercle Vert s´impose devant Athema pour… 4 minutes et 40 secondes. Quelques heures après cette grande joie, Gildas nous livre ses premières réactions.

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Gildas, ce final à grand suspense était incroyable, non ?
Oh la la… Tout s´est joué dans les derniers milles. Dans la nuit, je voyais le feu du bateau d´Erwan, tout près de moi, à moins d´un mille. Là c´est devenu du match race pur et dur, sauf que c´était la victoire finale d´une transat qui se jouait, pas une simple manche de l´après-midi ! J´ai d´abord réussi à prendre un grain un peu mieux qu´Erwan. Je me suis placé entre lui et la marque, la ligne d´arrivée, et là c´était contrôle, contrôle et encore contrôle ! Dès qu´il empannait, j´empannais à mon tour et ainsi de suite… ça n´arrêtait pas. Il ne fallait rien lâcher, ne se rater sur aucune prise de bascule du vent. Exactement comme en match-race… C´était chaud !

As-tu eu peur quand Erwan est passé devant toi au pointage vendredi matin ?
Oui j´ai eu peur, oui… Je me suis retrouvé complètement collé derrière un grain, dans 2 nœuds de vent. Je n´avançais plus. Arrêté pendant une demi-heure. Là, forcément tu gamberges, tu te dis que tout peut s´écrouler. Franchement, c´était un peu la panique à bord. Tu te demandes comment tu vas t´en sortir. Je me suis dit qu´il fallait tout donner, être combatif, que c´était trop bête de mourir à la porte comme ça… et puis j´ai réussi à m´en sortir.

Tu as déjà couru avec Erwan Tabarly, on sait que vous êtes bons amis et cette fois vous étiez adversaires, c´est particulier de gagner devant lui ?
Il ne faut pas exclure François Gabart de cette bagarre-là (arrivé 3e, ndr),. Erwan et François ont fait une super course. Je trouve qu´on a formé un trio de tête régulier, bien en phase sur toute la transat et qu´on a plutôt bien navigué tous les trois. Mais après sur l´eau, c´est évidemment une compétition sportive et donc chacun pour soi.

On a beaucoup dit que le rythme de cette Transat était si intense qu´il ressemblait à celui d´une étape de la Solitaire du Figaro…
C´est vrai ! On s´est beaucoup donné, il y a eu du vent tout le temps (record de l´épreuve battu, ndr)et de la stratégie et de la tactique à faire en permanence. Je n´ai pas eu le temps d´ouvrir un seul des bouquins que j´avais acheté, c´était 100% pour le bateau pendant 19 jours !  Et les dernières 48 heures ont été terribles puisqu´il n´était pas question de dormir dans ces conditions. Forcément on tire sur le bonhomme et j´avoue : je suis lessivé, rincé.

Comment qualifierais-tu ta course ?
Je pense que j´ai bien joué tous les phénomènes météo, mais toujours avec mesure, sans jamais prendre une option trop extrême qui aurait pu me mettre hors-jeu, que ce soit dans le premier front, puis en suivant la courbure de l´anticyclone et enfin dans les alizés. J´ai fait je crois une belle trajectoire, qui me permettait d´aller vite tout en restant en permanence dans le match pour la gagne. Au final c´est ce qui a payé.  J´étais en tête au départ de Belle-Ile, je gagne à Marie-Galante, c´est pas mal !

On imagine que cette victoire fait forcément plaisir, d´autant que tu étais classé parmi les grands favoris du départ…
Il ne me manquait que cette première place sur cette course (1), alors oui, évidemment elle fait du bien ! J´ai dit en début de saison que j´avais deux objectifs cette année : la Transat et la Solitaire. Le premier contrat est bien rempli, maintenant on va penser au second…

(1)Sur la Transat BPE (ex Trophée BPE), le palmarès de Gildas Morvan – toujours à bord de Cercle Vert – est de deux victoires plus deux podiums en cinq participations !

2009 : Vainqueur en solitaire sur le parcours Belle-Ile/Marie-Galante
2007 : 12e en solitaire sur ce même parcours Belle-Ile/Marie-Galante
2005 : 3e en solitaire sur le parcours St Nazaire/Cienfuegos de Cuba
2003 : 2e en double avec Bertrand Pacé sur le parcours St Nazaire/Dakar
2001 : Vainqueur en double avec Charles Caudrelier sur St Nazaire/Dakar

Le podium de la Transat BPE

1. Gildas Morvan – Cercle Vert, arrivé à 05h24’12”. Il boucle les 3436 milles du parcours en 19 jours 14 heures 24 minutes et 12 secondes, à la moyenne de 7,29 noeuds. Nouveau record de l’épreuve
2. Erwan Tabarly – Athema, à 4 minutes et 40 secondes du vainqueur, en 19 jours, 14 heures, 28 minutes et 52 secondes.
3. François Gabart – Espoir Région Bretagne, à 01 heure 02 minutes et 15 secondes du vainqueur, en 19 jours, 15 heures, 26 minutes et 27 secondes.