Vers un podium à l’arrachée

Gildas Morvan - Cercle Vert
DR

Il y a parfois des situations qui vous donnent envie d’être un peu plus vieux de… 24 heures. C’est exactement ce que doivent se dire les concurrents de la Transat BPE 2009. Demain à la même heure, ils sauront, nous saurons. Le nom du vainqueur sera dévoilé et à y regarder les faibles écarts entre les prétendants, il y a fort à parier que l’ensemble du podium et le Top 5 sera connu. En attendant, à terre comme en mer, il faudra s’armer de patience. Pour les solitaires, ces toutes dernières heures seront certainement parmi les plus difficiles de leur parcours entre Belle-Île-en-Mer et Marie-Galante. Trop peu pour tenter quoi que ce soit et trop long pour baisser la garde. La guerre des nerfs va donc battre son plein en ce vendredi. Il faudra aux hommes du large négocier chaque passage de grain, trouver la porte de sortie et surtout éviter de se faire enfermer dans une bulle sans vent. Que dire de l’importance des empannages qu’il faudra déclencher selon un timing extrêmement précis ; ni trop tôt, ni trop tard… Ne surtout pas trembler au moment de l’assaut final. On imagine alors le degré de concentration et de vigilance dont chacun s’armera pour couper la ligne d’arrivée à Marie-Galante allégé de tout regret. Pour ce faire, le sommeil sera un allié et les plages de récupération se ménagent en ce moment, pendant la nuit des solitaires. Mais peut-on réellement dormir quand la victoire se joue. Difficile de savoir si Gildas Morvan ou Erwan Tabarly réussiront à s’abandonner à Morphée, ne serait-ce que quelques minutes, sans voir tourner avec obsession l’idée que l’autre veille sur le pont, prêt à saisir la moindre opportunité. Etre sans état d’âme et garder son sang froid seront alors les meilleures armes…

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« Qui de nous deux ? »

Gildas Morvan – Erwan Tabarly ou Erwan Tabarly – Gildas Morvan ? Qui du skipper de Cercle Vert ou de celui d’Athema aura donc le dessus ? Impossible de se prononcer de manière définitive tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie. Pour le moment, l’avantage est toujours à celui qui tient tête à l’ensemble de la flotte depuis plusieurs jours. Mais les derniers classements ont révélé une hémorragie du côté du matelas que le marin de Landéda s’était constitué. A 5 heures ce matin, il n’y avait plus que 11,4 milles d’écart entre le monarque et son dauphin. Gildas conservera-t-il son avance jusqu’à Marie-Galante ? L’homme a les ressources et la motivation nécessaires pour y arriver mais une erreur – aussi infime soit-elle – dans son jeu et le couronnement s’envolera. Derrière lui, Erwan Tabarly fera tout pour se hisser sur la plus haute marche même s’il sait que ce ne sera pas chose aisée.  Avec plus d’empannages à faire que son concurrent direct pour rallier l’île antillaise, il cumule les difficultés mais n’exclue rien, pas même un retour de François Gabart. Avec la fougue de la jeunesse et le talent qu’on lui connaît désormais, ce dernier pourrait créer la surprise et sera à surveiller jusqu’au bout. Mais attention à lui, car Nicolas Troussel n’est jamais loin. Le tenant du titre semble s’être fait une raison en ce qui concerne les deux premières places du classement général… mais pas pour la troisième, loin de là !  Le skipper de Financo sait qu’au-delà de l’expérience, il a la chance d’avoir déjà abordé Marie-Galante il y a deux ans, contrairement à François Gabart, et que dans de telles situations, la différence se fait parfois sur des petits riens…

Une journée de stress s’annonce donc en mer quand les terriens vivront dans l’attente. Véritables baromètres, les classements de la journée seront scrutés, analysés et chacun cherchera à les faire parler. Mais le meilleur des discours sera celui qui sortira demain de la bouche du vainqueur…

Ils ont dit :

Erwan Tabarly (Athema) – 2ème au classement de 5 heures
« Ca va bien, la nuit n’est pas mauvaise. Il n’y pas trop de grains par rapport à la nuit dernière. C’est plus stable. Hier c’était 35 nœuds de vent pendant 45 minutes, puis 12 nœuds  pendant 45 minutes ; c’était un peu pénible. Concernant ma position, je ne vois pas vraiment comment je pourrais passer devant Gildas (Morvan). J’attendais la bascule vers midi et finalement elle est là depuis minuit. Je ne m’attendais pas à ça tout de suite, ça compromet donc un peu mes plans.
Il y a 20° d’écart avec Gildas et il faut avouer qu’il est plus près du but.
Je regarde aussi beaucoup François (Gabart) qui a repris 3 ou 4 milles sur moi, quand je suis resté deux bonnes heures dans 10 nœuds de vent. Ca me ferait mal au cœur de laisser ma deuxième place.
La fin du parcours s’annonce compliquée, je suis plein vent arrière et il ne faudra pas se tromper au moment de l’arrivée. On peut vite perdre 5 milles si on gère mal la bascule. L’idée c’est de marquer François. Mais à mon avis, Cercle vert, c’est bon pour lui. Il va sûrement s’échapper.
Je pense arriver d’ici 24 heures, mais je vais quand même aller faire une petite sieste. »

Nicolas Troussel (Financo) – 4ème au classement de 5 heures
« Sur Financo, ça va, il fait chaud. L’arrivée va être un peu stressante, parce qu’il n’y a pas beaucoup d’écart entre les bateaux. Il va falloir empanner au bon moment et jouer avec les grains. Gérald (Veniard) n’est pas loin derrière et François (Gabart), pas loin devant. Le jeu est ouvert, surtout que les météos ne sont pas très précises, du coup les derniers empannages vont être très importants. Par rapport aux trois qui sont autour de moi, j’ai déjà fait le tour de l’île. Je ne serai donc pas surpris en arrivant. C’est peut-être un petit avantage, mais pas tant que ça.
Là, je vais retourner me coucher, car il faut dormir pour être lucide et gérer les nombreuses manœuvres qui arrivent. Pour Gildas (Morvan), il y a peu de chance que je le recroise avant Marie-Galante, mais la troisième place est prenable.
En bref, rester vigilant jusqu’au bout. »